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Prédictions des experts

 

LAVAL – Il y a Charles Hudon le joueur de hockey. Celui-là doit s’améliorer, ça ne pourrait être plus clair. Un entraîneur de la Ligue nationale ne se prive pas d’un joueur pendant 22 matchs consécutifs s’il estime ses chances de victoire meilleures avec lui.

 

Il y a aussi Charles Hudon l’homme, l’être humain. Celui-là aussi est mûr pour une bonne introspection. On ne sort pas d’un meeting avec ses patrons au bord des larmes, comme Hudon l’a fait l’an dernier lors du bilan de fin de saison du Canadien, si on file le parfait bonheur.

 

« C’est difficile quand... C’est comme si j’étais un clou et que j’avais juste des marteaux sur la tête à chaque fois. Oui, le mot déprimé était là l’an passé », a avoué mercredi l’attaquant de 25 ans dans le vestiaire du Rocket de Laval, avec qui il amorcera la saison après avoir été retranché par le Canadien puis ignoré par les 30 autres équipes de la Ligue nationale au ballottage.

 

C’est peut-être là-dessus qu’Hudon devra investir le gros de son énergie au cours des prochaines semaines. Avant de peaufiner son jeu défensif, il aurait avantage à profiter de ce pas de recul pour se refaire un moral et arriver à la réalisation qu’à son âge, il n’est vraiment pas trop tard pour s’offrir un nouveau départ.

 

« La situation d'Hudon n'est pas plus triste que celle des autres »

« Je pense qu’il faut arrêter de se sentir mal pour Charles, implore Joël Bouchard. Ce n’est pas comme s’il s’était fait avoir pendant un an et demi. Il a joué dans la Ligue nationale, il avait un chandail, il avait une opportunité. Ça n’a peut-être pas fonctionné à certains niveaux, mais ce n’est pas le premier [à qui ça arrive]. Des Charles Hudon, il y en a partout. »

 

Bouchard, qui répondait alors à une troisième question au sujet de son nouveau projet, s’est permis de hausser légèrement le ton. Son point : tout est une question de perspective et dans le grand ordre des choses, Hudon fait encore partie des privilégiés. Sa capacité à assimiler ce message pourrait être le principal déterminant de la durée de son séjour dans la Ligue américaine.

 

« Il y a des affaires pires que ça dans la vie. On l’aime tous Charles, on a tous une affection pour lui, c’est un bon petit gars. Mais il est chanceux. Il a une opportunité de jouer, il a un bâton, un chandail, une paire de gants, il est en santé, il a de beaux enfants. À moment donné, je ne peux pas me sentir mal pour quelqu’un comme ça quand on a tous dans notre environnement des gens qui passent à travers des épreuves tellement difficiles. »

 

« Mon message, c’est que je ne tomberai pas dans la pitié, conclut Bouchard. Si lui se sent comme ça, il va falloir qu’il débarque de ce mindset assez rapidement parce qu’il y a plein de joueurs comme lui dans l’équipe et il y en a plein dans la Ligue américaine. Regardez les joueurs qui ont passé le ballottage. À moment donné, on se retrousse les manches. »

 

Retrouver le « fun »

 

Hudon a difficilement encaissé son renvoi dans la Ligue américaine, où il jouera pour la première fois en trois ans. Il s’est coupé un peu du reste du monde dans les jours qui ont suivi son départ du camp du Canadien. Il dit n’avoir aucune idée de ce que Marc Bergevin a dit à son sujet lors de son plus récent point de presse.

 

Mardi, il est embarqué sur la glace de la Place Bell avec Bouchard et Xavier Ouellet, son nouveau capitaine. « Je pense qu’on est les deux sur la même longueur d’onde », dira-t-il de sa relation avec son nouvel entraîneur. Le lendemain, coiffé de son nouveau numéro, le 18, il s’est entraîné avec la fougue d’un jeune premier. Déjà, il semble dans de bonnes dispositions pour profiter de la page blanche qui s’offre à lui.

 

« Je veux me concentrer sur moi, retrouver le fun à jouer au hockey. Je pense que c’est la chose la plus importante pour moi. Venir ici, voir des gars que je ne pensais pas revoir. Avec [Dale] Weise, on s’est dit [que l’important], c’est avoir plus de fun. Arriver le matin, avoir le goût d’être sur la patinoire, avoir la chance de jouer. C’est ce que je vais prendre de plus positif. »

 

Hudon réalise aussi que le chantier s’étend au-delà de ce qui se passe entre ses deux oreilles. Il y a des limites aux vertus de la confiance et s’il veut retourner « en haut », il y a des principes de base que l’Almatois devra accepter et perfectionner. En notant la ligne toujours plus mince qui sépare les joueurs d’élite de ceux qui jouent du coude dans le peloton, Bouchard parle de l’importance de « devenir des joueurs compétitifs et polyvalents dans tous les aspects du jeu ».

 

« Si on veut un résultat différent dans la vie, il faut faire quelque chose de différent. Si on fait toujours la même chose, on va toujours avoir le même résultat, philosophe le coach. Mon message pour lui, ça a été : ‘si tu veux retourner dans la Ligue nationale, il faut que tu sois le Charles 2.0.’ Parce que dans la vraie vie, la Ligue nationale, en anglais, on dit ‘it chews you apart’. Ça te mâche de tous les côtés et après ça te recrache. Je sais c’est quoi, j’ai été ce joueur-là. Je connais sa situation. Maintenant, mets un chapeau de travail et on recommence. »

 

« Il faut que j’améliore des choses et je pense que c’est avec Joël que je vais le faire, s’encourage Hudon. Pour moi, c’est de connaître une nouvelle manière de jouer au hockey, m’améliorer, être encore meilleur. Je pense que je suis juste ici pour apprendre des nouvelles choses et être prêt à montrer des nouvelles facettes de ma game quand je vais arriver en haut. »​