Les Kings de Los Angeles méritent tout le crédit qui leur revient pour ce qu'ils ont accompli depuis le début des séries. Ils ont joué avec aplomb lors des deux premières séries et leur gardien Jonathan Quick a été excellent contrairement au portier des Blues, Brian Elliott, qui n'a pas fait le travail.

L'histoire des séries est remplie d'équipes, comme les Kings, qui arrivent en séries et causent la surprise en éliminant des équipes de haut de classement.

Les acquisitions des Kings comme Jeff Carter et Mike Richards ont bien répondu à l'appel avec leur nouvelle équipe, mais Dustin Brown s'est avéré jusqu'ici un leader de premier niveau. Son entraîneur Darryl Sutter a déjà déclaré qu'il n'aimait pas la façon de Brown d'exercer son leadership. Le meilleur conseil que l'on pourrait donner à Sutter est de continuer à entraîner son club et de laisser Brown jouer son rôle. Depuis le début des séries, ça fonctionne très bien et Brown a eu un impact sur son équipe.

Je ne sais pas jusqu'à quel point ces deux victoires constituent une surprise parce que les Kings ont une bonne équipe. Il suffisait que tous les joueurs de talent arrivent à mettre ce talent en commun en même temps pour le bien du club. Dans le langage du hockey, on dit peaker au moment opportun. Ça se produit généralement quand les ingrédients comme l'avantage numérique, le gardien qui brille et la discipline, sont réunis.

Je pense que la série des Kings contre les Blues aurait pu aller en cinq ou six parties, mais en faveur de St.Louis. Ces victoires en peu de parties permettent aux Kings d'éviter les blessures et de soigner celles qui existent. Ça permet aussi au club de pouvoir se reposer un peu plus.

À St.Louis, il y a bien sûr une déception, mais n'oublions pas que lors du congédiement de Davis Payne, qui a été remplacé par Ken Hitchcock, l'objectif des Blues était d'atteindre les séries. Contre toute attente, les Blues ont terminé parmi les trois premiers clubs de la LNH avec 109 points et soudainement, l'objectif n'était pas plus simplement de participer aux séries, mais de gagner la coupe Stanley. Je ne pense pas cette élimination fasse régresser l'équipe, mais la preuve est faite que sans deux gardiens solides, on finit par être éliminé. Elliott a démontré qu'il ne pouvait pas être constant et comme Jaroslav Halak était blessé, les Blues n'ont pu se faire justice.

Zach Parise fait monter sa valeur

Nous avons tous sous-estimé les Devils du New Jersey avant le début de cette série contre les Flyers de Philadelphie, particulièrement en attaque. On constate que les faiblesses des Devils sont plutôt en défensive et que le gardien Martin Brodeur ne rajeunit pas. Le système de Peter DeBoer est bien appliqué et l'avantage numérique produit. Je pense que Zach Parise est le Dustin Brown des Devils. Parise est bien entouré avec Travis Zajac et Dainus Zubrus, qui s'avèrent être de bons vétérans. Parise démontre aussi ses qualités de leader et il vient d'augmenter sa valeur marchande sur le marché des joueurs autonomes ou encore de couler son avenir dans le béton s'il reste au New Jersey.

De leur côté, les Flyers ont une bonne équipe, mais ils n'ont pas ce gardien qui va les sauver quand c'est nécessaire. Les ennuis d'Ilya Bryzgalov font en sorte que ses coéquipiers ont moins confiance, ce qui les rend nerveux et inquiets pendant les matchs. Qui sait, les Flyers se voyaient peut-être déjà en finale en oubliant qu'ils devaient passer au travers des Devils. Ils sont en train de couler une étape, qui n'est toutefois pas terminée, car les Flyers ont la capacité de revenir dans cette série.

