LAVAL – Matthew Peca est au nombre des joueurs qui sont arrivés à Laval avec une crotte sur le cœur cet automne. Quand on parvient finalement à se caser dans la Ligue nationale à 25 ans, l’encre à peine séchée sur un beau contrat tout neuf, on ne se prépare pas pour le jour où tout ça nous sera enlevé.

La suite dépend de la vitesse à laquelle l’amertume cédera le plancher à la lucidité. Peca, lui, a vite compris qu’après une année partiellement passée dans les gradins, il avait tout intérêt à revoir la glace avec régularité, quel que soit le logo peint en son centre. Il s’agit pour lui du cas classique qui consiste à faire un pas vers l’arrière pour éventuellement en faire deux vers l’avant.

« Honnêtement, je crois que c’est mieux pour moi d’être ici, disait Peca lundi. Je joue tous les matchs, je retrouve ma confiance, je retrouve mes jambes. J’aurais joué quoi, cinq matchs sur vingt si j’étais resté avec le Canadien? Aussi bien voir le positif qui s’offre à moi ici. Je suis vraiment heureux de la façon dont je joue et je sais que je peux en donner encore plus. »

Peca semble finalement avoir retrouvé ses jambes après une entrée en matière boiteuse avec le Rocket de Laval. Le petit marchand de vitesse n’était pas l’ombre du dynamique attaquant qui avait connu trois saisons consécutives d’au moins 40 points dans la LAH et qui venait de passer une première année complète dans la LNH lorsque la saison actuelle a pris son envol en octobre. Il a été tenu en échec à ses cinq premiers matchs tout en affichant un rendement défensif de moins-6.

Mais à mesure que les tuiles ont commencé à s’empiler chez le club-école du Canadien – les attaquants Phil Varone, Riley Barber et Alex Belzile se sont tous, à un moment ou un autre, retrouvés sur le carreau en raison d’une blessure – Peca a commencé à jouer un rôle de plus en plus grand dans les succès de l’équipe.

La semaine qui vient de passer a fait croître encore un peu plus le pic dessiné par ce crescendo. Le jeune vétéran a permis au Rocket de récolter un point en marquant le seul but des siens à Toronto, puis il a été l’un de ses attaquants les plus menaçants sur la durée du programme double disputé aux Comets d’Utica en fin de semaine.

Peca, qui a maintenant récolté neuf points à ses dix derniers matchs, impute ses récents succès à l’avancement du processus d’assimilation des principes prêchés par Joël Bouchard, qu’il n’a appris à connaître qu’à son renvoi à Laval à la fin du camp d’entraînement du Canadien. Il cite aussi le lien de confiance et la familiarité qui sont maintenant bien développés entre ses nouveaux coéquipiers et lui. Une fois les nouveaux automatismes installés, les jambes et les instincts reprennent leurs droits sur le territoire à conquérir.

Mais le Franco-Ontarien a aussi donné écho aux propos émis par Varone plus tôt cette saison. Avant d’être confiné à l’infirmerie, Varone était enlisé dans une rare léthargie qu’il s’expliquait par la grande disparité entre les responsabilités qui lui avaient été confiées dans la cinquantaine de parties qu’il avait jouées avec les Flyers de Philadelphie l’année précédente et le retour à un rôle résolument offensif dans la LAH.

 « Il y a assurément une période d’ajustement nécessaire, approuve Peca, qui a joué 39 matchs avec le Canadien en 2018-2019. On revient dans un plus grand rôle et on essaie de ne pas trop s’en mettre sur les épaules. J’ai compris qu’on ne se développe pas nécessairement quand on ne joue pas, même si on est dans la LNH. On a beau agir en professionnel, s’entraîner tous les jours et travailler très fort pour conserver nos acquis, quand on revient ici, on se retrouve avec des tâches qui ne nous ont pas été confiées depuis une éternité. En avantage numérique, on se retrouve dans des situations qu’on n’a pas vues depuis longtemps. Ça prend quelques matchs pour s’y retrouver. Mais je n’ai plus d’excuses maintenant. »

Peca, qui a joué au moins dix matchs dans la LNH dans chacune des trois dernières saisons, doit présentement être considéré comme l’une des options en haut de liste en cas de besoin à Montréal. Mais il joue pour beaucoup plus qu’un rappel. Le pacte de deux ans qu’il a signé avec le Canadien arrivera à échéance l’été prochain et ce n’est pas en s’apitoyant sur son sort qu’il augmentera son pouvoir de négociation.

« Ultimement, le but est de jouer dans la LNH et si c’est le chemin que je dois emprunter pour y arriver, je dois l’accepter. Comme j’ai dit, je vais voir le positif dans ma situation actuelle, je vais continuer de travailler pour m’améliorer et si jamais on me fait signe, je serai prêt. Je serai prêt pour n’importe quel rôle qu’on voudra me confier parce que je pense avoir une meilleure compréhension des attentes à mon endroit à ma deuxième année dans l’organisation. Je n’ai pas encore eu la chance de le prouver, mais je serai prêt si on m’en donne une. »