LAVAL – Le Rocket disputera son dernier match avant Noël le 20 décembre à Utica et ne reprendra l’action que sept jours plus tard contre les Marlies de Toronto. Dale Weise, qui a passé les huit dernières saisons dans la Ligue nationale, ne se souvient pas de la dernière fois qu’il a pu profiter d’un aussi long congé des Fêtes.

Le natif de Winnipeg préparera donc la chambre d’amis et dépliera le futon afin d’accueillir des membres de sa famille élargie dans la maison qu’il occupe avec sa femme et leurs quatre enfants à Brossard. Pour le vétéran de 31 ans, ces retrouvailles agiront comme un baume apaisant sur une plaie qui tarde à se cicatriser.

« S’il y a un avantage à se retrouver ici, ça serait celui-là, concédait-il après l’entraînement du Rocket jeudi. Mais c’est le seul. »

Près de trois mois après avoir été retranché du camp du Canadien, Weise peine toujours à s’ajuster à la vie dans la Ligue américaine. Il l’avoue avec sa franchise habituelle, celle qui avait fait de lui une ressource si rafraîchissante dans le vestiaire lors de son premier passage dans l’organisation, de 2013 à 2016. Passer pour un plaignard est la dernière chose qu’il souhaite en acceptant de faire le point sur sa situation.

« Je n’ai pas besoin d’une épaule sur laquelle pleurer, met-il au clair au milieu de la conversation. Je suis choyé de pouvoir gagner ma vie en jouant au hockey. Je la gagne très bien d’ailleurs et je ne veux la pitié de personne. »

Ceci étant dit, voici la situation : depuis un mois, le Canadien a rappelé quatre joueurs de son équipe réserve dans l’espoir de combler la perte de l’un de ses réguliers. Tour à tour, Charles Hudon, Matthew Peca, Riley Barber et Ryan Poehling se sont vu confier du temps de jeu sur le quatrième trio du CH. C’est exactement le rôle que Weise a rempli dans la majorité des 490 matchs de saison régulière qu’il a joués dans la LNH et il demeure persuadé qu’il pourrait toujours s’en acquitter avec son efficacité d’antan. Mais il roule aussi sa bosse depuis assez longtemps pour comprendre qu’au hockey, une belle confiance n’a pas plus de valeur que les chiffres qu’elle permet de générer.

Et les siens, depuis le début de la saison, sont insuffisants pour attirer l’attention : six petits points en 23 matchs.

« Les gars qui ont été rappelés méritaient de l’être. Je ne dirais pas que c’est mon cas, estime-t-il en toute transparence. Je n’ai pas vraiment bien joué dans les dix derniers matchs. En fait, je n’ai pas nécessairement été mauvais, mais je n’ai pas produit. Alors tout ça est compréhensible. Je ne m’attendais pas à un rappel. »

Weise attribue à une série de facteurs son décevant début de saison. À l’extérieur de la patinoire, sa nouvelle réalité le contraint à multiplier les navettes entre les deux rives de l’île de Montréal pendant qu’à la maison, sa conjointe s’occupe d’une paire de jumeaux nés le printemps dernier.

« Je suis en mode ‘papa’ la grande majorité du temps. J’adore ça, c’est même la partie de ma vie que je préfère et j’en suis très reconnaissant. Mais un jour de match, je passe une heure dans le trafic pour me rendre à l’entraînement matinal et ça me prend 40 minutes pour revenir à la maison. J’y reste à peine une heure, je vais chercher les enfants à l’école et je refais la route vers l’aréna. Quand on joue trois fois en quatre soirs, ça devient difficile. Ça n’a rien à voir avec la Ligue nationale, ce sont deux mondes complètement différents et après autant d’années à y évoluer, l’ajustement à un nouveau mode de vie est ardu. »

Sur la glace, Weise a dû composer avec des pépins physiques qui ont ralenti son intégration dans le groupe d’attaquants de Joël Bouchard. Et lorsqu’en santé, il juge qu’on lui a trop rarement confié le genre de missions qui l’auraient aidé à se mettre en valeur.  

« Je joue en avantage numérique, mais dans l’ensemble mon temps d’utilisation ne se compare pas à celui des gars qui sont utilisés sur les principaux trios offensifs. Et dans cette ligue, pour accumuler les points, il faut jouer beaucoup et obtenir beaucoup d’opportunités. »

« C’est extrêmement difficile de conserver un bon niveau de confiance ici-bas, ajoute-t-il. C’est un cercle vicieux : j’ai éprouvé quelques difficultés, ma production en a souffert, l’absence de résultats m’empêche d’obtenir du temps de jeu et en conséquent, je continue d’en arracher. C’est difficile de se sortir de cet engrenage. »

Il y a quand même une lueur d’espoir pour Weise. Mardi dernier, il a marqué son troisième but de la saison en plus de jouer les héros en fusillade dans une remontée victorieuse aux dépens des Monsters de Cleveland. Avec les blessures qui affectent présentement Charles Hudon, Alex Belzile, Phil Varone et Matthew Peca ainsi que la présence de Riley Barber à Montréal, la porte risque d’être grande ouverte au cours des prochaines semaines pour qu’il se voie offrir les conditions qu’il désire pour améliorer son sort.

Si ce n’est pas pour un rappel cette saison, pour un pouvoir de négociation accru à l’échéance de son contrat l’été prochain.

« J’ai commencé à penser à ce que je voudrais faire l’an prochain, mais de la façon dont je joue dernièrement, je ne m’enligne pas pour avoir le gros bout du bâton. C’est quelque chose qui doit changer dans les prochains mois. Je dois commencer à mieux jouer et à améliorer mes statistiques de façon à pouvoir aider ma cause pour la suite. Et avec tous les gars qui sont à l’écart de l’équipe présentement, j’espère certainement qu’on me confiera les minutes de jeu qui me permettront d’y arriver. »