Protège-cou obligatoire : moins beau, plus sécuritaire
LAVAL – Xavier Simoneau a noté la réelle différence qu'au moment de sourire pour les caméras.
À l'occasion de la journée médias précédant le lancement de la campagne, aucun joueur du Rocket de Laval n'était alors tenu de porter le protège-cou aujourd'hui obligatoire sur les patinoires de la Ligue américaine de hockey (LAH).
« Je me sentais plus lousse un peu. »
C'est tout.
« Au niveau de la game, ça ne change absolument rien. Tu t'habitues assez vite », témoigne l'énergique attaquant du club-école du Canadien de Montréal, qui renoue avec la pièce d'équipement après l'avoir délaissée à ses deux premières campagnes chez les professionnels.
Le circuit de développement a annoncé en août dernier qu'il rendait obligatoire à compter de cette saison le port d'un protège-cou résistant aux coupures pour tous les joueurs et les officiels sur la glace.
Le changement, entré en vigueur à la suite d'un vote unanime du conseil des gouverneurs de la LAH, fait suite au décès tragique d'Adam Johnson, survenu il y a presque un an jour pour jour, le 28 octobre 2023.
L'Américain de 29 ans jouait alors pour les Panthers de Nottingham dans la Ligue élite d'Angleterre lorsqu'il a été lacéré au cou par la lame d'un patin d'un adversaire pendant un match de la Champions Cup.
Ce triste événement a rapidement incité la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) à imposer le port obligatoire de la pièce de protection pour son Championnat du monde et ses tournois olympiques. La Ligue junior de l'Ouest (WHL) a fait de même, se ralliant au règlement déjà en vigueur ailleurs dans la LHJMQ et l'OHL.
« C'est sûr qu'au début, c'est un peu différent, mais moi personnellement, ça ne me dérange vraiment pas, insiste Simoneau. Je pense que tous les gars, on l'accepte. On l'a vu, ça peut nous sauver. C'est ben correct. »
« Avec ce qui est arrivé l'année passée, ça prouve qu'on n'est jamais à l'abri d'une bad luck », approuve le coéquipier de Simoneau, Alex Beaucage, qui en est à sa quatrième saison dans la LAH.
« C'est sûr que côté esthétique, c'est peut-être moins beau, mais côté confort, ça ne m'affecte pas pantoute », assure le choix de 3e tour de l'Avalanche du Colorado en 2019.
Pour l'instant, la LNH n'a pas emboîté le pas, le commissaire Gary Bettman expliquant récemment au réseau ESPN que la ligue ne pouvait aller de l'avant sans s'entendre avec l'Association des joueurs de la LNH (AJLNH).
« Les joueurs sont libres de porter ou non des protège-cous, mais je l'encourage fortement », s'est-il limité à dire.
Rares sont les joueurs de la LNH qui pour le moment l'ont ajouté à leur armure régulière. L'attaquant des Capitals de Washington T.J. Oshie l'a toutefois adopté à temps plein, lui qui a fondé Warroad, une compagnie qui développe et commercialise depuis 2018 une tenue protégeant à la fois le cou et les poignets de coupures pouvant s'avérer mortelles.
S'ils étaient rappelés demain matin par le Tricolore, Simoneau et Beaucage affirment qu'ils ne laisseraient pas leur protège-cou dans leur casier de la Place Bell.
« Je pense que je le garderais, je suis rendu vraiment habitué. Il fait de toute façon partie de la combine avec laquelle je joue », note Simoneau.
« J'aime ça rester dans mes affaires », ajoute Beaucage.
Quand il a été rappelé par le Canadien la fin de semaine dernière, le capitaine du Rocket Lucas Condotta a quant à lui décidé de s'en passer.
« Je n'en avais pas porté un depuis mes années juniors, mais après quelques jours sur la glace, on s'y fait. Ce n'est qu'un peu différent », commente l'Ontarien de 26 ans, qui a joué quatre ans dans la NCAA, où le port du protège-cou n'est toujours pas requis, avant de faire ses débuts dans la LAH au printemps 2022.
« En porter un n'est pas un problème, assure-t-il. Mais si le choix me revient, je préfère ne pas le mettre. »
Il n'est certainement pas le seul.