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RÉSULTATS

Une conclusion de rêve à un rendez-vous raté

Célébrations de la médaille d'or - PC
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EDMONTON – En quelques heures, samedi, le Mondial junior dont tout le monde se foutait est devenu le Mondial junior dont tout le monde se souviendra.

Vous dire à quel point une telle chute paraissait improbable après les treize premiers jours d'un tournoi qui était depuis le début destiné à passer à l'histoire pour toutes les mauvaises raisons.

Très vite, il est devenu clair que le projet de déplacer le traditionnel rendez-vous du temps des Fêtes au mois d'août avait été une fausse bonne idée. Même dans ce marché habituellement conquis à l'avance par les activités de l'équipe nationale, l'invitation lancée par la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) a été reçue avec l'enthousiasme d'un homme velu qu'on oblige à aller se faire épiler le dos à la cire. 

Dans les bonnes journées, le nombre de spectateurs éparpillés dans les gradins du Rogers Place était gênant. Le reste du temps, c'était tout simplement risible.

« On savait qu'au mois d'août ce n'était pas l'idéal, mais on n'avait pas d'autres choix que de mettre ça à ce moment-là, a dit le président de l'IIHF, Luc Tardif, en entrevue avec Stéphane Leroux. L'important, c'est que ça s'est joué. On est un peu déçus, mais il y a certains facteurs. »

Il a dû pleuvoir au total pendant un bon quart d'heure à Edmonton entre l'arrivée d'Équipe Canada dans ses quartiers généraux le 7 août et son couronnement deux semaines plus tard. Mais il y a bien plus que la météo pour expliquer le désintérêt des amateurs.

Tout en haut de la liste, il y a le scandale dans lequel trempe Hockey Canada depuis les révélations faites par TSN au sujet de sa gestion d'une affaire de viol collectif remontant à 2018. Clairement, la mauvaise presse entourant l'organisation a provoqué une désillusion qui s'est traduite autant aux guichets que dans les cotes d'écoute.

« Hockey Canada a eu des moments difficiles récemment, a reconnu Joshua Roy après la conclusion du tournoi. Alors de gagner comme ça, c'est incroyable. »

Même si les circonstances jouaient contre elle, Hockey Canada a continué de gérer ses opérations quotidiennes comme si on était en 2009. Le prix des billets, figé dans les trois chiffres, n'a jamais été revu à la baisse. Les accès offerts aux médias, dans les journées de congé, ont été réduits au minimum. Mauvaise lecture de la réalité ou simple arrogance? Possiblement les deux. 

Sur la glace, le calibre de jeu n'a pas été à la hauteur de celui des éditions hivernales. L'absence de la Russie, bannie pour son implication dans la guerre en Ukraine, a affaibli le niveau de compétition dans la phase de groupes. Chez les équipes inscrites, trop de joueurs avaient décidé de faire l'impasse sur le tournoi afin d'optimiser leur préparation pour la prochaine saison. Ceux qui ont répondu à l'appel, bien évidemment, n'étaient pas en aussi bonne forme physique qu'ils le sont habituellement au mois de décembre.

Résultat : un nombre disproportionné de matchs ennuyants et dénués de suspense. Avant la journée de samedi, on comptait subjectivement sur les doigts d'une main les rencontres d'un niveau digne d'une compétition d'une telle envergure.

Gaucher pense déjà à répéter l'exploit

C'est tout ça qui a rendu surréaliste le déroulement de la journée de samedi. Pour la première fois en deux semaines, le balcon du domicile des Oilers avait été ouvert pour accueillir les supporteurs de l'Unifolié. Ils étaient plus de 13 000 venus assister au match de la médaille d'or. Pas les gros chars, en temps normal, mais c'est à peine si Équipe Canada avait attiré autant de spectateurs pour l'ensemble de ses quatre matchs de la ronde préliminaire.

« Je ne regarde pas souvent dans les estrades, mais aujourd'hui j'ai pris le temps de regarder en haut deux secondes. Première fois devant une grosse foule comme ça, c'était le fun », a avoué Elliot Desnoyers.

« Une finale comme ça, ça vaut tout. Je ne pense pas qu'il y avait un siège de libre, les fans étaient fous, a apprécié Nathan Gaucher. Juste embarquer sur la glace et ça crie, c'est ça le Mondial junior. Tout ça aura valu la peine. »

Ironiquement, cet événement majoritairement raté aura connu l'une de ses conclusions les plus mémorables. L'intervention divine de Mason McTavish qui a permis à Kent Johnson de marquer le but en or aura permis de redonner l'instant d'un soir son prestige habituel à un événement qui ne demandait jusque-là qu'à se faire oublier. Qu'en retiendra l'histoire?

Nathan Gaucher, lui, pensait déjà à écrire le prochain chapitre. L'attaquant des Remparts de Québec est l'un des onze nouveaux champions qui seront admissibles à défendre leur titre en janvier prochain dans les Maritimes.

« Honnêtement, c'est un des plus beaux étés de ma vie. Me faire appeler pour une équipe comme ça et finir ça avec une médaille d'or... Mais pour moi c'est beaucoup dans l'espoir de revenir en gagner une autre à Noël. On est un petit groupe qui va revenir et c'est un bon premier pas, mettons. »

« L'expérience va aider, c'est sûr. Je vais arriver là prêt pour gagner une autre médaille d'or », anticipait Joshua Roy.

« Ça serait énorme si on pouvait avoir autant de gars qui reviennent, rêvassait Logan Stankoven, qui sera assurément l'un des leaders du Canada à Halifax. Les gars ont déjà vécu l'expérience, ils savent ce que ça prend pour gagner. Ça va être intéressant de voir qui sera de retour. Une chose est certaine, ça va arriver vite. »