Allentown, Pennsylvanie - Deux mois. C’est le temps qui s’est écoulé entre la plus récente défaite en temps régulier de Michael McNiven et celle de samedi, un revers de 4-2 du Rocket de Laval à Hershey. Deux mois au cours desquels McNiven a fait des pas de géant et est redevenu le gardien dominant qu’il était dans la Ligue junior de l’Ontario.

 

Avant ce revers à Hershey, où il a accordé trois buts sur 30 tirs (le quatrième a été inscrit dans un filet désert), McNiven a présenté une fiche de 5-0-2 en sept décisions, avec une ronflante efficacité de ,944!

 

Il a ainsi aidé le Rocket à amorcer la présente pause du Match des étoiles avec un retard de cinq points sur les Marlies de Toronto et la dernière place donnant accès aux séries dans la division Nord.

 

Ces succès de McNiven, on ne les anticipait pas après qu’il ait connu une première saison professionnelle difficile en 2017-2018, ponctuée de seulement 6 victoires en 25 matchs, avec une efficacité de ,884.

 

Pas vraiment le début de carrière souhaité pour celui qui avait remporté le titre de gardien de but par excellence de la Ligue canadienne de hockey (LCH), l’année précédente.

 

Mais ce titre et ses trois bonnes saisons avec l’Attack d’Owen Sound ne voulaient plus rien dire: il était rendu chez les pros. Les entraîneurs des gardiens du Canadien et du Rocket, Stéphane Waite et Marco Marciano, avaient détecté quelques failles dans son jeu et il fallait les corriger.

 

Plus facile à dire qu’à faire pour McNiven. « Dans le junior, je me fiais surtout à mon talent, avouait le gardien de 21 ans vendredi matin, quelques heures avant le match du Rocket à Allentown. J’effectuais les arrêts, mais pas toujours de la bonne façon. Ça peut passer dans le junior, mais pas dans le pro. On a donc changé quelques trucs dans mon jeu. L’an dernier, tout comme l’équipe, j’ai connu des hauts et des bas, mais je crois quand même avoir mieux joué que mes chiffres l’indiquent. »

 

Au hockey, comme dans n’importe quel sport, il faut se fier à son instinct. Si tu penses trop avant de commettre tel ou tel geste, tu risques de le rater. McNiven a un peu vécu cette situation l’an dernier.

 

« L’été 2017 a été très gros pour moi. Non seulement je devais m’habituer à vivre seul à Montréal, mais en plus, je devais assimiler toutes les directives de Stéphane et Marco. Cet apprentissage s’est poursuivi tout au long de la saison. Je voulais tellement m’améliorer que, peut-être, je pensais trop devant mon filet. »

 

Son coach, Marco Marciano, abonde dans le même sens. « Comme plusieurs jeunes, Michael a dû s’ajuster aux rangs professionnels. Il devait mieux manger, mieux s’entraîneur, mieux se préparer avant un match, etc. Il a moins joué, vu la présence de [Charlie] Lindgren et de [Zachary] Fucale, alors il a pratiqué davantage. Ça l’a aidé. On voulait surtout améliorer sa vitesse et son positionnement. Cette année, il est arrivé beaucoup plus mature, plus en forme aussi. C’est un gardien de but combatif, qui compétitionne. »

 

Plus maigre, plus rapide

 

L’été dernier, le Canadien a décidé de ne pas renouveler le contrat de Fucale, qui a ensuite joint les Golden Knights de Vegas. Ce départ a laissé le chemin libre à McNiven pour le poste d’adjoint de Charlie Lindgren. « Oui, j’ai vu ça comme un vote de confiance quand Zach est parti, souligne le portier de 6 pi 1 po et 202 lb. Mais tu ne peux jamais cesser de travailler, car de bons gardiens visent toujours à prendre ta place, comme c’est le cas cette saison avec Connor [LaCouvee] et Étienne [Marcoux]. Quand quelqu’un part, quelqu’un d’autre peut arriver. Alors, il faut toujours que tu sois à ton meilleur. »

 

Question d’être à son meilleur, McNiven a perdu au-delà de 25 livres à l’été 2018. Comment? En changeant son alimentation, après que les médecins aient découvert qu’il était intolérant au gluten. Voilà pourquoi il se sentait souvent fatigué après les repas, dit-il. 

 

McNiven est donc maintenant plus léger et plus rapide, ce qui le rend plus efficace. « Tout part du positionnement et de la vitesse dans tes déplacements, précise Marciano. Si tu te rends au point B plus vite, tu as de bonnes chances que ta mitaine, ton bouclier et tes jambières soient mieux placés. Donc, tu vas pouvoir mieux contrôler tes retours, car tu vas arrêter la rondelle de la bonne façon. C’est un peu ce qui se passe avec Mike cette année. Il a une grosse poche de patates de moins à transporter! »

 

La blessure de Lindgren a tout changé

 

Plus en forme que jamais, McNiven a néanmoins dû attendre le 1er décembre avant de finalement avoir sa chance. Charlie Lindgren s’est alors blessé et après un match de « conditionnement » à Brampton, dans la ECHL, McNiven a été rappelé.

 

Il a carrément supplanté Étienne Marcoux dans la bataille du remplaçant à Lindgren, si bien que le Rocket a accordé un contrat d’essai professionnel à Connor LaCouvee et retourné Marcoux dans la ECHL.

 

Dès lors, la situation était claire: le filet allait être celui de McNiven jusqu’au retour de Lindgren, qui a finalement eu lieu le 10 janvier.

 

« Je tente de voir chaque situation comme une opportunité de performer, analyse McNiven, qui n’a jamais été repêché. Ce fut le cas quand Charlie s’est blessé, mais aussi quand on m’a envoyé à Brampton pour que je joue. Les choses changent vite au hockey. Deux semaines après mon match à Brampton, j’étais dans la LNH avec le Canadien! Il faut toujours être prêt.
 

« C’était toute une expérience, ajoute McNiven en parlant de son séjour avec le CH. Les gars ont vraiment été gentils avec moi. Je n’ai pas joué, mais la transition s’est bien faite de la Ligue américaine à la Ligue nationale. J’ai beaucoup appris à m’entraîner une semaine avec les joueurs du Canadien et à regarder ses adversaires pendant les trois matchs où j’ai servi d’adjoint. Cette expérience va m’être bénéfique. »

 

Pour l’instant, nul ne sait qui sera l’adjoint de Carey Price la saison prochaine. Le Canadien accordera-t-il un nouveau contrat à Antti Niemi? Donnera-t-il une promotion à Charlie Lindgren, qui est rendu à 25 ans et qui en est présentement à sa première année d’un contrat de trois ans à un salaire garanti de la LNH? Considérera-t-il une autre option? Nul ne le sait.
 

Mais, chose certaine, s’il continue ainsi, McNiven pourrait forcer la main à la direction du Canadien de lui confier le poste de numéro un du Rocket.