LAVAL – Charlie Lindgren et Michael McNiven n’ont pas seulement gagné partout où ils sont passés, ils ont dominé la compétition. Cette année, ils ont littéralement frappé un mur.

 

Pour eux, la saison actuelle ne ressemble en rien à ce qu’ils ont connu récemment. À sa dernière année universitaire, Lindgren a présenté un fascinant dossier de 30-9-1 alors qu’il doit se contenter actuellement d’un rendement de 8-15-1. Pour McNiven, il avait brillé avec une fiche de 41-9-2 la saison passée avec l’Attack d’Owen Sound ce qui ne se compare en rien avec celle de 6-14-1 pour sa saison recrue dans la Ligue américaine.    

 

Mardi matin, chacun leur tour, Lindgren et McNiven ont eu la maturité de s’ouvrir sur cette saison rocambolesque sans se défiler d’aucune question. Ébranlés, mais pas tombés, ils entretiennent la conviction que cette épreuve deviendra salutaire à long terme. 
 

« Ce fut définitivement une année très difficile. J’aime gagner et j’aime être reconnu comme un gagnant, mais ça n’a pas fonctionné de cette façon cette année. Je crois que je peux beaucoup apprendre d’une année comme celle-ci.  La quantité d’adversité que j’ai dû traverser a été immense, mais ça ne m’a pas brisé », a mentionné Lindgren qui dégage une solidité psychologique rassurante.

 

« On ne voulait clairement pas connaître une saison comme celle-ci, mais on avait le bon environnement pour se développer. Il faut définitivement être fort mentalement. On ne doit pas perdre notre confiance, il faut essayer de ne pas la perdre », a noté McNiven qui s’est inspiré du calme projeté par Lindgren et Zachary Fucale à travers les embûches des derniers mois.

 

Par la force des choses, l’éprouvante campagne du Rocket aura avant tout permis de développer l’arsenal mental de ces deux cerbères.

 

Du côté de McNiven, l’obstacle est devenu encore plus imposant puisqu’il devait se familiariser avec sa nouvelle vie.

 

Michael McNiven« Il a grandi et il a appris beaucoup de choses sur comment devenir un professionnel, a avoué l’entraîneur Sylvain Lefebvre. Tu ne peux plus uniquement te fier à ton talent et embarquer sur la glace. Tu dois développer des habitudes de préparation physique et mentale. Il ne faut pas le faire seulement avant une partie, mais bien pendant toute la semaine. »

 

« Du jour au lendemain, tu aboutis avec des professionnels. Tu dois composer avec ta préparation, ton entraînement, ton alimentation et le fait que tu n’habites plus dans une pension. Ça fait beaucoup de choses à apprendre et il en reste encore », a indiqué Marco Marciano, l’entraîneur des gardiens du Rocket.

 

Mais la transformation ne s’arrête pas là pour lui. Les spécialistes de l’organisation du Canadien ont jugé qu’il devait modifier plusieurs éléments techniques.

 

« Si on compare à où j’en étais au début de l’été passé quand je suis déménagé à Montréal, mon jeu a complètement changé. On a mis l’accent sur plusieurs trucs dont ma position de base, ma façon de capter les rondelles  et mes mouvements. Je commence à mieux me sentir », a admis McNiven.

 

Tout d’un coup, les moments de défaillance deviennent moins inquiétants. L’athlète de 20 ans ne fait que commencer à sentir les bénéfices de ce changement de style.

 

« Ce n’est pas facile à faire. Je pourrais regarder des images d’il y a trois ans lors mon premier camp de développement à Montréal et me dire que ce n’était pas affreux. C’était ainsi que je jouais et que j’aimais faire les choses, mais quand tu veux monter chez les professionnels, tu dois t’ajuster parfois. Au départ, ce n’était pas ce que je voulais faire, mais je suis devenu plus confortable et maintenant ça va beaucoup mieux », a-t-il détaillé avec franchise.

