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RÉSULTATS

Sean Farrell : quand le casse-tête s'assemble enfin

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LAVAL – Avant de débarquer à la Place Bell pour s'y établir à temps plein, Pascal Vincent a reçu un profil définissant le portrait de chacun de ses futurs joueurs, tels que vus par les gens déjà à l'emploi du Rocket de Laval.

À la lumière de la lecture de ceux-ci, le nouvel entraîneur-chef s'est ensuite mis à poser beaucoup de questions. Les réponses obtenues au sujet de Sean Farrell étaient unanimes et allaient essentiellement comme suit :

« Sens du hockey extraordinaire. »

« Capable de créer de l'attaque. »

« De bons pieds. »

Ces atouts, Vincent les a lui aussi perçus chez le petit attaquant en première moitié de campagne. Mais rarement en synchronicité.

« J'en voyais des parties, mais je ne voyais jamais les pièces du casse-tête s'assembler. Ce n'était jamais connecté. »

Les chiffres le confirment. À ses 22 premiers matchs de la campagne, le choix de 4e tour du Canadien en 2020 (124e) n'a noirci sa fiche que de deux points, marquant son premier but que le 14 décembre. Un simple lancer en apparence inoffensif que seuls les cordages du filet du Wolf Pack de Hartford sont parvenus à freiner.

« Malgré son début de saison un peu plus difficile, son attitude et son éthique de travail étaient excellentes. On espérait que c'était juste une question de temps, et il y a eu un déclic contre Hartford », retraçait Vincent, mardi, après l'entraînement des siens.

« Ça lui a permis de se dire :" Bon, finalement! J'ai brisé la glace, je peux bâtir sur ça ". »

« Ç'a aidé de finalement le marquer, mais je ne pense pas que c'est quelque chose qui a changé ma saison dramatiquement », nuance le principal concerné.

Peut-être pas, mais depuis ce premier but, l'Américain de 23 ans affiche un rendement qui étoffe la thèse du coach : 31 points (15 buts et 16 mentions d'aide) en 32 rencontres.

« Maintenant, toutes les parties du casse-tête sont connectées. Chaque fois qu'il est sur la glace, j'ai l'impression qu'on a une chance de marquer un but », observe Vincent au sujet de l'espoir qu'il a retranché de sa formation à quatre reprises avant son réveil offensif.

« Je n'étais pas capable de lui trouver une place. [...] Son exécution était bien, mais la touche finale faisait défaut. Son jeu défensif était vraiment bon, mais nous nous attendions à une contribution offensive et elle n'était pas là. »

« Est-ce que c'était à cause du nouvel entraîneur, du nouveau système, des attentes qu'il avait envers lui? Je ne sais pas, mais ce que je sais, c'est qu'il était compétitif dans les pratiques et qu'il ne cherchait pas d'excuses », louange Vincent.

« C'était frustrant, concède quant à lui Farrell. Jamais dans ma carrière de joueur je n'avais vécu pareille chose. Je savais qu'il serait difficile de s'en sortir, mais lentement j'ai commencé à voir des améliorations. Même si les points et les buts ne venaient pas nécessairement, je pense que j'ai renoué avec mon identité. Et maintenant, je me sens à la bonne place. »

L'heureux revirement qu'opère Farrell trouve également son origine dans l'identité de ses partenaires de trio. C'est d'abord aux côtés du capitaine Lucas Condotta et du toujours énergique Xavier Simoneau que Farrell estime avoir recommencé à jouer comme il en est capable à la mi-décembre.

Les blessures et les rappels d'attaquants à Montréal ont par la suite libéré une place sur le premier trio qui lui était destinée. Il y réside maintenant en permanence depuis près d'un mois et demi. Avec Laurent Dauphin pour joueur de centre et Alex Barré-Boulet sur le flanc droit, l'ailier gauche a été particulièrement dominant, ajoutant 11 buts et 13 passes à son dossier à ses 17 plus récentes sorties.

« On a connecté et ça va bien sur le jeu de puissance. Tout s'aligne au bon moment pour moi. Avoir à mes côtés ces gars-là, qui jouent depuis longtemps et qui sont de très bons joueurs, c'est fantastique. J'essaie juste de faire de mon mieux. »

« Pour jouer avec Dauphin et Barré-Boulet, il faut être capable de suivre le rythme, fait remarquer Vincent. Ça va tout le temps dans les deux sens. Il est non seulement capable de suivre le rythme, il pousse le tempo. »

« Il va avoir une chance »

Ce qui nous amène à LA question. Farrell est-il mûr pour un rappel à Montréal?

« Je ne voyais pas trop cette possibilité en début de saison, mais là je la vois, répond Vincent. Je peux imaginer qu'il puisse jouer des matchs.

« Les joueurs de ce type-là trouvent un moyen, à un moment donné, d'avoir une chance et d'en profiter pour s'établir, continue le pilote. Sa progression présentement m'indique qu'il va avoir une chance et qu'il va en profiter. »

Près de deux ans après avoir joué six matchs dans l'uniforme tricolore à sa sortie des rangs universitaires américains, l'ancien de l'Université Harvard admet qu'il pensait à l'époque qu'il n'aurait peut-être pas à patienter aussi longtemps avant d'être rappelé à nouveau. Il a appris depuis que chaque chose vient en son temps.

« La dernière saison a été difficile avec les blessures », note celui qui a été limité à 47 matchs en 2023-2024. « J'ai le sentiment que je n'ai pas joué mon meilleur hockey pendant une longue période de temps. Mais ça va bien cette année sur le plan de la santé et j'ai été en mesure de jouer des matchs. Je joue finalement du bon hockey avec rythme. »

« C'est une bonne leçon pour nous, il faut rester patients avec nos jeunes, prêche Vincent. Ils ont un talent et il y a une raison pour laquelle ils sont ici. C'est ce que nous avons fait, et il en a pris avantage, parce qu'en ce moment, c'est un de nos meilleurs joueurs. »