MONTRÉAL – Depuis des années, Joël Bouchard se faisait dire que son approche sans répit serait un échec au niveau professionnel. Maintenant que le Rocket de Laval a savouré son premier championnat de division, il peut se féliciter d’être demeuré fidèle à sa vision. 

Certes, le succès d’un club-école dans la Ligue américaine ne se limite pas aux victoires. Bouchard n'a pas l'intention de se pavaner même si le Rocket affiche un épatant dossier de 22-5-3. Mais, au-delà des résultats, Bouchard, son fidèle complice Daniel Jacob et leur entourage ont prouvé qu’ils peuvent raffiner l’arsenal de plusieurs joueurs. Avant leur arrivée aux commandes du Rocket, le concept de développement finissait par être flou dans l'organisation du Canadien. Désormais, on constate qu’un passage par le Rocket peut rehausser le potentiel d’un joueur pour la LNH. 

Ça ne veut pas dire que tous les athlètes peuvent se mouler à ses exigences élevées. Bouchard ne craint pas de froisser au passage, mais il le fait avec des intentions positives. Mardi soir, après une autre performance acharnée de sa troupe, il a voulu vanter ses protégés qui ont plongé, à fond, dans l’aventure. 

« Je me faisais tout le temps dire que ça ne fonctionnerait pas au niveau professionnel ce que je fais. Mais j’ai une vision de ce que je pense que le sport devrait être et je ne me soucie pas de ce que les autres disent, je ne suis pas sur les réseaux sociaux. Je veux me concentrer sur nos joueurs et ils doivent embarquer. C’est le partenariat qu’on a développé avec eux. Il faut trouver les joueurs qui cadrent avec cette mentalité. Ce sont des détails exigeants, j’en suis conscient sauf que c’est valorisant et ça donne une chance de gagner », a commenté Bouchard.  

« Mais ça commence avec les joueurs, ce sont eux, les artisans », a-t-il insisté. 

L’exposé de 2021 remplit de fierté les entraîneurs du Rocket. 
 
« Les joueurs se soucient de leurs coéquipiers et je trouve que notre équipe a grandi, notre organisation également. Je parlais avec Daniel cette semaine et on se disait ‘Est-ce moi ou bien les gars progressent encore ?’ », a confié Bouchard épaté. 

Le capitaine Xavier Ouellet est un candidat idéal pour témoigner que la philosophie de Bouchard est payante.  

« Je pense que oui, on est en train de le prouver comme équipe. Dans la Ligue américaine, il y a beaucoup de changements. Quand tu peux avoir un bon groupe de vétérans et une bonne philosophie, c’est une recette pour le succès. Je trouve qu’on s’améliore chaque année ici », a noté Ouellet.  

« Je donne crédit aux joueurs qui ont été avec le Rocket toute la saison. J’ai passé beaucoup de temps sur l’escouade de réserve. Je félicite les vétérans, il y a eu beaucoup de blessés et plusieurs jeunes ont disputé des parties. Ça expose un peu la philosophie développée ici à Laval, on est une organisation qui veut gagner et qui aborde les choses au sérieux », a-t-il ajouté. 

Ces belles paroles s’accompagnent toutefois d’un goût amer puisque le Rocket ne pourra pas récolter les dividendes de son travail en séries. Même si le sort est connu depuis un certain temps, le championnat de division acquis mardi ne fait que le rappeler aux joueurs. 

« C’est dommage qu’on ne puisse pas jouer de séries éliminatoires, on considère qu’on a une très bonne équipe qui aurait pu se rendre loin. Ce fut une année bien plaisante », a évoqué Jake Lucchini. 

« On le sait depuis un bout, mais on se dit souvent entre joueurs qu’on aurait aimé jouer en séries surtout avec la saison qu’on vient de connaître. Dans un aréna comme la Place Bell, l’ambiance aurait été incroyable. Mais c’est une année pour s’améliorer et tout le monde a embarqué dans ce plan si bien qu’on a tous progressés », a renchéri Yannick Veilleux. 

Le cas de Veilleux devient justement un exemple éloquent. Le Québécois de 28 ans a relancé sa carrière avec le Rocket et il déploie un style complet qui pourrait inciter une équipe de la LNH de lui accorder une chance.  

« Je suis entièrement d’accord, il est arrivé avec le couteau entre les dents. C’est un grand travaillant et il est extrêmement fort. Il a une bonne attitude et ça paie avec le temps, même si ça arrive parfois plus tard dans une carrière. Les bonnes choses arrivent à des personnes comme lui », a jugé Ouellet à propos de son coéquipier qui a rehaussé ses habiletés sans se laisser piler sur les pieds pour autant.