MONTRÉAL – Difficile de trouver un joueur du Rocket de Laval qui en a arraché, vendredi soir, face aux Senators de Belleville. Si Rafaël Harvey-Pinard s’est illustré avec deux autres buts, Ryan Poehling et Gianni Fairbrother ont chacun connu une prestation encourageante pour des motifs différents. 

Après un départ flamboyant, l’adaptation au hockey professionnel n’a pas été de tout repos pour Poehling. Mais le patineur de 22 ans semble en voie de trouver ses repères et il admet d’emblée que c’est en raison de son attitude envers le sport dont il a été privé pendant un an. 

« Ce n’est pas aussi compliqué que les gens peuvent parfois le présenter. C’est avant tout de se souvenir à quel point j’aime jouer au hockey. Je me suis bien ennuyé pendant 13 mois et, cette année, j’aime jouer au hockey. Ça m’aide beaucoup », a-t-il lancé avec un visage serein et heureux. 

Joël Bouchard, et ses adjoints, ont travaillé fort avec Poehling pour qu’il intègre des ajustements à son arsenal et les efforts rapportaient, de plus en plus, avant l’éclatement de la pandémie. Cela dit, Bouchard reconnaît que ses épaules semblent moins pesantes. 

« Je crois qu’il joue plus librement. Il se mettait beaucoup de pression la saison dernière. Ça en fait beaucoup à gérer pour un jeune quand il marque trois buts à son premier match. Il a connu une très bonne année d’apprentissage l’an dernier. Je l’emploie dans toutes les circonstances pour lui donner de l’expérience », a convenu l’entraîneur. 

Son sourire voulait tout dire quand un confrère lui a fait remarquer qu’il devait se sentir plus léger après son premier but depuis le 13 janvier 2020. Ce n’était pas son plus beau but en carrière, mais, comme il précise avec justesse, il a été récompensé parce qu’il joue de la bonne manière. 

Voilà d’ailleurs le Poehling que les partisans du Canadien ont pu observer dans cette partie. Impliqué d’un bout à l’autre de la patinoire, il n’a pas ménagé les efforts et il a été à la hauteur sur le trio complété par Jesse Ylönen et Michael Frolik. 

« La chose la plus importante, c’est de jouer de la bonne manière. C’est ce qui aide à gagner et ça devient contagieux », a noté Poehling. 

Il ne s’agit pas d’un contexte facile, mais la compétition très relevée chez le Rocket – en nombre et en talent – poussera aussi les joueurs comme Poehling à se surpasser. 

« On est tous des compétiteurs, mais les entraîneurs s’assurent qu’on adhère à leur plan », a indiqué Poehling qui voit de belles leçons à retenir. 

Par la force des choses, Bouchard doit rayer plusieurs joueurs de sa formation, match après match. Pour l’instant, il n’hésite pas à retirer des vétérans de celle-ci et, jusqu’à présent, la réponse est excellente. Une solution pour certains passerait par un rappel sur l’escouade de réserve ou avec le CH. On oserait dire que plusieurs joueurs ont plaidé leur cause, vendredi, avec une prestation étoffée. 

« Je l’ai dit dans notre réunion après la partie : une chose dont je suis très fier, c’est la réaction des vétérans qui étaient avec nous l’an dernier. Je sens une continuité et c’est contagieux. Les Dauphin, Lynch, Vejdemo, Leskinen, Olofsson, Ouellet... Ils ne sont pas revenus croches, ça se transmet aux autres et les jeunes sont en mesure de suivre la cadence. Les vétérans ont passé un match sur deux dans les gradins, je devais leur vendre cette idée pour faire jouer les jeunes. Tous mes chums dans le hockey me disaient ‘Ça va chialer', mais zéro. C’est la chose dont je suis le plus fier cette semaine », a évoqué Bouchard.

Concrètement, ça se reflète sur la patinoire par une équipe en pleine possession de ses moyens. 

« On n’a pas besoin de retourner à la case départ. Dans un sens, je suis un peu surpris parce qu’on a été privés de hockey si longtemps. Je peux modifier la formation, mais ce n’est pas grave quand les gars ont le bon style de jeu », a reconnu l’entraîneur avec satisfaction. 

Fairbrother méritait un bon départ

Pour ceux qui suivent de loin le Canadien et qui ont raté le début du match à RDS, Gianni Fairbrother a sans doute paru comme un défenseur d’expérience dans la Ligue américaine de hockey. 

C’est vous dire à quel point l’athlète de 20 ans a été solide à son tout premier match dans ce calibre. Pourtant, on parle bien d’un niveau très difficile à assimiler même pour des joueurs très talentueux. De surcroît, l'audition survenait après une inactivité de 13 mois. 

« Je trouve que ça s’est pas mal bien passé. Évidemment, c’est un gros saut à partir du hockey junior. Les dernières semaines d’entraînement ont été très utiles pour assimiler le rythme de ce niveau, ce fut très bénéfique. Je suis content de la manière dont j’ai pu m’ajuster », a déclaré le choix de troisième ronde du CH en 2019. 

Si la saison de la Ligue junior de l’Ouest était débutée, Fairbrother serait en train de jouer avec les Silvertips d’Everett contre des joueurs moins vieux, moins forts et moins costauds que dans la Ligue américaine. 

Pourtant, il n’a pas du tout été malmené physiquement. Il a plutôt fait payer le prix à quelques rivaux. Au final, Bouchard se réjouit surtout pour une chose.  

« Il y a des jeunes que tu veux que ça fonctionne pour eux, et c’est le cas pour Gianni. Ça n’a pas été facile pour lui, il a manqué beaucoup, beaucoup de hockey en raison des blessures. Il méritait d’avoir un bon match et c’est arrivé », a rappelé son entraîneur en faisant référence à sa saison de 37 parties en 2019-2020 et celle de 33 parties en 2017-2018.  

« Il a du caractère, il est intense et il s’est bien intégré. C’est facile parfois de critiquer un dépisteur, mais on voit les joueurs dans un calibre inférieur et tu ne peux pas jamais savoir comment le jeune va s’adapter à un niveau supérieur. Certains vont geler et ils n’auront pas de solutions alors que c’est tout ce qu’on doit faire au hockey », a ajouté Bouchard qui classe Fairbrother dans la catégorie des débrouillards.