Brodeur, même si ses meilleures années sont dernière lui, a toujours un impact sur son club et il est encore une énigme pour ses adversaires ce qui n'est pas le cas de Bryzgalov. Je trouve que les Flyers semblent être une organisation patiente puisqu'il reste encore neuf ans à faire au contrat du gardien! À Philadelphie, c'est un perpétuel problème. Probablement que les Flyers auraient déjà gagné la coupe s'ils avaient misé sur un portier fiable. Je n'arrive pas à comprendre comment une équipe peut échanger des vedettes comme Jeff Carter et Mike Richards sans arriver à combler le besoin le plus criant du club, devant les buts. Il y a des questions à se poser.

Les joueurs des Flyers sont inquiets et ça doit influer leur plan de match. Ça oblige les joueurs à se replier plus loin et à courir moins de risque en attaque parce qu'ils craignent de donner un surnombre. Avec les performances de leur gardien, ils n'ont pas d'autres choix. Une équipe ne peut pas aspirer à gagner une coupe Stanley si son gardien n'est pas parmi tes trois meilleurs joueurs de son club en séries. Tu as beau avoir la meilleure équipe au monde, si ton gardien ne fait pas la différence, ça fait mal.

Claude Giroux a été suspendu pour une partie pour son coup à la tête de Zubrus lors du quatrième match. Giroux a été le joueur par excellence lors de la série face aux Penguins de Pittsburgh, mais il démontre que malgré tout son talent, il a encore des choses à accomplir pour hériter du titre de joueur par excellence de la LNH. Giroux est en train de comprendre que d'avoir le titre de joueur par excellence est une chose, mais que de garder ce titre est une autre chose. Il lui faudrait prouver qu'il peut faire la différence dans une série plutôt que de placer son équipe dans l'eau chaude comme c'est le cas actuellement. De grands leaders comme Mario Lemieux, Raymond Bourque ou Wayne Gretzky ont avant lui démontré leur patience sur la patinoire malgré leurs frustrations. Ces joueurs sont tous passés par là et leur immense talent les a sauvés.

Pendant ce temps chez le CH

Le nouveau directeur général du Canadien Marc Bergevin doit bien s'entourer pour faire son travail et il semble qu'il soit intéressé à s'associer à Rick Dudley, qui travaille actuellement dans l'organisation des Maple Leafs de Toronto. Je connais Dudley pour avoir brièvement joué au hockey avec lui à Rochester dans la LAH. Comme joueur, il était robuste et il adore être près de la patinoire. Il a bon jugement et à partir du moment où il a des affinités avec Bergevin, il pourrait être utile. J'ai toujours cru qu'un bon travail d'équipe faisant un bon directeur gérant. C'est vrai à Montréal, comme c'est vrai ailleurs.

Dudley est un homme d'expérience qui a de bonnes idées et qui a tellement de vécu, qu'il amènerait beaucoup de positivisme avec lui.

Je comprends toutefois la position des Maple Leafs d'exiger que Dudley ne quitte pas le bateau avant la tenue du repêchage. Une fois le marché des joueurs autonomes ouvert, Brian Burke pourrait lui dire qu'il a rempli son mandat et qu'il est libre de se joindre au Canadien. Même s'il demeure à Toronto quelques semaines de plus, j'ai comme l'impression qu'inconsciemment, sa tête sera déjà à Montréal.

Outre de s'adjoindre des gens au septième étage, Bergevin doit aussi se trouver un entraîneur pour diriger cette équipe. Dans les derniers, jours, on a avancé le nom de Joel Quenneville, qui est toujours à la barre des Blackhawks de Chicago. Je respecte cet entraîneur, mais je crois sincèrement qu'il y a des gars aussi compétents que lui, qui parlent français. Certains essaient de nous faire croire qu'il est bilingue. Moi, je pense plutôt qu'il baragouine un peu la langue de Molière. À mes yeux, il faut un gars qui parle très bien le français comme premier entraîneur sous l'ère Bergevin.

Bergevin peut nous surprendre avec un entraîneur que personne ne voit venir, mais je crois que la liste des candidats potentiels est semblable à celle dont on parle depuis la fin de la saison, c'est-à-dire Michel Therrien, Bob Hartley, Patrick Roy ou Guy Carbonneau. Je pense que ça va se jouer entre Therrien et Harley.

*propos recueillis par Robert Latendresse