Liste des meilleurs espoirs en prévision du repêchage :

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MONTRÉAL – La question était prévisible. Zachary Bolduc était prêt à y répondre.

À la première mention du mot « blessure », l’attaquant de l’Océanic de Rimouski étire la main vers son téléphone et commence à glisser un doigt sur son écran.

« Si tu me permets, je vais aller checker pour te donner les vraies dates », s’excuse-t-il.

Et ça commence. Le 2 septembre, arrêt préventif pour une douleur à la hanche. Le 26 octobre, opération pour une appendicite. Le 22 novembre, au tour d’une épaule d’être touchée. Puis le 23 mars, le genou est atteint. La liste s’arrête là. Cette dernière malchance, accompagnée d’une période de convalescence de six à huit semaines, a mis fin définitivement à sa saison.

« Je ne cacherai pas que ça a été difficile au début, conclut Bolduc à la fin de son énumération. Pour moi, c’était la première fois que je subissais "une" blessure. Là, j’en ai eu quatre, cinq. Ça a été une épreuve quand même difficile. »

La guigne a frappé à un bien mauvais moment pour l’un des plus beaux espoirs québécois en vue du repêchage de la Ligue nationale. Auteur d’une solide saison de 30 buts et 52 points en 55 matchs à son premier tour de piste dans la LHJMQ, il avait déjà établi de bonnes bases afin de bien se positionner sur la liste des recruteurs. Il a plutôt été limité à 27 des 39 matchs de son équipe. Il n’a trouvé le fond du filet que dix fois, mais a compilé un total de 29 points.

Lorsque la Centrale de recrutement de la LNH a publié son classement des meilleurs joueurs nord-américains admissibles au repêchage, le nom de Bolduc est apparu au 17e rang, quatre échelons derrière Xavier Bourgault des Cataractes de Shawinigan. Quelques publications crédibles le voient être sélectionné vers le milieu de la première ronde.

« Ça a été une année vraiment bizarre, récapitule le jeune homme originaire de Trois-Rivières. C’était dur de prendre un rythme à travers cette saison. On jouait beaucoup de matchs en peu de temps, on arrêtait longtemps. Ce scénario-là, il se répétait souvent. »

« Je ne me rappelle pas exactement quelle date, mais dans la deuxième bulle à Rimouski, c’est là que je jouais mon meilleur hockey, continue Bolduc, qui a amassé 18 points dans ses derniers. Je me sentais bien. Mes coéquipiers m’aidaient à bien paraître. Je commençais à prendre mon rythme quand ma dernière blessure est arrivée. »

Des recruteurs sondés par le collègue Éric Leblanc sont prêts à donner à Bolduc le bénéfice du doute.  

« Ça a été une année difficile pour tous les prospects je pense, pardonne l’un d’eux. Pour ceux de la LHJMQ, ça a été une situation particulière parce que tu jouais, t’arrêtais, tu jouais, t’arrêtais. C’est dur pour un gars de talent de se mettre dans un rythme, de se sentir bien et de produire. Il a eu des séquences où tout a tombé en place et il a été excellent. »

« Il y a bien des recrues qui ont bien performé cette année parce qu’ils n’étaient pas habitués à la logistique de la LHJMQ, suggère un autre de nos espions. Les plus vieux ont eu plus de misère. Tu joues 6 matchs en 9 jours, ensuite t’es un mois sans jouer. Ça a été dur pour ces gars-là. En plus, lui, il a été blessé et ça été plus tough de partir. Je ne sais pas si ça va lui faire mal au draft, mais nous autres on l’aime bien. »

Sans Alexis

Il n’y a pas que les blessures qui ont compliqué la vie de Zachary Bolduc dans la plus importante saison de sa jeune carrière.

Lorsqu’il a accepté de renoncer à son plan d’aller jouer pour une université américaine, le jeune franc-tireur avait plusieurs bonnes raisons de vouloir s’installer à Rimouski. La principale était la chance de pouvoir donner la réplique à Alexis Lafrenière, le meilleur joueur junior québécois de sa génération.

« J’ai vraiment appris de lui sur la glace, dit-il en rétrospective. Juste le regarder pratiquer et jouer, tu pourrais écrire un livre de 300 pages. Je me considère chanceux d’avoir eu la chance de le côtoyer. Ce qui m’a vraiment impressionné, c’est sa façon de mettre sa concentration sur les bonnes choses, son focus. Quand il arrivait dans la chambre, il ne parlait plus des médias, de son classement ou des équipes de la LNH. Il était là pour aider l’équipe et s’améliorer. C’est vraiment quelque chose qui m’a impressionné et que j’ai utilisé à mon tour, à plus petite échelle. »

Sans surprise, Lafrenière n’était plus dans les parages quand Bolduc est retourné dans le Bas-du-Fleuve pour sa deuxième saison. Mais les pertes de l’Océanic ne s’arrêtaient pas là. En fait, quatre des cinq joueurs qui l’avaient devancé parmi les meilleurs pointeurs de l’équipe la saison précédente étaient partis. L’autre, le défenseur Isaac Belliveau, a été échangé quelques mois plus tard.

À l’heure des bilans, on retrouvait trois joueurs de 17 ans et une recrue de 16 ans parmi les six meilleurs marqueurs de l’Océanic cette saison.

« Honnêtement, je m’étais préparé à ça. Je savais qu’on aurait une équipe plus jeune, moins mature et je savais que j’aurais plus de responsabilités. Je pense que j’ai quand même bien accompli ce que je voulais accomplir cette année malgré ça. Just grandir en tant que personne et être un bon leader, c’est vraiment quelque chose qui était important pour moi et le fait d’être à Rimouski dans une année plus difficile m’a vraiment aidé. »

Il s’en trouve pour se demander si la contribution de Lafrenière à ses statistiques de recrue est venue brouiller les cartes dans l’évaluation de Bolduc. D’autres se questionnent sur son manque de constance et l’imprévisibilité de son d’intensité. « Il a le talent, mais est-ce qu’il joue toujours avec un sentiment collectif? Est-ce qu’il joue la game moins spectaculaire, mais efficace? », se demande une de nos sources.

D’autres se montrent plus convaincu. « C’est un gars, tu le regardes et tu vois un joueur de hockey. Est-ce qu’il va être un top-6, est-ce qu’il va jouer sur une troisième ligne? Je ne sais pas. Mais il va jouer dans la Ligue nationale. »

« Au fond de moi, je sais que je suis capable de jouer du meilleur hockey que ce que j’ai montré cette année, plaide Bolduc, qui sera vraisemblablement échangé aux Remparts de Québec durant l'été. Mais l’échantillon n’est pas juste de cette année. [Les recruteurs] retournent voir l’année passée et même il y a deux ans. Je pense que si une équipe m’aime vraiment, elle va me repêcher et je vais être super excité. »