LAVAL – Assez tôt durant la saison, Jean-François Houle a décidé de retirer le classement qui était affiché dans le vestiaire du Rocket de Laval. Pour l’entraîneur-chef, ce geste était empreint de cohérence alors qu’il prône le positivisme.

 

La scène devait se passer, selon Houle, quelque part en novembre alors que son club était installé à l’avant-dernier rang du classement.

 

« On a décidé de se concentrer sur le travail au quotidien. Dans la LAH, ça passe par la constance et le progrès. Les changements sont si nombreux que c’est trop difficile de se concentrer sur le classement. [...] Pas mal tôt dans la saison, on a compris que ce n’était peut-être pas une bonne chose d’afficher le classement au quotidien », a raconté Houle, lundi, au lendemain de la confirmation d’une place éliminatoire pour sa troupe.

 

 À sa première année aux commandes du Rocket, Houle pensait bien faire en exposant le classement, mais il s’est ravisé dans un objectif de cohérence.

 

« Je suis vraiment axé sur le positivisme, mais on voyait le classement chaque fois qu’on arrivait dans le vestiaire. On affichait aussi le rendement des unités spéciales et on était vers le bas. C’était trop négatif à mes yeux », a expliqué l’entraîneur de 47 ans.

 

Cette petite histoire ne fait qu’exposer le progrès effectué par le Rocket cette saison et elle rend la participation aux éliminatoires encore plus savoureuse.  

 

« C’est très excitant pour notre équipe et nos partisans. Nos joueurs ont investi les efforts tout au long de la saison pour essayer d’obtenir une place, ce n’est pas une chose facile à accomplir », a réagi Houle.

 

Toutefois, c’était inutile de gratter trop loin pour comprendre que cette réussite laissait, malgré tout, un petit goût amer en bouche. Ça s’explique puisque le Rocket a perdu ses trois derniers matchs et il a obtenu ce billet éliminatoire grâce à une défaite de Rochester contre Cleveland.

 

« Je voulais que ça se fasse via une victoire de notre part. Mais c’est réglé et ça peut enlever un peu de pression sur les épaules de nos joueurs », a noté Houle.

 

« À Belleville, on aurait dû gagner avec 45 lancers, mais leur gardien a accompli un bon travail. Mais ça n’a pas été facile pour nous dans les deux derniers matchs », a-t-il reconnu alors que son club a baissé pavillon 4-1 à Belleville, 5-1 contre Toronto et 5-1 à Syracuse.

 

Même s’il reste encore trois matchs au calendrier régulier, ça s’imposait de relever le niveau d’intensité à l’entraînement avec des exercices menant à des confrontations pour la rondelle.

 

« On a manqué un peu de jump, peut-être un peu d’effort dans nos derniers matchs. On voulait avoir plus de tempo pour retrouver les bonnes habitudes », a indiqué Jean-Sébastien Dea qui termine sa première saison avec le club-école du CH.

 

Ce creux envoie un message sans équivoque à Houle par rapport à ce qu’il doit peaufiner en vue du tournoi printanier.

 

« C’est surtout de bien jouer défensivement. Oui, on a juste compté un but par match, mais si tu joues bien défensivement, les chances vont venir en attaque. C’était notre message, on doit gagner plus de batailles en zone défensive et se supporter un peu plus sur les sorties de zone. Si tu fais bien ça, l’attaque se crée naturellement », a mentionné le pilote.  

 

L’autre raison s’articule autour du fait que le Rocket souhaite ardemment finir dans le top-3 de sa division pour bénéficier d’un laissez-passer en première ronde.

 

« C’est le fun, mais on veut aller chercher ça le plus rapidement possible. On ne veut pas jouer de matchs supplémentaires avec le calendrier que l’on vient de traverser. Mais j’ai vu que c’était la première fois de l’histoire pour le Rocket, c’est agréable pour tout le monde », a exprimé Dea.

 

L'expérience nécessaire grâce aux vétérans ?
 

