Liste des meilleurs espoirs en prévision du repêchage :

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MONTRÉAL – Le talent sortait déjà par les oreilles de Guillaume Richard au printemps 2019. Gilles Tremblay, qui se préparait à l’époque pour son premier repêchage en tant que recruteur en chef des Tigres de Victoriaville, se rappelle que le nom du jeune défenseur figurait tout en haut de la liste de l’équipe.

Dans le quartier général de l’équipe des Bois-Francs, on lui reconnaissait « des qualités individuelles exceptionnelles ». Sa mobilité, l’efficacité de sa relance, la justesse de ses décisions et ses instincts près de la zone offensive faisaient rêver. Peut-être pas au point de le comparer à Samuel Girard, comme se plaisent encore aujourd’hui à le faire ses entraîneurs dans le Midget AAA, mais pas loin.

« Girard peut virer sur un dix cennes. Guillaume, ça prenait peut-être un 30 sous », compare gentiment Gilles Tremblay en puisant dans ses souvenirs.

Le recruteur note toutefois que son ancien prospect, comme c’est généralement le cas avec les joueurs de cet âge, avait les défauts de ses qualités.

« Il était moins engagé défensivement. À l’époque, il n’était pas le premier sur la rondelle, mettons. Il aimait mieux arriver deuxième, essayer de batailler et ressortir avec qu’arriver premier et prendre la mise en échec. Ça s’est sans doute amélioré, mais à l’époque c’était une lacune. »

On se transporte deux ans plus tard. Richard est récemment revenu du Championnat du monde des moins de 18 ans. On regarde sa fiche personnelle et on se pose des questions. Aucun point, même pas une petite passe, en six matchs. Un différentiel de +14. On l’appelle pour prendre de ses nouvelles et il nous confirme qu’il a surtout été employé dans un rôle défensif dans la conquête de la médaille d’or du Canada. Du temps de jeu en désavantage numérique, mais rien sur le jeu de puissance. La confiance des entraîneurs en fin de match pour protéger une avance. Un gros rôle dans la finale contre les Russes.

Et tes lacunes, Guillaume?

« Avant d’aller jouer Midget AAA, j’étais vraiment un défenseur offensif. Ma défensive? J’avais jamais vraiment appris à bien jouer défensivement, confirme-t-il. J’avais une bonne base parce que j’avais un bon sens du jeu, mais c’était tout. »

Chez le Blizzard du Séminaire St-François, Richard a été pris en charge par Alexandre Guérard, qui était alors responsable des défenseurs de l’équipe. S’est amorcée une transformation qui en a fait le quart-arrière plus complet qu’il considère être aujourd’hui.

« Quand l’autre équipe avait la rondelle à notre ligne bleue et qu’elle lançait au but, des fois j’avais de la misère à repérer le joueur que je devais prendre. Être plus alerte défensivement, regarder, communiquer avec mon partenaire, savoir qui prend qui pour empêcher l’adversaire de revenir au but... Ça, j’ai beaucoup amélioré ça. »

« Dans les 1-contre-1, ne pas jouer la rondelle, juste jouer l’homme et le diriger avec mon bâton et mes patins vers les bandes plutôt que vers le centre de la glace... C’est deux choses que j’ai apprises et je pense que ça m’a fait gagner des points, ça c’est sûr. »

Richard a en tout cas assez progressé pour figurer avantageusement sur la liste des recruteurs des équipes de la Ligue nationale. Dans quelques semaines, lors du repêchage annuel du circuit Bettman il devrait recevoir un appel quelque part en troisième ronde, peut-être même vers la fin de la deuxième. La Centrale de recrutement de la LNH le voit comme le 32e meilleur espoir en Amérique du Nord. Le magazine spécialisé McKeen’s le répertorie au 117e rang de son classement tandis que Bob McKenzie, l’analyste du réseau TSN, le met 75e sur sa liste.

