LAVAL – Il y a déjà près de cinq ans que le Canadien a repêché l’énigmatique Michael McCarron. Après sa troisième saison professionnelle, l’imposant droitier est arrivé au point que ça passe ou ça casse.

 

L’Américain de 23 ans avait porté l’uniforme du Tricolore pour 31 matchs la saison dernière et pour 20 parties en 2015-2016. Cette fois, il a dû se limiter à 18 matchs et 10 d’entre eux sont survenus alors que le destin de l’équipe était déjà peint sous la surface glacée.

 

Dire que le calendrier 2017-2018 a été une déception serait un euphémisme aussi gigantesque que le physique de McCarron.

 

« Il s’attendait vraiment à rester dans la Ligue nationale cette année. Les années passées, ça faisait partie de son cheminement, mais là, il a encaissé un dur coup », a pointé l’entraîneur du Rocket de Laval, Sylvain Lefebvre.

 

Après avoir été témoin du dernier droit de la saison du CH, McCarron a appris qu’il n’était pas encore temps pour lui de se changer les idées. Quelques jours de travail, dont deux matchs, étaient à son agenda avec le Rocket.

 

Croisé à la sortie de la patinoire à Laval, McCarron n’a pas pu résumer autrement ce qui habite ses pensées.

 

« Un manque de succès autant collectivement que personnellement », a lancé en grimaçant de déception le hockeyeur qui se considère à 100% comme un joueur de calibre de la LNH.

 

L’étau a continué de se resserrer sur McCarron alors que son avenir à Montréal est tout sauf garanti au terme de son premier contrat professionnel. Au moins, le géant du Michigan considère qu’il a progressé.

 

« C’était clairement une année difficile du début à la fin, mais le point positif, c’est que je considère avoir amélioré certaines facettes de mon jeu. Au fil des ans, tu apprends des choses et je pense que je l’ai fait. Je dois continuer de pousser, je suis encore assez jeune », a-t-il soupesé.

 

En constatant qu’il manque encore de rapidité et de solidité sur ses jambes, les partisans auraient sans doute le goût de lui proposer de modifier son approche estivale en vue du prochain camp d’entraînement. McCarron ne penche pas vers cette avenue.

 

« Je pense que je me dirige dans la bonne direction. J’ai vraiment l’impression d’avoir effectué de gros progrès depuis trois étés. Ce n’est pas parce que j’ai connu un mauvais camp d’entraînement que je ne serai pas prêt pour la prochaine saison. Je m’assure de me préparer chaque année », a commenté le 25e choix du repêchage de 2013.

 

McCarron a fait écho aux propos de quelques joueurs qui ont rencontré les médias, lundi, pour le bilan du Canadien.  

 

« On a eu bien de la misère dans les matchs préparatoires, c’était déjà un manque de succès et ça s’est répercuté sur tout le monde. Tout a définitivement commencé là. Le départ a été meilleur à Laval, mais on a perdu plusieurs joueurs et je n’ai pas senti que personne a pris les commandes non plus », a exposé McCarron avec un deuxième constat similaire au Canadien.

 

Cet été, Lefebvre ne pourra pas suivre McCarron à l’entraînement, mais il souhaite que ce soit un moment déterminant dans son cheminement.

 

« À un certain moment donné, c’est clair que le jeune doit débloquer. Tu ne veux pas non plus qu’un jeune plafonne. Je dirais qu’il s’est amélioré dans les dernières années. Ce sera un gros été pour lui comme le fut l’année précédente », a mentionné l’entraîneur.

 

« Je ne mentirai pas, McCarron doit améliorer ses bagarres le long des rampes, sa protection de la rondelle et sa façon de sortir des coins pour aller attaquer le filet », a ajouté Lefebvre en guise de précision.

 

Pour ce qui est de ses habiletés de patinage, la correction et l’accent doit être investi l’été et non durant la saison régulière.

 

Un chantier psychologique également

 

Ce n’est rien de nouveau en ce qui concerne McCarron, mais le côté psychologique de l’équation ne devra pas être négligé. Frustré de son premier renvoi de l’année à Laval, McCarron apparaît un peu perturbé par cette année plus que décevante.

 

« C’est sûr (qu’il y aura un travail à faire). Durant notre rencontre de fin de saison, on insistera exactement sur les choses à travailler cet été. On ne peut pas non plus le prendre par la main pour lui dire quoi faire chaque jour. C’est à lui d’arriver au camp d’entraînement et de montrer qu’il est fin prêt », a souligné Lefebvre.

 

À ce chapitre, McCarron soutient que cette année l’a rendu plus fort.  

 

« Aucun doute. C’est pas mal le plus difficile que tu peux traverser en tant que joueur. C’est si merveilleux de gagner à Montréal, mais ça devient vraiment dérangeant mentalement quand ça ne fonctionne pas bien », a déclaré celui qui, on peut le sentir, aurait aimé rencontrer les dirigeants du Canadien dans les derniers jours avant de retourner à Laval.

 

De manière intrigante, Lefebvre a aussi choisi de ne pas s’entretenir avec McCarron depuis ce dernier renvoi.  

 

« Je ne lui ai pas parlé encore, je voulais voir comment il allait agir dans les jours avant les matchs de vendredi et samedi. Il ne doit pas avoir en tête que la saison est terminée. Ce n’est pas une punition non plus de le ramener ici. Ce ne sont que deux matchs, mais c’est de l’expérience et du bagage », a conclu l’entraîneur.