LAVAL – Charlie Lindgren vient de connaître son meilleur match de l’année. C’est en tout cas un avis qui semblait unanime parmi les observateurs réguliers du Rocket après sa performance de 36 arrêts contre les Marlies de Toronto vendredi dernier. L’entraîneur-chef Joël Bouchard y a adhéré sans ambigüité, sur toutes les tribunes, au cours des derniers jours. Lindgren lui-même, après un bref instant de réflexion, s’est dit en accord avec cette affirmation lorsqu’on l’a soumise à son approbation cette semaine.

Le gardien de 25 ans s’est même permis une prédiction : ce n’est que le début.

« Je sais que je peux jouer de cette façon à chacune de mes sorties. Je l’ai prouvé dans le passé et je suis certain que je suis encore capable de le faire », s’est targué le sympathique cerbère quand RDS est passé prendre de ses nouvelles à la Place Bell.

Lindgren se remet d’une passe difficile. Il a d’abord joué en dépit d’une blessure à une cheville, puis sa hanche a commencé à le faire souffrir à un point tel qu’il a dû être mis au repos forcé. Le 1er décembre, il a donné cinq buts sur 38 lancers dans une défaite contre les Comets d’Utica. On ne l’a revu qu’un mois et demi plus tard. Il a joué les deux matchs d’un programme double à Winnipeg, puis est retourné sur la touche pour quatre autres parties. Au total, sa guérison s’est étirée sur deux mois, la plus longue période d’inactivité de sa carrière.     

« C’est sûr qu’il ne trippait pas », euphémise Bouchard.

« Honnêtement, je ne pensais pas que ça allait me rentrer dedans autant que ça, témoigne Lindgren. C’était insoutenable. Tu arrives à l’aréna et tout le monde se prépare pour l’entraînement pendant que tu es dans le bureau des thérapeutes. Les soirs de match, tu es assis dans les estrades en complet-cravate. Les contacts sont coupés avec les gars et tu as l’impression de ne plus être dans les plans. C’était brutal. »

Pour ajouter à cette sensation d’isolement, Lindgren a vu ses remplaçants combler son absence de façon plus qu’adéquate. Depuis le 7 décembre, Michael McNiven affiche une moyenne de buts alloués de 1,82 et un taux d’efficacité de ,938. Rappelé de la ECHL, Connor LaCouvee s’est quant à lui avéré une agréable surprise en compilant une moyenne de buts alloués de 1,98 et un taux d’efficacité de ,927.

Lindgren n’ira pas jusqu’à dire qu’il a précipité son retour pour marquer son territoire, mais il admet qu’il n’était pas au meilleur de sa forme la première fois qu’il a remis ses jambières.

« Au Manitoba, je me sentais bien, mais je ne pétais pas le feu. Quand je suis revenu contre Lehigh Valley, ça allait beaucoup mieux. Et puis il y a eu ce match à Toronto. Dès la première mise en jeu, je me suis senti en parfaite harmonie avec mon corps, tous mes mouvements étaient faciles et fluides. C’est un match qui m’a donné énormément de confiance. »  

Le lendemain, pour le deuxième match du programme double contre les Marlies, Bouchard a écouté la voix de la prudence et a envoyé son deuxième gardien devant le filet même si McNiven se trouvait à Montréal, dans l’entourage du Canadien. Lindgren n’a rien pris de personnel, mais depuis, il est comme un animal en cage.

« Je me sentais assez bien pour jouer, mais je comprenais la décision. Je n’étais ni surpris, ni fâché. Sauf qu’à partir de maintenant, je veux jouer chacun des 29 matchs qu’il nous reste. Je ne veux plus en manquer un seul. »

Lindgren connaissait une saison en dents de scie bien avant que ne surgissent ses problèmes de santé. Le dernier droit de la saison, que le Rocket amorce avec un retard important sur la compétition, se voudra la toile idéale pour peindre sa rédemption et retrouver la place qui a déjà été sienne dans l’organigramme de l’organisation.

Bouchard ne fait pas de promesses, mais en lisant entre les lignes, on comprend que Lindgren sera son numéro 1 tant qu’il jouera comme un numéro 1. Le reste lui appartient.

« Je suis en santé, je m’attends à jouer beaucoup et je pense que je jouerai beaucoup. Aucune pensée ne m’enchante plus que celle-là », se délecte le gardien.