 

McNiven peut donc regarder sa moyenne de buts alloués (3,44) et son taux d’efficacité (.885) avec moins de déception. Lindgren est également en mesure de relativiser ses statistiques de 3,32 et .887.

 

« Je considère quand même que mon jeu se situe à un bon niveau. Quand tu regardes à mes statistiques dans la LAH, elles ne sont vraiment pas reluisantes, mais je ne crois pas qu’elles reflètent mes performances. Je n’ai pas eu l’impression d’allouer tant de mauvais buts cette saison. Ce sont les autres équipes qui ont dû travailler fort pour les compter », a exprimé Lindgren sans vouloir écorcher le support trop souvent déficient devant lui.

 

S’il parvient à faire la part des choses de cette manière, c’est que Lindgren a profité d’un appui déterminant. En plus de ses parents qui demeurent de précieux conseillers, Marciano est devenu un allié de taille.   

 

« Je lui parle beaucoup. Bien sûr, il est très bon dans ses enseignements aussi sauf qu’il n’a pas été qu’un entraîneur des gardiens cette année, il a également été un ami, un guide et un conseiller. Quand je suis frustré, je peux aller lui parler et il trouve les bons mots. Il est positif chaque fois qu’il arrive à l’aréna, il nous motive et il nous inspire », a vanté Lindgren.

 

En plus de Marciano et Lefebvre, McNiven a tenu à lancer des fleurs à Fucale, le troisième gardien dans cette équation inégale qui a conservé une attitude irréprochable.

 

« Zach a été merveilleux avec moi depuis le moment que je l’ai rencontré à un camp d’Équipe Canada alors que j’avais 16 ans. Je ne me sentais pas trop à ma place et je me souviens exactement des mots qu’il avait employés : ‘Tout le monde est ici pour une raison, un jour tu auras atteint un haut niveau. Essaie d’apprendre le plus que tu peux’ », a raconté un McNiven reconnaissant qui n’aurait jamais imaginé se retrouver à ses côtés quelques années plus tard.

 

Terminer en force en pensant à l’année prochaine

 

Lindgren et McNiven ne peuvent pas le nier. Tout comme les partisans, ils songent déjà à la prochaine saison. À moins d’un revirement de situation, le plan du Canadien prévoit que Lindgren fera le saut à temps plein dans la LNH ce qui ouvrira le poste de numéro un pour McNiven.

 

Charlie Lindgren« Oui, ça habite mes pensées. Mais je continue de vouloir terminer l’année en force et c’est ma priorité. C’est clair que je veux être dans la LNH la saison prochaine, mais tout commence par le travail que je vais accomplir dans les prochains jours », a reconnu Lindgren.

 

De son poste d’entraîneur, Lefebvre est loin de vouloir les empêcher de penser à cette saison qui s’annonce importante dans leur développement. Après tout, Lindgren a déjà prouvé qu’il pouvait réussir des performances de haut niveau dans la LNH. Ironiquement, il l’a fait durant la saison la plus frustrante de sa carrière.

 

« C’est vrai, j’ai aussi vécu parmi mes plus beaux moments avec mes quelques semaines à Montréal. Quand je regarde l’ensemble de ma carrière, ça se classe parmi mes matchs préférés », a jugé Lindgren en parlant surtout de sa portion de 3-1-1, incluant un blanchissage, au début novembre.

 

« C’est étrange de passer par des sensations aussi opposées. Quand ça va bien à Montréal, tu as l’impression d’être au sommet de la montagne », a-t-il ajouté sans vouloir manquer de modestie.

 

« Assurer la relève de Carey Price à Montréal dans une situation qui n’était pas facile, c’est gros comme pression. […] Il a vécu une saison d’apprentissage et il pourra faire les ajustements. Il a une bonne tête sur les épaules, il va s’en remettre, c’est certain », a conclu Lefebvre.