MONTRÉAL – Pour rompre une longue association avec Patrick Roy, son fidèle complice, et les Remparts de Québec, Martin Laperrière avait besoin d’un défi emballant et il a trouvé ce qu’il voulait avec le Rocket de Laval. 

Laperrière, qui a travaillé pour les Remparts pendant 14 saisons, a vu son avenir changer très rapidement quand Jean-François Houle a été embauché pour succéder à Joël Bouchard aux commandes du Rocket. 

Tout a commencé par un petit texto de félicitations. Après tout, Laperrière connaît Houle depuis l’enfance grâce au lien qui unissait leur père dans la grande famille du Canadien de Montréal. 

« Il m’a téléphoné, on a jasé comme ça puis il m'a demandé si j'étais intéressé de participer au processus pour devenir adjoint », a expliqué Laperrière qui a dû demander la permission à Roy pour tenter son coup. 

L’entraîneur de 46 ans était ravi d’être choisi, mais ça ne veut pas dire qu’il a accepté sur-le-champ. 

« Ce n’est jamais une décision facile. Je me sentais apte à faire le saut après nos conversations parce que le défi est bon et c’est spécial de se joindre à la grande famille du Canadien. Ensuite, ça voulait dire de tourner la page sur le chapitre des Remparts et mon association avec Patrick. On sentait qu'on s’en allait enfin dans la bonne direction avec deux ou trois années intéressantes qui s'en viennent donc ce n'était pas une décision qui facile de ce côté-là. J'étais bien avec les Remparts, mais quand on a un défi puis une opportunité comme celle-ci, il faut essayer d'en profiter », a expliqué Laperrière. 

Son choix de mot est judicieux puisqu’il a regretté de ne pas avoir accepté l’offre de Roy pour le suivre avec l’Avalanche du Colorado en 2013.

« Ouais, en rétrospective, c'est sûr que c'est une décision que j'avais regretté dans le temps. Si c'était à refaire, j'aurais pris une décision différente, mais je n'étais pas pressé et j'étais bien à Québec », a admis Laperrière qui veut goûter à cette réalité professionnelle. 

Ce virage dans sa carrière implique qu’il devra s’adapter à travailler pour un nouveau patron. La question lui décroche un grand sourire. 

« Ce que j'ai compris, c'est que Jean-François est un peu comme Patrick et moi, c’est un passionné. J'aime son parcours, il a plusieurs années derrière la cravate et il a investi beaucoup de temps aux États-Unis avant de revenir dans la LHJMQ. Je crois que le ‘choc’ de nos idées sera bon et d’autant plus avec Kelly (Buchberger, l’autre nouvel adjoint à Laval) qui a joué et dirigé dans la LNH », a répondu Laperrière qui devait avoir une forte symbiose avec Roy. 

Le mandat avec le club-école du Tricolore l’allume aussi parce qu’il s’occupera des attaquants alors qu’il était habitué de superviser les défenseurs et les facettes défensives à Québec. 

« C’est intéressant, mais je l’ai déjà fait par le passé comme adjoint ou comme entraîneur-chef », a précisé Laperrière qui s’ajustera selon la vision prônée par Houle et l’état-major du CH. 

Un appel précieux avec son père 

Les prochaines années permettront d’en découvrir davantage sur les différences entre le style des nouveaux entraîneurs et celui qui avait été instauré par Bouchard. Au niveau de l’inspiration, Houle et Laperrière n’auront pas besoin de chercher bien loin. 

« Quand Jean-François a été engagé, j'ai aimé l’entendre parler des valeurs apprises quand on était jeunes à travers nos pères comme l'importance de jouer pour le Canadien, la fierté et la tradition. En l’ayant vécu dans notre jeunesse, c'est quelque chose qu'on peut transmettre », a-t-il exposé. 

Plus jeune, Laperrière avait le privilège d’accompagner son père, qui a été adjoint avec le Canadien de 1981 à 1997, aux entraînements. Il croisait souvent Houle et les garçons de Guy Lafleur en plus de patiner sur la glace du Forum à l’occasion. Laperrière et Houle ont même joué ensemble dans le cadre d’un tournoi à Boston pour accéder au niveau universitaire en sol américain. 

La joie de recevoir l’offre du Rocket a atteint un autre niveau au moment d’en discuter avec son père. 

« J'ai eu un bon appel avec lui et ma mère, ils me supportent dans cette voie depuis le début et c'est toujours bon d'avoir l'opinion du paternel là-dessus. Pour lui, c'était une évidence que je devais accepter », a raconté Laperrière dans une conversation alliant émotions et affaires. 

« Il est capable de voir le côté business de la chose, mais en fin de compte, c'est d'être heureux. Avec son œil de père, c’est certain qu’il veut s'assurer du bien de ses enfants et, vu que je tombe entre de bonnes mains, il n’était pas inquiet que j’accepte », a confié Laperrière dont le père a joué près de 700 matchs avec le Canadien. 

Les prochains jours serviront à prendre quelques décisions familiales importantes. Père d’un garçon de huit ans et d’une fille de seize ans, son embauche à Laval survient à moins d’un mois de leur retour à l’école. 

« Ce n’est pas évident de déraciner tout le monde. On est dans le processus de penser à tout ça », a convenu Laperrière qui a passé plusieurs années de sa vie à Laval, une ville où il a encore plusieurs amis.