Quelque temps après avoir révélé dans une vidéo qu’il avait été obligé de consommer de la cocaïne à l’âge de 16 ans par un coéquipier plus âgé, l’ancien de la Ligue junior de l'Ontario Eric Guest a publié une deuxième vidéo dans laquelle il dénonce plusieurs situations qu’il a vécues lors de son passage junior.

Guest, qui a évolué pour les Rangers de Kitchener de 2016 à 2019, lance un cri du cœur afin de voir un changement dans la culture du hockey. Un sport pour lequel il affirme avoir consacré toute sa vie, une décision qu’il changerait aujourd’hui sachant les événements qui allaient suivre.

« Je fais ces vidéos afin qu’aucun autre jeune athlète n’ait à vivre les situations que j’ai eu à vivre, explique-t-il en préambule d’une vidéo émouvante sur son compte Instagram. Il se passe beaucoup de bizutage dans le hockey. Plusieurs jeunes n’en parlent pas, mais ça arrive. Ce sont parfois des choses dérangeantes, dégoûtantes, troublantes. Certains jeunes ne vivront jamais ces expériences, mais d’autres, comme moi, vivrons des épreuves traumatisantes et il y a aura toujours deux côtés à une médaille. Il y a parfois des situations amusantes avec les recrues, faire des concours de talents ou chanter l’hymne national au cinéma. C’est amusant, ce n’est pas de mauvais goût, mais très souvent la ligne est franchie et les choses vont beaucoup trop loin. »

L’ancien attaquant fait référence entre autres aux histoires vécues et relatées par Daniel Carcillo et d’anciens joueurs de la LCH.

« J’ai lu les histoires que Daniel Carcillo a vécues et certaines de ces choses sont tout simplement dégoûtantes. Des choses comme ça, ça se passe encore. J’ai vu une recrue qui avait trop bu se faire frapper de toute force à une fête parce qu’il dérangeait un vétéran. Il y avait des analyses de nos parties génitales [par les vétérans] pour savoir si nous étions bien rasés, des danses collées de joueurs recrues nus, des joueurs étaient forcés à porter des robes et du maquillage. C’est dégoûtant, il n’y a pas d’autres façons de le dire. Ça doit cesser. »

Eric Guest reconnaît toutefois qu’il a été pris dans l’engrenage et admet qu’il n’a pas dénoncé ces situations lorsqu’il évoluait à Kitchener.

« Je ne suis aucunement parfait. Je ne suis pas intervenu pour faire cesser ces choses. Dans ces équipes, c’est un concours de popularité et aller à contresens pourrait entraîner que nos coéquipiers ne nous aiment plus et nous pourrions être renvoyés à la maison ou échangés. Tu suis le courant, tu ne vas pas en sens contraire. »

« Je me souviens quand j’avais 16 ans, ce n’est pas quelque chose de majeur, mais je n’avais même pas le droit d’aller aux toilettes lors des voyages d’autobus de l’équipe. Les vétérans bloquaient l’accès. »

À l’instar des voix qui se sont récemment levées, Guest souhaite un changement dans la culture du hockey.

« Je suis certain que plusieurs joueurs ont vécu des histoires dégoûtantes comme celles-ci. Il faut que ça change. Cette culture est passée de génération en génération. Il faut que ça cesse, ce n’est plus "cool". Ce qui est "cool ", c’est être un leader pour les jeunes, pas les intimider et abuser de son pouvoir ».

Guest reproche également la culture, parfois sexuelle, qui existe dans un vestiaire, notamment l’attitude des vétérans envers certains joueurs.

« Certains joueurs disaient : "Ne me parle pas tant que tu n’auras pas 50 conquêtes. Ne me parle pas tant que tu n’auras pas 100 conquêtes. Ne me parle pas tant que tu n’as pas un contrat de la LNH. Ne me parle pas tant que tu n’es pas repêché" et ce genre de choses. Nous sommes coéquipiers, pourquoi je ne pourrais pas seulement te parler. Il y a tellement de règles non-écrites comme cela qui doivent changer. »

Cette culture toxique ne s’arrête pas seulement aux joueurs selon ce qu’explique Guest. Des entraîneurs ont également une attitude déplorable envers leurs joueurs.

« À un certain moment, j’étais sous médication et ça me faisait prendre du poids. Un entraîneur m’a alors traité de gros. Une autre fois, j’étais dans le vestiaire à faire mes propres choses et l’entraîneur a ensuite dit : "Tes médicaments sont en train de faire effet?" devant toute l’équipe simplement pour être méchant. Les hommes responsables de ces équipes ont besoin d’être suivis et d’être impliqués dans le développement de ces jeunes. Il y en a trop qui sont en charge de jeunes et qui ne devraient pas l’être. »

Guest se rappelle notamment une occasion où un entraîneur lui a avoué fièrement utiliser des termes inacceptables dans la LNH pour insulter ses adversaires noirs.

« À mon troisième match dans l'OHL j’ai eu une suspension pour abus verbal. Dès la pratique suivante, un entraîneur m’a dit : "Quand j’étais dans la LNH j’allais voir les joueurs noirs et leur dire que leur odeur de "mot en n" me faisait beaucoup plus mal que leurs poings". C’est dégoûtant, j’étais là et je me demandais ce que je pouvais faire. C’est mon entraîneur qui me dit ça. C’est le genre de personne qui est responsable dans le hockey. Ce sera un long chemin avant que les choses changent, mais il est temps de commencer ce changement. Si j’avais su ce que je vivrais dans ma carrière de hockeyeur, j’aurais choisi un autre sport. C’est triste, puisque j’ai donné toute ma vie au hockey. »

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Une publication partagée par Eric Guest ⚡️ (@ericguest88) le 2 Juil. 2020 à 9 :37 PDT