LAVAL – Nathanael Halbert n’avait pas parlé à son agent depuis deux jours quand son téléphone a sonné mercredi matin. Lors de leur dernière conversation, Cliff Mander lui avait signifié qu’il avait établi un contact avec quelques équipes et qu’il allait lui donner des nouvelles aussitôt qu’il y aurait des développements.

Quand Halbert est sorti de sa sieste pour faire cesser la vibration de son appareil, un nom familier brillait sur l’afficheur. Ce n’était pas celui de Mander, mais celui d’un ancien entraîneur.

« Quand j’ai vu que Joël Bouchard m’appelait, je me suis dit que j’avais sans doute intérêt à décrocher, racontait Halbert quelques minutes après la conclusion de son premier match chez les professionnels, mercredi. Il m’a demandé si j’avais parlé avec mon agent, je lui ai dit que non. Il m’a dit qu’il m’avait soumis une offre de contrat et m’a demandé si je pouvais être à l’aréna pour 16 h 30. Je lui ai répondu que je pouvais sans doute m’arranger pour faire ça, oui. »

À 16 h 31, le Rocket annonçait dans un communiqué avoir consenti un contrat d’essai professionnel à Halbert, un défenseur ontarien de 24 ans que Bouchard a eu sous sa gouverne pendant deux saisons avec l’Armada de Blainville-Boisbriand et qui vient de compléter un stage de quatre ans avec l’équipe masculine de l’Université McGill.

Dimanche dernier, Halbert affrontait les Stingers de Concordia au premier tour des séries éliminatoires du circuit universitaire ontarien. Trois jours plus tard, avec un équipement fraîchement ajusté à ses mensurations, il formait un duo avec Cale Fleury contre le club-école des Jets de Winnipeg.

« Ça allait beaucoup plus vite, constatait l’ancien cocapitaine de McGill. En première période, le stress m’a peut-être incité à être un peu trop conservateur, mais j’ai éventuellement trouvé une certaine zone de confort et les gars dans le vestiaire n’ont pas arrêté de m’encourager. Je crois que je me suis bien tiré d’affaire par la suite. »

Halbert ne s’est jamais retrouvé dans le pétrin dans son territoire et a même obtenu une chance en or de mettre la cerise sur le sundae avec un but en deuxième période.

« Je n’étais pas nerveux, c’est juste que je ne suis pas un tireur, plaidait celui qui a marqué trois buts en 68 matchs de saison régulière à McGill. Je cherchais quelqu’un à qui repasser la rondelle, j’attendais, mais j’étais rendu dans la face du gardien et je me suis dit que j’étais mieux de lancer ou sinon j’allais en entendre parler à mon retour au banc. Je me suis essayé, mais j’ai raté mon coup. »

Son entraîneur, si ça peut le rassurer, ne lui en tenait pas rigueur après la partie.

« Je trouve qu’il a vraiment bien fait ça et les joueurs étaient tout aussi impressionnés que moi sur le banc. Pas facile pour lui, mais au moins je pense qu’il était en territoire connu. Il n’y a pas grand-chose qu’il ne connaissait pas de nous autres. Il s’est très bien adapté au calibre. Il a été calme, c’est un gars fort, il patine bien. Ce soir, on a beaucoup exposé nos jeunes défenseurs. [...] C’est évident que la brigade défensive est plus éprouvée en ce moment. C’est une réalité aussi dans le match de ce soir. Ça a paru à certains moments, mais je trouve qu’en général, ils s’en sont bien sortis. »

Un contrat comme celui qu’a signé Halbert ne vient avec aucune forme de garantie, mais pour l’heure, le jeune universitaire, qui recevra son diplôme en avril, ne peut se permettre de regarder trop loin vers l’avant.

« Je reviens pour l’entraînement demain et je dois ensuite retourner à l’école pour y faire une présentation sur la contribution des organismes non-gouvernementaux aux enjeux environnementaux dans les pays en voie de développement. Mon avenir se résume pas mal à ça présentement! »