Kristen Richards admet qu'il a été difficile pour elle de refuser l'offre du Six de Toronto pour jouer dans la Ligue nationale de hockey féminin (NWHL).

L'enseignante torontoise âgée de 27 ans aurait pu obtenir une garantie de pouvoir jouer au hockey tout en gagnant quelques milliers de dollars. Richards devra plutôt se battre pour obtenir une place parmi les joueuses de Toronto au sein l'Association professionnelle de joueuses de hockey féminin (PWHPA).

Richards a expliqué la complexité du dilemme face auquel les joueuses se retrouvent dans une publication Twitter publiée jeudi.

« J'ai écrit ce message quand je me suis retrouvée devant la possibilité de jouer dans la NWHL, a dit Richards à La Presse canadienne. Je ne savais pas quel serait le meilleur choix. Je suis plus âgée que d'autres joueuses. J'ai une autre carrière à temps plein.

« J'aimerais pouvoir continuer à jouer. La NWHL me donnerait l'occasion de jouer et d'avoir un rôle important au sein d'une équipe, comparativement à mon rôle au sein de la PWHPA. La PWHPA est tellement forte que je ne suis pas certaine d'avoir une place au sein de l'équipe l'an prochain.

« J'ai finalement préféré me battre pour l'avenir. Je crois que ce que la PWHPA représente se rapproche plus de ma vision du professionnalisme. »

Richards croit néanmoins qu'il y a de la place pour les deux organisations dans l'univers du hockey féminin.

« Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que toutes les ouvertures pour le sport féminin présentement sont de bonnes ouvertures, a-t-elle dit. Pourquoi les femmes seraient-elles forcées de dire qu'elles méritent une seule ligue? »

La présidente de la PWHPA, Jayna Hefford, est du même avis, ce qui diverge avec le mot-clic « UneLigue (OneLeague) » qui circulait sur les réseaux sociaux l'an dernier.

« Je crois que nous pouvons coexister, a dit Hefford. Tout est dans le message, parce qu'il n'est pas toujours clair que toutes les meilleures joueuses font partie de la PWHPA.

« Quand vous regardez le hockey masculin, tout le monde sait que les meilleurs joueurs évoluent dans la LNH. Et le fait qu'il y ait plusieurs ligues professionnelles ne crée pas de confusion.

« Si nous sortons du hockey, il y a McDonald's et Burger King. Ils font la même chose. Sont-ils sous pression pour former une seule entreprise? »

Près de 200 joueuses ont formé la PWHPA après que la Ligue canadienne de hockey féminin eut mis fin à ses activités lors du printemps 2019. Elle regroupe notamment les étoiles américaines et canadiennes Marie-Philip Poulin, Nathalie Spooner, Hilary Knight et Kendall Coyne Schofield.

Leur objectif est la création d'une ligue qui offrira notamment une rémunération suffisante aux joueuses pour qu'elles soient des hockeyeuses professionnelles à temps plein, ainsi que des conditions de travail semblable à celles des hockeyeurs masculins.

L'association a présenté des tournois et des matchs amicaux lors d'une tournée l'hiver dernier.

De son côté, la NWHL, qui avait un calendrier régulier de 24 matchs la saison dernière, a annoncé ce printemps qu'elle ajoutait une sixième équipe, le Six de Toronto. La valeur des contrats offerts se situait entre 10 000 $ et 15 000 $.

Les membres de la PWHPA faisant partie de leur équipe nationale ont accès aux ressources de leur fédération. Les joueuses de l'équipe canadienne reçoivent un chèque mensuel de Sport Canada. Mais des membres de la PWHPA comme Richards ou la défenseuse Lauren Williams, de Windsor ne reçoivent rien.

« Recevoir 10 000 $ pour jouer au hockey, c'est beaucoup d'argent pour quelqu'un comme moi, a dit Williams, qui est âgée de 23 ans. Ça devient donc une question de confiance en ce que nous voulons accomplir.

« Nous sommes prêtes à faire un sacrifice pour une génération future, mais je veux que ce soit la prochaine génération. »

La PWHPA prévoit fonctionner en groupe de 25 joueuses dans cinq villes, dont Toronto, Calgary et Montréal.

La compétition pourrait être féroce à Toronto puisque la moitié des membres de l'équipe nationale du Canada habite la région.