LAVAL – Alexandre Alain était penché sur ses patins, les doigts occupés à desserrer ses lacets, quand les portes du vestiaire se sont ouvertes au terme du match d’ouverture locale du Rocket, le mois dernier.

 

« Ça ne voulait pas rentrer, hein? », lui a lancé un visiteur en faisant référence aux trois tirs sur réception que la jeune recrue avait décoché, sans succès, lors d’une folle séquence en avantage numérique.

 

« Non, mais c’est pas grave, avait-il répondu en haussant les épaules, son sourire habituel conforté par la victoire de 5-2 que son équipe venait de décrocher face aux Devils de Binghamton. Ça va venir. »

 

Alain a confirmé son solide début de saison dans les jours qui ont suivi. Il a amassé son premier point chez les professionnels à son cinquième match, puis a ajouté deux mentions d’aide à sa fiche à son sixième. Au-delà de sa production offensive, son effort était constant et lui a rapidement valu des responsabilités accrues au sein du groupe.

 

Mais le but, celui qu’il avait prédit avec une belle confiance, ne venait pas.

 

« Je continue d’essayer de prendre tout ça à la légère. Je suis un jeune joueur, je savais que je n’allais pas faire 70 buts cette année. Je ne m’étais pas fixé ces objectifs-là, relativisait Alain après l’entraînement de jeudi. Mais veux, veux pas, je suis un joueur de hockey et j’ai eu du succès offensivement ces dernières années, donc c’est sûr que le fait de ne pas scorer, ça met un poids de plus sur mes épaules. »

 

Cet affaissement naturel n’a pas échappé à l’œil de son entraîneur. « Beaucoup de chances de marquer sans marquer, je pense que ça a commencé à l’affecter un peu », a décelé Joël Bouchard.

 

La semaine dernière, avant un match à Utica, Bouchard a convoqué Alain dans son bureau. La rencontre a duré une vingtaine de minutes. « Je voulais lui faire prendre un peu de recul, justifie le coach. On a eu une bonne discussion. Tu sais, le gars, je le connais, je sais comment il est. Je sais qu’il a l’équipe à cœur, je sais qu’il veut. »

 

« J’ai vraiment une bonne relation avec Joël, confirme Alain. J’ai été son capitaine l’an passé et ça fait longtemps qu’on se connaît. Je ne suis pas gêné d’aller le voir et il n’est pas gêné de venir me voir non plus. Comme on le dit depuis le début, c’est un coach qui est proche de ses joueurs, il est capable de ‘feeler’ comment ils se sentent. Il m’a juste pris un à un et on a eu une discussion bien normale. Il ne m’a pas rentré dedans. Il voulait voir comment je me sentais, je lui ai expliqué. Ce qu’il m’a dit, je le savais au fond de moi, mais c’est toujours bon de se le faire rappeler. »

 

Alain hésite à accorder une importance démesurée à ce tête-à-tête, mais le soir même, il a mis fin à une disette de onze matchs en marquant finalement son premier but de la saison dans une victoire de 4-3. Il en a inscrit un autre deux jours plus tard à Cleveland, puis un troisième le lendemain. Vendredi soir, lors de la visite des Sound Tigers de Bridgeport à la Place Bell, il tentera de noircir la feuille de pointage dans un cinquième match consécutif.

 

« Joël m’a dit de ne pas trop penser, de juste essayer de m’amuser, de faire ce que je fais bien. Depuis le début de la saison, ça allait quand même bien au niveau défensif. J’apportais de l’énergie, j’étais utile à l’équipe, mais je sentais que je pouvais aussi apporter plus d’offensive. Souvent, c’est juste dans la tête que ça se passe, ces choses-là. Depuis ce match-là, je suis plus confortable, je suis plus confiant avec la rondelle. Je pense que tout le monde l’a vu, on dirait que la pression est juste moins là. Ma production offensive a augmenté, mais mon jeu dans l’ensemble s’est amélioré aussi et c’est le fun de voir ça. »​