RDS et RDS Direct présenteront le match Crunch c. Rocket mercredi soir à 19 h 30.

LAVAL – La saison qui s’achève aura été longue et inhabituellement aride pour Alexandre Grenier.

 

Le vétéran de 27 ans était arrivé à Laval en compagnie d’un important contingent de vétérans l’été dernier. L’idée était de bien entourer les jeunes espoirs de l’organisation du Canadien afin de les faire grandir dans un environnement gagnant pour la première année de Joël Bouchard à la barre de l’équipe.

 

Pour le Rocket, la suite s’est avérée trop familière. Le groupe a été pillé de la plupart de ses joueurs d’expérience, la cuvée de recrues a enflé et les résultats au classement ont fluctué en conséquence. L’équipe est en voie de rater les séries éliminatoires pour une deuxième saison consécutive.

 

Pour Grenier, rien ne s’est déroulé comme prévu. Installé, bon an mal an, parmi les meilleurs producteurs de points de son équipe, l’ancien de l’organisation des Canucks de Vancouver et des Panthers de la Floride n’a pas respecté ses standards habituels à ses 60 premiers matchs avec le Rocket. À moins de prendre en feu dans les 15 derniers matchs de l’année, il est presque assuré d’arriver au printemps avec les pires statistiques de sa carrière dans la Ligue américaine.

 

Ses 11 buts et 21 points le placent présentement au huitième rang des marqueurs de son équipe, à égalité avec un gars qui n’a pas joué depuis le 29 décembre et derrière un autre qui a été échangé il y a un mois.

 

« C’est sûr que si on regarde mon année, personnellement, ça n’a peut-être pas été les meilleurs chiffres, a pris le temps de discuter Grenier mercredi matin dans le vestiaire du Rocket. Sauf que je pense que j’ai vraiment évolué en tant que personne, en tant que leader. J’ai quand même aidé les jeunes à devenir meilleurs. Ma game aussi a évolué. Ce n’est pas comme si je m’étais affaissé ou si j’avais commencé à babounner. »

 

La bonne humeur de Grenier a été mise à l’épreuve très tôt dans son association avec le Rocket. Après avoir marqué dans deux des trois premiers matchs de la saison, il s’est enlisé dans une séquence où il n’a réussi qu’un but en 21 parties. Il n’était pas rare de le voir faire du temps supplémentaire, le matin des matchs, en tête-à-tête avec Joël Bouchard. Il a fait la navette entre à peu près tous les trios imaginés par l’entraîneur. Il a changé le « tape » de son bâton pour essayer de briser la malédiction. Il s’est posé beaucoup de questions. Son lancer, l’un des plus puissants de la Ligue américaine, a continué d’aboutir partout où il n’était pas destiné.

 

« C’est pas les chances qui ont manqué à travers la saison non plus. Mais il y a des saisons comme ça, s’est résigné le joueur de 27 ans. Toutes les fois où tu vas regarder la fiche d’un joueur sur Hockey DB, tu vas toute le temps voir une saison où ça a moins bien été. Ce n’est pas qu’il a mal performé ou quoique ce soit, c’est juste qu’il a été moins opportuniste. Ce sont des petites choses qui font la différence des fois. Mais l’effort à travers l’année a toujours été là. »

 

« Il est rendu à 11 buts alors que pour moi, c’est un gars de 17 buts, calcule Bouchard, qui connaît visiblement son Hockey DB, pour défendre son attaquant. Ce n’est pas un gars de 25-30 buts dans la Ligue américaine, il ne l’a jamais été. Je pense que c’est des attentes contrôlées qu’il faut avoir aussi. Ce que j’ai aimé, il a une bonne attitude. Il a eu beaucoup de bons matchs où il n’a pas marqué. Je peux dire que dernièrement, pour moi il joue son meilleur hockey. »

 

Grenier a en tout cas joué toute une période samedi dernier alors que les Comets d’Utica, son ancienne équipe, était en ville. Alors que le Rocket était bloqué derrière un déficit de 3-1 au début du troisième tiers, il a préparé le but d’Alexandre Alain, puis a créé l’égalité en convertissant une superbe passe de Joe Cox. Pour mettre la cerise sur le gâteau, Grenier a rendu la politesse à son jeune compagnon de trio sur ce qui allait s’avérer être le but de la victoire.

 

Des célébrations exaltantes ont suivi. Une remontée presque inespérée, un match de trois points, une course aux séries. C’est le genre d’exultation que Grenier se voyait sans doute vivre plus souvent quand il décidé de revenir jouer dans son coin de pays.

 

« Mais la fin de l’année approche, je recommence à prendre le beat et je réalise que la clé, c’était juste de continuer à travailler, que ça allait débloquer, philosophe-t-il derrière sa barbe fournie. Ce n’est pas nécessairement important d’essayer de tout changer. Toutes les petites superstitions, peut-être que ça fait du bien au mental, mais ce n’est pas ça qui va faire la grosse différence. C’est vraiment à quel point tu veux t’en sortir et ce que tu es capable de continuer d’amener à tous les jours. »

 

« J’ai continué d’évoluer à travers toutes ces difficultés-là et je pense que là, je suis en train de m’en sortir. Il est peut-être un peu tard, convient-il en riant de bon coeur, mais on n’arrêtera pas de pousser. »

 

« C’est un bon gars, il veut, il fait des efforts dans tout ce qu’on lui demande, alors moi je ne peux pas regarder le passé, a décidé Bouchard. On oublie ça et on regarde en avant. »