Sans la présence de nombreux vétérans, le Rocket aurait été freiné par les embûches lors de son ascension. Le dernier décompte fait état de 48 joueurs qui ont participé à au moins un match en 2021-2022.  

 

À première vue, les vétérans devraient fournir les ressources nécessaires pour guider l’équipe. Mais, en y regardant d’un peu plus près, on constate de bien de ces vétérans n’ont pas vécu les séries dans la Ligue américaine depuis plusieurs années.

 

Pour Kevin Roy, la disette remonte à 10 ans, pour Jean-Sébastien Dea et Danick Martel, on parle de quatre ans, pour Alex Belzile, ce sera une première alors que pour Xavier Ouellet, ça fait six ans.

 

Heureusement, Belzile, Ouellet, Gabriel Bourque, Devante Smith-Pelly et Cédric Paquette ont vécu des expériences éliminatoires récentes dans la LNH.

 

« Je n’ai pas eu la chance de jouer en séries dans la LAH, mais j’ai suivi le parcours du Canadien pendant deux ans (y jouant six matchs) et j’ai gagné deux championnats ECHL ; ce sont de belles expériences », a ciblé Belzile qui évoque la profondeur chez le Rocket.

 

« Tout au long de l’année, ce fut l’une de nos forces. On ne s’est jamais fié sur un seul gars, on a toujours eu de la profondeur. On voit des séquences durant lesquelles des trios fonctionnent plus que d’autres. Peu importe le circuit, les équipes qui gagnent le font grâce à tous leurs trios », a-t-il précisé.  

 

Dea est d’avis que la composition de l’équipe sera payante en séries.

 

« Ils (les dirigeants) ont fait un bon travail pour ajouter les vétérans appropriés pour entourer les jeunes. Des recrues jusqu’aux vétérans, tout le monde a accompli un beau travail cette année », a souligné l’auteur de 25 buts cette saison.  

 

Le Rocket devrait également bénéficier du retour en force de Belzile. Après une absence de plusieurs semaines, son niveau de jeu progressera au cours des prochaines semaines. Ça tombe bien puisqu’il servira de mentor pour quelques joueurs.

 

« Mon plus grand défi sera de conserver la tête froide. Les séries sont des montagnes russes, tu prends ça à cœur donc c’est très difficile de toujours rester calme. Il ne faut pas gaspiller de l’énergie sur les officiels ou les adversaires. L’an dernier, avec le Canadien, il y avait d’excellents exemples et ça explique le long chemin éliminatoire », a maintenu Belzile.

 

Advenant que les vétérans manquent d’aplomb, Harvey-Pinard détient déjà tout ce qu’il faut pour dicter le ton.

 

« Il est si constant et il y a des raisons pour laquelle ces joueurs ont du succès. Quand tu regardes un match, ce n’est pas toujours celui que tu remarques en premier. D’autres joueurs sont plus rapides ou plus électrisants, mais l’efficacité est sous-estimée à mon avis au hockey. Qu’il puisse jouer ainsi à son âge, c’est très difficile. Seulement quelques jeunes peuvent y parvenir. Si je me compare à lui, j’étais loin d’être rendu à ce niveau. Il a cette capacité de comprendre et de s’adapter, c’est impressionnant à mes yeux », a vanté Belzile.

 

Un engouement qui promet

 

Et si jamais ça ne suffisait pas, on peut parier que l’engouement qui se développera autour du Rocket – puisque le Canadien sera en vacances - sera un puissant carburant.

 

« On commence à le sentir un peu, l’ambiance était vraiment exceptionnelle pour notre dernière partie à domicile. On sent que les gens sont fébriles à l’approche des séries. En tant que Québécois, je sais ce que ça représente de vivre les séries », a confié Belzile.

 

« C’est plaisant pour nos partisans qui ont démontré leur support tout au long de l’année. Je m’attends à un grand engouement, nos joueurs en sont conscients. Montréal, c’est une ville de hockey et participer aux séries, c’est spécial », a conclu Houle qui peut en parler longuement avec son père.