LAVAL – Michael McCarron a joué 32 matchs la saison dernière avant d’en venir à la conclusion que son épaule gauche l’avait assez fait souffrir et qu’il était temps de passer sur la table d’opération pour régler le problème une fois pour toute. C’est peu, 32 matchs, mais ce fut assez grand pour constater qu’il se passait quelque chose avec le grand attaquant américain.

McCarron avait récolté 15 points à ses 14 matchs derniers matchs quand son nom a été inscrit sur la liste des blessés. Ces chiffres parlent, mais ils ne disent pas tout.

 

« C’est aussi dans la façon dont je jouais, rappelait McCarron mercredi, quelques heures avant de disputer son premier match de la saison avec le Rocket de Laval. Je pouvais jouer à plein régime pendant 60 minutes. J’étais une " présence ", comme aime le dire le coach. Je transportais la rondelle au filet, j’utilisais mon corps pour protéger la rondelle, je gagnais mes duels en fond de territoire et mon jeu défensif était plus à point. Je ne causais plus de revirements comme dans les années précédentes. C’est ça que je peux apporter : je dois contrôler la rondelle et faire sentir ma présence. »

 

« De mon point de vue, c’est un gars qui peut apporter beaucoup dans l’équation quand il est à son affaire et que sa tête est à la bonne place. Ce qu’on a vu l’année passée, ce n’est pas un joueur parfait, mais c’est un gars qui poussait dans la bonne direction », approuve Joël Bouchard.

 

Bouchard répète souvent – et on ne doute pas une seconde de sa parole - qu’il ne fait pas de favoritisme et qu’il aime tous ses joueurs de manière égale. Mais quelque chose nous dit qu’il a vu dans la réhabilitation de McCarron, un ancien choix de première ronde désorienté et un peu laissé pour compte, un projet particulièrement emballant.  

 

Bouchard est un pédagogue passionné, McCarron un jeune ambitieux qui avait désespérément besoin d’être aiguillé. Professionnellement, ça a été le coup de foudre.

 

« Mon but demeure évidemment de jouer dans la Ligue nationale, met en perspective McCarron, qui se retrouve à Laval après avoir été ignoré au processus de ballottage. Mais si je dois jouer dans les mineures, je veux jouer pour Coach Bouchard. Il fait de moi un meilleur joueur. Vous avez vu mon évolution la saison dernière. Il m’a réconcilié avec mon sport et m’a aidé à retrouver le bonheur ici. »

 

Dans une salle adjacente au vestiaire du Rocket, où il est venu à la rencontre des médias, le jeune homme venait d’entendre Bouchard chanter ses louanges et souligner ses travers avec toute la transparence qui fait sa marque de commerce. Plié dans une petite chaise, attendant son tour, il n’avait pu s’empêcher de sourire en écoutant les commentaires de son supérieur. La situation avait un grand potentiel de malaise, mais rien de ce qu’il venait d’entendre n’était nouveau à ses oreilles.

 

« Il adore ses joueurs, il souhaite le meilleur pour chacun d’eux et c’est comme ça qu’il dirige. Avec lui, c’est noir ou c’est blanc. Il n’hésite pas à nous complimenter, mais il ne se gêne pas non plus pour nous dire nos quatre vérités. Personnellement, c’est ce genre d’entraîneur dont j’ai besoin. Je ne veux pas toujours me faire dire que tout est parfait. »

 

Un joueur « unique »

 

Et Dieu sait que tout n’est pas parfait avec McCarron. Mais tout n’est pas mauvais non plus. Bouchard prend le pari que les atouts de l’imposant joueur de centre sont encore au diapason avec ses ambitions et que le train n’a pas encore quitté la gare pour l’espoir de 24 ans.

 

« J’en ai parlé avec Mac, il est unique. Des gars comme ça, il n’y en a pas beaucoup. C’est une présence physique sur la glace, c’est une présence dans la chambre. C’est un gars dont la constance et le dynamisme dans son jeu vont lui permettre de se démarquer. Tu regardes l’écran, il faut qu’il pop dans l’écran. Faut que tu le voies, faut que tu le remarques. Que ça soit un match de la Ligue nationale ou de la Ligue américaine, c’est un gars qui doit ressortir par son implication dans le jeu. À travers tout ça, il va amener de l’offensive parce qu’il va au filet, parce qu’il est fort physiquement, parce qu’il va gagner des mises en jeu importantes. Mais au-delà de ça, pour moi c’est une présence. Quand je vois les grandes jambes à Mac bouger et qu’il est dynamique, pour moi il apporte quelque chose à une équipe de hockey. »

 

« Mes attentes envers lui ne sont pas qu’il réussisse un tour du chapeau ou qu’il obtienne 15 chances de marquer à chaque soir, tempère Bouchard. Mais je veux le voir jouer de la bonne façon peu importe son temps d’utilisation ou l’identité de ses compagnons de trio. Je pense qu’un gars comme lui a beaucoup à donner à une équipe et je pense que c’est ce qu’il veut faire. »

 

« Je suis prêt à jouer »

Remis de la blessure à l’aine qui lui a fait manquer l’essentiel du camp d’entraînement du Canadien, McCarron semble amorcer sa cinquième saison professionnelle dans de bonnes dispositions. Pour la première fois en quatre ans, ses épaules sont libérées de toute douleur. Son coup de patin, promet-t-il, continue d’évoluer.

 

« Je ne sais pas si vous vous rappelez, quand j’ai été repêché, tout l’état-major disait de moi que j’étais un projet à long terme. Je ne sais pas s’ils ont tourné le dos depuis, mais je n’ai pas arrêté de m’améliorer depuis », lance-t-il avec une pointe d’amertume en bouche.

 

« Je ne crois pas avoir été dépassé par d’autres joueurs au sein de l’organisation. Je me considère  toujours comme un très bon joueur. Je ne sais pas comment je suis perçu dans l’organisation, mais il n’y a pas grand-chose d’autre que je puisse faire que continuer à travailler fort et voir où ça me mènera. Que ça soit ici ou ailleurs, je serai de retour dans la LNH un jour. »

« Il n’y a rien de décourageant dans la situation de Mac, tranche Bouchard. Il a l’avenir devant lui. »