LAVAL – Joël Bouchard a sur les bras un problème auquel bien peu d’équipes de la Ligue américaine échappent au cours d’une saison. Dans les dix derniers jours, l’entraîneur du Rocket a perdu trois de ses meilleurs éléments offensifs avec les blessures subies par Riley Barber et Phil Varone en plus du rappel de Ryan Poehling dans la Ligue nationale.

C’est le genre d’automne auquel on est désormais habitué à Laval. Novembre est à peine amorcé que déjà, la profondeur du réseau de filiales du Canadien est mise à l’épreuve.

Mais Bouchard ne fera pas d’insomnie à l’idée de cet obstacle qui se dresse sur son chemin. D’abord parce que c’est une réalité sur laquelle il n’a aucun contrôle. La meilleure façon pour un entraîneur de faire comprendre à ses joueurs que les impondérables sont nocifs à leur préparation, c’est d’être conséquent et de prêcher par l’exemple.

Mais ce qui confortera surtout le coach face à ce premier crachin d’adversité, c’est qu’il sait que son vestiaire n’a jamais été aussi uni depuis le début de sa deuxième saison à la barre du Rocket. Ça lui aura pris quelques semaines, mais Bouchard a finalement réussi à rallier les mécontents à sa cause.

Le constat a été livré sous forme de confession lundi par Charles Hudon, qui a contribué avec quatre points aux trois victoires que le Rocket vient d’aligner en quatre jours.

« Ce n’est pas une question qu’on jouait mal dans les dernières semaines. Je pense que c’était juste un manque de ‘buy-in’ du projet à Joël, a avoué le jeune vétéran. Je pense que cette semaine, c’est là que tous les gars, on a embarqué. »

Retranché du camp du Canadien après avoir pris part à cinq matchs préparatoires, Hudon est entré à reculons dans le vestiaire du Rocket au début octobre, mais il n’est pas le seul. Matthew Peca et Phil Varone étaient eux aussi de retour à la case départ après avoir terminé l’année précédente dans la Ligue nationale. Dale Weise et Karl Alzner ont beau être de sacré bons gars, mais le poids de leur « mauvais » contrat devenait de plus en plus contraignant à supporter. Il y a aussi eu le cas de Poehling, un peu confus à son arrivée dans l’antichambre de la LNH.

« On en a beaucoup parlé, mais les gars arrivaient avec des réalités personnelles différentes, décortique Bouchard. Il y en a que ce n’était pas nécessairement leur rêve d’être ici, il y en a qui n’avaient pas beaucoup joué dans les dernières années... Moi j’arrive ici et je leur rentre dedans à tous les jours parce que je ne suis pas content et je leur dis que ce n’est pas assez bon. »

Bouchard a eu besoin d’un certain temps pour arriver à bien gérer ce bloc de vétérans réfractaires. Même si le club-école du Canadien n’avait jamais compté sur autant de talent depuis son arrivée à Laval, il s’est enfargé à sa sortie des blocs, perdant six de ses neuf premiers matchs.

Mais la situation est en train de se redresser. Le Rocket a remporté ses quatre dernières parties. Au cours de la dernière semaine, il a battu deux fois les meneurs de la division Atlantique et une fois ceux de la division Nord. Samedi, il a comblé deux déficits de deux buts pour vaincre les puissants Marlies de Toronto en fusillade, un match qu’il a dominé 53-26 au chapitre des tirs au but.

« Tranquillement, on avance, constate prudemment Bouchard. Ce que j’aime le plus, c’est l’intensité, l’esprit d’équipe. Pas facile l’esprit d’équipe dans la Ligue américaine! Les gars se battent tous pour monter, ils ont tous un agenda personnel. Je pense que ça, on l’a réglé. C’est de ça dont je suis le plus content. Est-ce que c’est parfait? Non. Mais on a plus de chances de marquer que les autres équipes à tous les matchs. Est-ce qu’il y a des affaires à améliorer? Ça c’est certain. Mais il y a beaucoup de choses qu’on fait mieux qu’en début d’année. Moi je vois une équipe avec beaucoup de caractère, travaillante et méticuleuse sur les détails. »  

« C’est comme n’importe quelle relation, compare Hudon. Au début, ça peut être plus difficile. Mais après ça, quand les journées avancent, c’est de mieux en mieux. Je pense que c’est ce qui est arrivé avec nous autres. Plus on fait de pratiques, plus on est les gars ensemble, plus on se rapproche. Ça crée une chimie et ça nous met tous dans le même bateau. »

Bouchard hoche la tête avec satisfaction quand on lui rapporte les propos de Hudon. « La façon dont Charles joue présentement versus la façon dont il joue depuis longtemps, ça n’a rien à voir », louange le coach, qui constate avec plaisir que ce genre de réponse est pour l’instant généralisé.    

« Ils ont compris ce que je voulais. Je pense que c’était assez clair que je n’étais pas content. J’ai un énorme respect pour les joueurs de hockey. Je les adore, je les aime d’amour, je vais tout faire pour eux autres. Mais je suis capable de le dire quand je ne suis pas content. J’ai challengé les gars, ça a répondu sur la route la semaine passée et cette semaine, ça a pris une coche de plus. Les gars peuvent te dire n’importe quoi, ils peuvent dire n’importe quoi dans la chambre, dans le bureau, dans l’autobus, mais il y a une place où ça ne ment pas et c’est sur la glace. Et c’est ce que je vois sur la glace : ils font ce qu’on demande et ça marche. »