En 1979, le Canadien choque ses partisans lorsqu’il repêche un Suédois en deuxième ronde. Mats Naslund fera toutefois ses preuves dans la LNH en récoltant 634 points en 651 matchs, presque tous joués avec le Tricolore. Avec son compatriote Kjell Dahlin, il gagnera la coupe Stanley sous les ordres de Jean Perron en 1986.

Malheureusement, la majorité des Suédois n’ont pas connu autant de succès avec le Canadien. Thomas Rundqvist n’a joué que deux matchs dans la LNH en 1984. Patrik Carnbäck en arraché six à Serge Savard lors de la campagne de 1992-93. Patric Kjellberg n’en a eu que sept cette même année. On n’a ensuite plus vu de compatriote de Naslund et Dahlin dans la formation régulière du Canadien avant l’arrivée du géant Peter Popovic.

« Il y avait peu d’Européens avec le Canadien, mais ça ne m’a jamais causé des problèmes. Je n’ai jamais senti de pression supplémentaire à cause de cela. On ne me traitait pas différemment des autres. J’avais une très bonne relation avec Jacques Demers. J’en ai gardé le souvenir qu’il était un homme honnête. En fait, j’ai beaucoup aimé mon temps à Montréal. »

Popovic est arrivé à Montréal en 1993, l’année après le dernier sacre du club. À l’époque, les partisans du Canadien rêvaient d’une nouvelle dynastie. Le Suédois avoue que ce fut un facteur de stress pour les joueurs.

« Ça nous a causé quelques problèmes. Les gens voulaient absolument qu’on gagne à nouveau la coupe. Je crois que nous avions une très bonne équipe, mais la direction n’était pas satisfaite des résultats. Ils ont donc apporté beaucoup de changements au sein de la formation. »

Certains de ces changements rappelleront des histoires d’horreur aux partisans de la Sainte-Flanelle. En 1995, John LeClair a mis le cap sur Philadelphie en échange de Mark Recchi. Éric Desjardins et Gilbert Dionne l’ont accompagné dans cette transaction. La saison suivante, c’est Patrick Roy qui a pris la route de Denver. Le défenseur format géant se souvient que l’équipe a nagé dans des eaux troubles durant cette période.

« L’échange de Roy a été un moment très difficile. Nous n’avions aucune idée de ce qui se passait. On ne nous disait rien. Lorsqu’il a été échangé, nous n’avions même pas eu la chance de lui dire au revoir. Ça n’a pas été facile, mais les choses se sont finalement replacées. Nous avons mieux joué par la suite. »

Le Suédois a passé cinq saisons à Montréal. Confortable dans la zone défensive, le géant de 6 pieds et 6 pouces a cumulé 55 points en 303 joutes avec le CH. En 1996, il a toutefois remporté le trophée Jacques Beauchamp. À l’été 1998, il a quitté Montréal pour les Rangers de New York. Popovic a certes apprécié son séjour, mais il avoue qu’il a quitté la ville en paix.

« Je suis parti assez serein. J’ai été seulement cinq saisons au sein de ce club. Je n’ai donc pas souffert lors de mon départ. Si j’étais resté plus longtemps, ça aurait surement été plus difficile. »

Après de courts séjours avec les Penguins et les Bruins, Popovic a quitté la LNH pour jouer dans son pays d’origine. Il a défendu les couleurs du club de Södertälje, dans la Ligue d’élite de Suède de 2001 à 2005. Il a pris sa retraite à titre de capitaine du HC Västeras, dans la ligue de relégation suédoise. C’est au sein de cette organisation qu’il a commencé sa carrière d’entraineur.

« C’est arrivé comme ça. On m’a proposé de travailler avec le club junior, sans réellement me parler de devenir entraineur. J’ai aimé cela et j’ai monté les échelons jusqu’à la première équipe. Södertälje m’a offert le même poste dans la ligue d’élite. J’ai fini par me retrouver au sein de l’équipe nationale à titre d’assistant. J’y travaille maintenant depuis quatre ans. »

Peter PopovicUn entraîneur apprécié

Popovic a une bonne réputation à titre d’entraineur. Les joueurs de l’équipe nationale suédoise ont une haute estime de son travail. Simon Hjalmarsson fait partie de ceux-ci. Le joueur de centre du Club de l’Armée rouge dans la KHL le décrit comme un entraineur dévoué.

« Il est un homme passionné. Il ne parle pas souvent, mais avant les matchs, il nous prouve qu’il a des talents de motivateurs. Il est à l’image du joueur qu’il a été. Il était dur sur la glace et il l’est tout autant à titre d’entraineur. Il nous pousse à bout pour soutirer le meilleur de nous. »

À Prague, l’équipe suédoise a bien fait en ronde préliminaire. La troupe de Popovic a récolté quatre victoires en temps réguliers et deux gains en prolongation. Seule Équipe Canada est venu à bout des Suédois. Le premier pays scandinave a tout de même eu chaud contre les Tchèques. Ils ont même eu des sueurs froides contre l’Allemagne. Lors de ce match, la Suède a difficilement arraché trois points au classement par la marque de 4 à 3.

« Cette année, nous avons beaucoup de jeunes joueurs et ils évoluent habituellement en Amérique du Nord, où la surface est plus petite. Le fait de se retrouver sur une glace olympique et de jouer autant de matchs en si peu de jours, ça peut être déstabilisant pour eux. Lorsque nous avons joué contre l’Allemagne, nous n’avions plus d’énergie. Nous en étions à notre quatrième joute en cinq jours. Voilà pourquoi ce fut aussi difficile. »

La Suède ne récoltera pas de médailles cette année, puisqu’elle a été vaincue par la Russie au premier tour par la marque de 5 à 3. L’ancien défenseur du Canadien n’a toutefois aucune raison d’avoir honte de ses jeunes loups. Son équipe a travaillé fort et les joueurs de l’édition suédoise des Championnats mondiaux de 2015 n’en seront que mieux préparés pour les prochains Jeux olympiques.