Procès ÉCJ : la défense accuse la plaignante d'avoir fabriqué l'histoire pour sauver son couple
AVERTISSEMENT : LE TEXTE QUI SUIT CONTIENT DES ALLÉGATIONS D'AGRESSION SEXUELLE.
L'avocate de l'un des cinq anciens joueurs d'Équipe Canada junior accusés d'agression sexuelle a laissé entendre que la femme qui a porté plainte contre eux l'a fait parce qu'elle pensait que son petit ami la quitterait si elle lui disait qu'elle avait eu des « relations sexuelles en groupe avec des joueurs de hockey ».
Megan Savard, l'une des avocates représentant Carter Hart, a suggéré mercredi lors du contre-interrogatoire que le petit ami de la plaignante sympathisait avec elle et ne considérait pas qu'elle l'avait trompé parce qu'elle lui avait dit que ce n'était pas consensuel.
Elle a affirmé que la femme avait omis de préciser qu'elle « participait activement » aux activités sexuelles et qu'elle « pensait que c'était consensuel à l'époque » lorsqu'elle a raconté ce qui s'était passé à son petit ami, qui est aujourd'hui son fiancé.
La femme a déclaré avoir été honnête avec son petit ami sur ce qui s'est passé durant cette nuit de juin 2018 et a assumé la responsabilité de sa première rencontre sexuelle avec Michael McLeod, qui ne fait pas partie du procès.
Elle a nié avoir pensé que le reste de la nuit était consensuel, ajoutant qu'elle ne se considérait pas comme une participante active parce qu'elle se sentait « engourdie » et détachée de son corps.
McLeod, Hart, Alex Formenton, Dillon Dube et Callan Foote ont tous plaidé non coupables d'agression sexuelle en lien avec les événements de juin 2018. McLeod a également plaidé non coupable à une accusation supplémentaire d'avoir participé à l'infraction d'agression sexuelle.
La plaignante a déjà déclaré qu'elle était nue et effrayée lorsque des hommes ont commencé à entrer dans une chambre d'hôtel après qu'elle a eu une relation sexuelle avec McLeod, et qu'elle n'avait pas eu d'autre choix que d'accepter ce qu'ils voulaient qu'elle fasse.
Mardi, l'un des avocats de McLeod a laissé entendre que la plaignante avait demandé que d'autres joueurs entrent dans la chambre d'hôtel et qu'elle avait ensuite invité ces hommes à avoir des relations sexuelles avec elle.
La femme, dont l'identité est protégée par une ordonnance de non publication, a affirmé qu'elle ne se souvenait pas d'avoir prononcé ces propos et qu'ils ne ressemblaient pas à ce qu'elle aurait pu dire.
Dix hommes dans la chambre d'hôtel
Me Savard a aussi demandé à E.M. de parler d'une rencontre avec McLeod le 26 mars 2025, un mois avant le début du procès, et durant lequel elle a dit « avoir pris le rôle d'une pornstar ».
La Couronne a indiqué au jury que pas moins de 10 hommes seraient passés dans la chambre au cours de la soirée. E.M. a déclaré précédemment qu'elle a entendu un homme dans la chambre d'hôtel de McLeod dire : « Cette fille est folle » et qu'elle a entendu un homme encourager les autres à avoir du sexe avec elle.
« Je me sentais comme dans une scène où on me forçait, a expliqué E.M. Ils essayaient de recréer une scène de porno. Comme si c'était le rôle qu'ils voulaient me forcer à prendre. Ils ne me laissaient pas partir. »
« J'étais un objet pour eux. Ils voulaient que je performe pour eux. C'est le rôle que j'ai joué pour essayer de passer à travers ce moment. »
La mémoire de la plaignante remise en doute
Dans ses questions, Me Savard a référé aux défendants en tant que « garçons », qui étaient âgés d'entre 18 et 20 ans au moment des évènements, tout en soulevant des incohérences dans une déclaration qu'E.M. a soumise à Hockey Canada le 20 juillet 2020. Notamment, elle avait dit que McLeod l'a vu tomber au bar Jack's, ce qui contredit une partie de son témoignage. E.M. s'est justifiée en disant que son avocat avait préparé la déclaration pour elle et qu'elle n'avait pas passé au peigne fin tous les détails car elle croyait qu'elle était seulement destinée à Hockey Canada sans implications criminelles pour l'instant.
À un certain moment, E.M. s'est excusée à Me Savard quand cette dernière lui a lui a demandé si son témoignage était basé sur des souvenirs ou seulement sur des présomptions.
« J'ai oublié que le choix de mes mots ici est vraiment important, a expliqué E.M. Je m'exprime simplement de ma manière habituelle. Ceci n'est pas quelque chose qu'une personne normale a l'habitude d'avoir à décrire. Je m'excuse si le choix de mes mots rend parfois les choses confuses. »
La femme a reconnu qu'elle ne pouvait pas identifier de manière concluante pour la police les hommes avec lesquels elle a eu des contacts sexuels, à l'exception de McLeod et du coéquipier avec qui il partageait sa chambre d'hôtel, dont le tribunal a appris qu'il s'agissait de Formenton.
Elle n'a pas identifié Hart comme l'un des hommes à qui elle a fait une fellation lorsqu'elle a regardé une photo avec la police en 2018, identifiant plutôt un autre joueur qui n'a pas été accusé en fin de compte, a appris le tribunal. La plaignante a dit qu'elle faisait de son mieux à l'époque et qu'elle se fiait à son souvenir de la couleur des cheveux de l'homme.
Me Savard a également interrogé la femme au sujet de la déclaration qu'elle a faite en juillet 2022 aux enquêteurs retenus par Hockey Canada.
Plus tôt cette semaine, la femme a reconnu que la déclaration contenait plusieurs erreurs, notamment qu'elle était tombée devant McLeod au bar où ils s'étaient rencontrés et qu'elle n'avait acheté aucune de ses boissons au bar après avoir rencontré McLeod et ses amis.
La déclaration a été rédigée par ses avocats et elle n'a pas eu l'occasion de relire ses précédentes déclarations à la police avant de la signer.
Elle a indiqué qu'elle n'a pas saisi l'importance de la déclaration pour Hockey Canada parce qu'elle croyait qu'elle ne serait transmise qu'à l'organisation et que l'enquête policière était déjà terminée.
Me Savard a laissé entendre que la police avait dit à la plaignante qu'elle rouvrait son enquête sur l'affaire le matin du 20 juillet 2022, soit le jour où elle a examiné et signé la déclaration à Hockey Canada. Une semaine plus tard, elle a signalé la déclaration à la police et a suggéré qu'elle pourrait répondre à certaines de leurs questions, selon l'avocate.
La plaignante a déclaré qu'elle ne se souvenait pas des dates auxquelles les choses s'étaient produites, ni de ce qui avait été dit lors de ses conversations avec la police, mais qu'elle s'en remettait aux notes du détective à ce sujet.