LAVAL – Une victoire inespérée vaillamment décrochée dans les dernières secondes de la troisième période à Providence, une autre bêtement échappée pendant quelques minutes d’égarement à Hartford. Le Rocket de Laval est revenu de son premier voyage de la saison avec des regrets à ruminer, mais aussi plusieurs points positifs sur lesquels s’appuyer.

 

Dans la balance de Joël Bouchard, ces derniers pèsent assez lourd pour faire contrepoids aux irritants qui ont ponctué la fin de semaine de son groupe.

 

« Je n’ai pas vraiment le choix de revenir avec un bilan positif, estimait l’entraîneur-chef mardi. Les gars ont travaillé extrêmement fort. Il y a trois minutes qui nous ont fait mal à Hartford, dans un ‘back-to-back’ assez rapide, mais l’effort était là. »

 

Le Rocket n’a concédé que 20 tirs au but dans son premier match de la saison samedi. Il a été encore plus avare le lendemain, ne laissant que 17 lancers atteindre le gardien Charlie Lindgren. Seul un moment de flottement de 107 secondes au cours duquel il a accordé trois buts, dimanche, a entaché cette impressionnante étanchéité.

 

« Je dirais que ce moment vide, avec quelques erreurs qui ont coûté cher en fin de première, ça nous a dégonflés un peu, récapitulait Bouchard. Mais je respecte les gars. Ils se sont accrochés et se sont donné une chance de gagner quand même à travers tout ça. Les chances de marquer étaient là. Personne n’a abandonné, donc on en sort positif. Satisfait? Non, parce qu’on veut toujours aller chercher le maximum de points. »

 

Il aurait été irréaliste de s’attendre à ce que le Rocket soit une machine parfaitement huilée dès le jour de son lancement. Excluant Lindgren, seulement quatre des joueurs qui étaient en uniforme en fin de semaine ont vécu la saison inaugurale de l’équipe l’année dernière. Le roulement de personnel a beau faire partie de la réalité de la Ligue américaine, une réorganisation aussi majeure provoquera inévitablement un ralentissement dans la mise en place et l’exécution des concepts.

 

D’autant plus que Bouchard, qui compte toujours 31 joueurs à sa disposition à Laval, avait épargné à une poignée de vétérans le poids des matchs préparatoires. Pour lui, ce premier voyage en était un d’initiation et d’adaptation.

 

« Tout le monde entrait dans la saison avec ce week-end-là. Les vétérans, il faut se dire les vraies choses, ils n’avaient pas joué avec l’équipe. C’était les premiers matchs qu’on jouait ensemble. Alors j’ai donné la chance aux vétérans de jouer beaucoup, de se faire la main, de rentrer dans leur saison, d’avoir des bons coups, d’avoir des ratés, de commencer à se connaître et à se comprendre aussi. »

 

« Et moi je suis derrière le banc avec des gars que je ne connais pas vraiment, a ajouté Bouchard en s’incluant dans l’équation. Comparativement au junior où j’avais sept ou huit de mes piliers, peut-être dix ou douze des fois, et quand je disais ‘gauche’, c’était ‘gauche’, quand je disais ‘droite’, c’était ‘droite’. Les gars ont eu une attitude extraordinaire, mais c’était le temps de les libérer, les laisser jouer, les guider un peu, leur donner du millage. Maintenant on prend un pas de recul, on relaxe, on évalue ce qu’on a fait et on repart. »

 

« Mettez-là dedans! »

 

En raison de la taille considérable de son effectif, Bouchard avait décidé de séparer son groupe et de diriger deux entraînements séparés mardi. Mais tout le monde a eu droit à la même dose de son énergie légendaire.

 

Au milieu de la première heure, le coach a interrompu un exercice pour rassembler ses hommes au centre de la patinoire. L’essentiel de son message, qu’il serait impossible de traduire sans censure, se résumait à ceci : les gardiens connaissaient un peu trop de succès à son goût et il voulait voir ses attaquants mettre un peu plus de mordant dans la fin de leurs actions.

 

« F***ing put it in! », a-t-il insisté à plusieurs reprises.

 

« La façon dont tu veux jouer, ce n’est pas si chinois : il faut que tu le pratiques, a justifié Bouchard après avoir déchaussé ses patins. Des fois, l’être humain étant ce qu’il est – que ce soit l’entraîneur ou les joueurs – on se dit ‘je le sais, mais...’ Mais c’est important de finir à toutes les fois. On avait eu une couple de cages désertes et on manquait de concentration, on passait dans le beurre. On se dit que ce n’est pas si grave, mais non, mets-là dedans LÀ. »

 

« C’est une question de prendre des bonnes habitudes, a reconnu l’attaquant Michael Chaput. Il veut s’assurer que si on a la chance de mettre la rondelle dans le but, qu’on le fasse, même si c’est en pratique, même si le gardien n’est pas prêt ou si le jeu est fini, juste pour qu’on s’habitue. Peut-être que ça peut nous donner deux ou trois buts de plus durant l’année et faire la différence. »

 

« Chaque petit point est important, a réitéré Bouchard. Chaque petit détail est important et si tu le fais dans une pratique, c’est juste logique que ça marche dans les matchs. Quand tu coupes les coins ronds dans les pratiques, pour une raison ou une autre, ça ne marche pas dans les matchs. C’est vraiment juste une attitude, un état d’esprit. On est là 50 minutes et on essaie d’être le plus parfait possible. On ne le sera jamais, mais au moins on aura l’intention de l’être. »​