« Quelqu’un de spécial »

En plus de ses attributs offensifs naturels et de son jeu défensif amélioré, Guillaume Richard coche plusieurs cases dans la colonne des impondérables. Depuis qu’il est tout jeune, le natif de Cap-Santé dans la région de Portneuf détonne par son leadership et sa maturité.

« Je ne te dis pas qu’il était un leader très vocal, mais au niveau de l’éthique de travail, c’était vraiment un exemple, témoigne Frédéric Parent, l’entraîneur-chef qui l’a accueilli au Séminaire St-François. Un gars sérieux qui voulait devenir un joueur de hockey. C’était déjà un pro. On n’en voit pas beaucoup comme ça. C’était un jeune de 15 ans, mais il avait l’air d’en avoir 22, 23. »

Richard impute ce trait de caractère aux décisions familiales qui ont été prises dans les balbutiements de son développement.

Vers l’âge de 10 ans, ses parents l’ont inscrit au Collège Marie-de-l’Incarnation de Trois-Rivières afin qu’il puisse s’enrôler dans le programme sport-études dirigé par Denis Francoeur. À chaque matin, à 7h, un chauffeur passait chez les Richard et, 55 minutes plus tard, déposait leur fils à l’école. Ce manège s’est perpétué pendant cinq ans.

« Ça m’a aidé à développer une discipline. Je faisais mon hockey durant le jour, j’arrivais le soir et j’avais le temps de me concentrer sur mes études. Mais c’est sûr que je pense qu’à la base, dans mes gênes, je suis quand même une personne mature. »

Quand il est arrivé au Séminaire St-François, Richard savait déjà qu’il souhaitait poursuivre sa route aux États-Unis. Le sérieux avec lequel il abordait la pratique de son sport avait vite attiré l’attention de Frédéric Parent, qui l’avait nommé assistant au capitaine.

« Ça n’arrive pas souvent, des joueurs de 15 ans qui ont une lettre sur leur chandail, atteste l’entraîneur. Ça ne m’était pas passé par la tête que ça pouvait lui ajouter une pression supplémentaire. Ce que je voulais, c’était passer le message aux autres joueurs que c’est avec une attitude comme la sienne que tu réussis. On voyait que c’était quelqu’un de spécial. »Guillaume Richard

Les Tigres de Victoriaville ont finalement repêché Richard au septième rang, mais après s’être laissé courtiser, le jeune défenseur n’a pas dérogé de son idée initiale. Il s’est inscrit dans une école préparatoire aux États-Unis et s’est joint la saison suivante au Storm de Tri-City en USHL. Là aussi, il n’a pas fait son âge, s’immisçant dans un top-4 complété par deux coéquipiers de 20 ans et un autre de 19 ans.

« Quand je suis allé là-bas, j’avais une idée en tête, c’était d’être sur la première paire. C’est ce qui est arrivé. Mes 15 premiers matchs, disons, j’ai vraiment bien joué. Ensuite, j’ai eu un petit creux de vague, mais mon rôle n’a pas diminué, j’ai continué de jouer des grosses minutes. Oui, il y avait des défenseurs plus vieux, mais je crois que ça m’a juste aidé à me pousser encore plus pour prouver que j’étais le meilleur dans cette équipe-là. »

Richard avait accepté une bourse d’études pour joindre l’équipe de l’Université du Maine la saison prochaine. Le décès subit de l’entraîneur-chef Red Gendron et le départ de son adjoint, le Québécois Ben Guité, l’a incité à revoir son itinéraire. Il ira finalement à Providence, où il étudiera en finances et continuera de se développer à son rythme.

« En ce moment, je suis à 6 pieds 1 pouce et 175 livres. Je ne suis pas encore très gros. J’ai encore de la chair à mettre autour de l’os, mettons! Avec dix livres de plus, je serais plus puissant et je dépenserais moins d’énergie dans mes 1-contre-1, ce qui me laisserait plus d’énergie pour joindre la transition offensive et supporter l’attaque. C’est en partie pour ça que j’ai décidé d’aller du côté de la NCAA. Moins de matchs, plus de temps pour me développer. »