LAVAL - Les unités spéciales du Rocket fonctionnent à deux vitesses depuis le début de la saison.

 

L’escouade de désavantage numérique supervisée par l’entraîneur adjoint Daniel Jacob fait figure de référence dans la Ligue américaine. D’abord, elle remplit sa mission première avec une efficacité exemplaire. Le Rocket n’a jusqu’ici accordé que deux buts à court d’un homme, dont un alors qu’il se défendait à 3-contre-5. Son taux d’efficacité de 90,9 % en pareilles circonstances le place au sixième rang dans la LAH.

 

De surcroît, les spécialistes défensifs de l’équipe ne se contentent pas d’esquiver les coups de l’adversaire, ils sont d’une efficacité assassine en contre-attaque. Après cinq matchs, le Rocket a déjà marqué trois buts en désavantage numérique, un sommet qu’il partage avec les Marlies de Toronto et les Checkers de Charlotte. Le défenseur David Sklenicka en a réussi un lors du match d’ouverture locale contre les Devils de Binghamton. Il y a deux jours, Alex Belzile et Michael Chaput ont uni leurs efforts pour en enfoncer deux dans la gorge du Wolf Pack de Hartford.

 

« On est vraiment agressifs sur les rondelles libres, comme on l’est à 5-contre-5, propose Belzile pour expliquer les succès des siens en infériorité numérique. Même s’il y a un gars de plus, souvent il y en a deux qui sont à l’extérieur à la ligne bleue, donc si on peut créer une bataille en bas de zone ou quelque chose comme ça, on augmente nos chances de provoquer quelque chose. C’est un détail qui est sous-estimé dans la game et quand on est 20 gars à le faire, ça devient tannant pour l’opposition. »

 

« Des fois, les gars ne sont pas tout le temps sharp en avantage numérique. Ils ne veulent pas trop défendre, ils veulent compter des buts. Si on peut les attraper comme ça, on va continuer à avoir nos chances », réalise Chaput.

 

La recette du succès du Rocket en désavantage numérique se résume à ce que Belzile décrit comme « le gros bon sens ».

 

« On défend bien, mais si on a une chance, il faut y aller et être agressifs tout en restant intelligents. On essaie de ne jamais se sortir du jeu en demeurant conscients que si on est capables de marquer – ou même juste de créer une chance – ça vient casser le momentum de l’autre bord. Moi, quand j’embarque sur la glace en avantage numérique, je ne veux pas que le " PK " soit plus intense que nous autres. Et je le sais, quand je suis en avantage numérique, les choses qui me font suer, donc j’essaie de les faire quand les rôles sont inversés. »

 

« Les joueurs ont le feu vert  pour faire n’importe quoi dans certains moments ou certaines situations dans le match, explique Bouchard. Qu’ils forcent un jeu dans une situation qui va mener directement à de l’offensive, go! C’est pour ça qu’on  joue. Qu’ils forcent un jeu quand le pourcentage est très bas et que ça ne mène absolument à rien, on va avoir des discussions. »

 

L’avantage numérique en panne

 

À l’autre extrémité du spectre, on attend toujours que le jeu de puissance du Rocket donne signe de vie. Les artificiers lavallois tirent des balles à blanc présentement. Ils n’ont produit qu’un but en 19 opportunités depuis le début de la saison.

 

« C’est plus facile d’avoir un groove en partant en désavantage numérique, croit Bouchard. Il y a un peu moins de feel et plus d’attitude, de travail, de structure. L’avantage numérique, c’est plus une question de talent et de synchronisme. Sans donner d’excuses à l’avantage numérique ou enlever des fleurs au désavantage numérique, c’est juste deux concepts complètement différents. »

 

« Ça me dérangerait plus [si ça arrivait] en février, parce qu’on va avoir passé beaucoup plus de temps avec ces gars-là, a relativisé le coach. En début d’année, on travaille beaucoup de chose. Je ne pense pas qu’on mérite d’être 1-en-19, mais on ne mérite pas d’être 7-en-19 non plus. On doit faire les choses un peu mieux. »

 

Bouchard explique ces ratés par le manque de cohésion au sein d’un groupe qui apprend encore à se connaître.

 

« Je ne sens pas qu’on clique encore. Un joueur va faire un jeu, l’autre va penser l’autre jeu. Ce ne sont pas des mauvaises intentions. Il y a des jeux qu’on force un peu. Les gars arrivent au banc et je les vois se parler. Ils se disent : "ah je pensais que tu serais là..." Et de notre côté, on apprend aussi à connaître ce que nos joueurs ont comme aptitudes. »

 

« C’est sûr qu’on a du travail à faire là-dessus, mais d’après moi ça va venir, estime Chaput. On a beaucoup de nouveaux joueurs qui n’ont pas beaucoup joué ensemble. Je pense que la chimie, ça va venir. C’est encore tôt dans l’année. »​