LAVAL – Il n’y a rien d’inhabituel à ce qu’une équipe de la Ligue américaine cède un joueur dans la ECHL. Le Rocket de Laval l’a fait dans le passé avec Michael McNiven, Michael Pezzetta, Hayden Verbeek et Antoine Waked, pour ne nommer que ceux-là. Aucune de ces décisions n’avait provoqué ne serait-ce qu’un froncement de sourcil parce qu’aucun de ces gaillards ne pouvait être considéré comme un espoir du Canadien.

Cam Hillis n’atteindra peut-être jamais la Ligue nationale, mais il a quand même été un choix de troisième ronde, le 66e du repêchage de 2018. Le CH l’a sélectionné cinq rangs plus tôt que le défenseur Jordan Harris, qui est impatiemment attendu dans les rangs professionnels alors qu’il complète son stage à l’Université Northeastern.

Or, on apprenait cette semaine que Hillis ne figure pas dans les plans du Rocket en ce début de saison. Laissé dans les gradins pour les deux premiers matchs contre les Senators de Belleville, l’organisation lavalloise l’a rétrogradé lundi aux Lions de Trois-Rivières, sa nouvelle équipe réserve.

Dans le top-12 des attaquants du Rocket, on en retrouve présentement cinq qui ont été repêchés par le Canadien. Ryan Poehling, Jesse Ylönen et Raphaël Harvey-Pinard se qualifient encore comme des jeunes espoirs de l’organisation. À 25 ans, Lukas Vejdemo commence à être étiqueté comme un joueur de la Ligue américaine. Michael Pezzetta semble aussi destiné à plafonner dans cette catégorie. Les autres attaquants réguliers du Rocket sont des vétérans de la LAH, pour la plupart âgés entre 25 et 28 ans, avec une poignée de matchs dans la LNH à leur actif.

C’est dans cet écosystème que Hillis, 21 ans, est présentement incapable de se faire justice.

« Je pense que c’est important pour lui de jouer, affirme l’entraîneur-chef du Rocket, Jean-François Houle, pour justifier l’assignation du jeune Ontarien dans un niveau inférieur. Présentement, il ne rentrait pas dans l’alignement, alors je pense que c’est important pour lui d’aller à Trois-Rivières. Il va avoir beaucoup de temps de glace, il va toucher à la rondelle. Il a besoin de jouer. Pour te développer, tu as besoin de jouer. »

Qu’est-ce qui fait que Hillis, qui a marqué un but en 18 matchs à sa première saison avec le Rocket, n’est pas en mesure de percer l’alignement à Laval?

« C’est une question d’expérience, répond Houle. Tu l’as vu dans le passé, aller dans la ECHL, ce n’est pas mal vu. [Alex] Belzile a joué là pendant quatre ans et il est sur le bord de faire la Ligue nationale. C’est plein de joueurs qui vont dans la ECHL pour aller améliorer leur jeu et avoir plus de temps de jeu. Ils deviennent des meilleurs joueurs à cause de ça. »

Belzile, qui a joué 168 matchs dans la ECHL avant de finir par s’imposer dans la Ligue américaine, a justement croisé son jeune coéquipier avant que celui-ci n’emprunte l’autoroute 40 en direction de la Mauricie.

« Je lui ai dit que des fois, faire un pas en arrière pour en faire deux en avant, ce n’est pas négatif, a partagé le vétéran. Sur le coup, c’est décevant, tu penses que c’est la fin du monde. La confiance des fois, ça prend tellement de temps avant de la regagner, une fraction de seconde et tu la perds. Tu as la rondelle, tu shake avec le puck, tu ne joues pas comme toi-même. C’est classique pour un jeune qui commence dans le hockey professionnel. Je lui ai dit : "Amuse-toi, fais-toi du fun, retrouve ta confiance". »

Belzile estime que Hillis a encore une grande marge de progression dans le hockey professionnel.

« L’année passée, j’ai eu du plaisir à travailler avec. On faisait des 1-contre-1 ensemble, j’essayais d’amener son éthique de travail au niveau professionnel. Je pense qu’il a un excellent potentiel. »