LAVAL – Les raisons de s’emporter et de dévier du plan auraient été nombreuses pour le Rocket jeudi soir contre le Crunch de Syracuse.

 

À répétition, l’adversaire s’est tiré dans le pied en écopant de pénalités à la pertinence douteuse. Les Québécois en visite ont été plus souvent qu’autrement coupable de cette dangereuse indiscipline. Gabriel Fortier a péché deux fois dans les huit premières minutes du match. Charles Hudon est allé faucher inutilement un rival. Impulsif, Daniel Walcott a servi un double-échec évitable. Pierre-Cédric Labrie a tenté d’engager le combat avec Torry Dello.

 

Crunch 1 - Rocket 4

Deux minutes ici, deux minutes là. Le Rocket a eu toutes les occasions de plier ce match avant que le groupe Qualité Motel n’apparaisse sur scène pour son spectacle prévu au deuxième entracte.

 

Mais à défaut d’afficher l’instinct du tueur quand le Crunch était à son plus vulnérable, les locaux ont le mérite de ne pas avoir cédé à cette tentation d’en faire un peu trop devant une foule aussi enthousiasmée.

 

Ils auraient pu s’impatienter devant tant d’occasions gaspillées sur les unités spéciales. Ils auraient pu l’échapper quand un but leur a été refusé en début de troisième. Ils auraient pu chercher vengeance de façon beaucoup moins raisonnable quand Labrie a cherché noise à Dello ou encore quand Gabriel Dumont est allé jouer son rôle d’agitateur à la perfection près des bancs des joueurs.

 

Mais rien de tout ça n’est arrivé. Le Rocket a su rester sagement à l’intérieur des limites tandis que le Crunch a trop souvent poussé sa chance. Ce constat permet d’identifier l’équipe qui fera face à l’élimination lorsque les deux équipes se reverront samedi.

 

« Ça a été une chose dont on a parlé beaucoup durant la semaine. On ne voulait pas prendre de mauvaises punitions, on ne voulait pas embarquer dans leur jeu après le sifflet, a expliqué Paquette après la rencontre. Je pense que ce sont eux qui sont tombés dans leur panneau un peu aujourd’hui et on en a profité en fin de match. »

 

« On a beaucoup appris là-dessus au fil de la saison, a souligné l’entraîneur Jean-François Houle. J’ai trouvé qu’on est restés très calmes sur le banc alors qu’habituellement, on a tendance à perdre le contrôle à l’occasion. Ce soir, on est restés calmes. L’objectif était de trouver une autre façon d’aller chercher un autre but. »

 

« Je trouve qu’on a bien réagi, les gars sont restés focus, a ajouté le capitaine Xavier Ouellet en parlant spécifiquement du but refusé. Des fois, les décisions ne vont pas de ton côté, mais les gars sont restés concentrés et on a trouvé le moyen de capitaliser autrement et d’aller chercher la victoire. »

 

Paquette, une présence

 

Paquette a été au cœur d’une série d’événements qui ont fait de la troisième période un segment mouvementé - et payant – pour le Rocket.

 

Le but refusé, d’abord. C’est lui qui passait dans le demi-cercle du gardien Maxime Lagacé quand le tir de Ouellet a fait s’activer la lumière rouge derrière la baie vitrée. « Je me faisais pousser un peu, j’ai effleuré peut-être le gardien, mais pas beaucoup si je l’ai touché. [...] Je pense que ça aurait dû compter », s’est défendu le Gaspésien.

 

Paquette a aussi été au cœur de l’escarmouche avec Dumont. C’est lui qui l’a d’abord envoyé survoler la rampe devant le banc du Rocket. Quand il a vu que sa victime a décidé de rester dans le coin pour jouer du bâton, il est retourné à sa rencontre pour lui signifier qu’il était temps de partir.

 

« Ce que j’ai vu, c’est qu’il a frappé un gars vers notre banc, son hockey est resté pris et il en a profité pour donner des coups, pour darder un peu. Quand j’ai vu ça, je n’ai pas accepté ce geste-là. »
 

Le gros numéro 13 a finalement fait sentir sa présence de la meilleure des façons, en marquant le but qui allait valoir la victoire aux siens.

 

« C’est sûr qu’il prend un gros rôle, c’est un de nos joueurs les plus physiques, a vanté Houle dans son bilan d’après-match. Avant qu’il compte le but qui a été refusé, il avait complété une grosse mise en échec. C’est fatigant jouer contre lui, c’était la même chose quand il jouait junior. C’est un bon gars d’équipe, il est aimé et c’est le fun de le voir avoir du plaisir. Ce n’est pas facile quand tu es rendu à un point dans ta carrière où tu te fais descendre dans la Ligue américaine. Il y a plein de choses qui te passent dans la tête. Mais tu vois qu’il a du plaisir, tu vois qu’il veut gagner. Et il a gagné une coupe Stanley! Il a de l’expérience... et ça paraît. »

 

Paquette vient de traverser une année difficile marquée notamment par le décès de son agent. Il a joué son dernier match dans la Ligue nationale en janvier et a dû retourner dans les mineures pour la première fois en sept ans. Il semble avoir recommencé à prendre la vie du bon côté et sa nouvelle équipe en récolte les bénéfices. Il avait marqué neuf buts en 14 matchs avant le début des éliminatoires. 

 

« C’est le fun de jouer au hockey présentement. J’ai du fun, répète-t-il sereinement. Je n’ai pas produit dans les deux premiers matchs [de la série], mais je pense que je joue bien, j’ai du fun, on a du fun dans la chambre, on est une équipe soudée. C’est tout ce que j’avais besoin. Ça fait du bien au moral. »