MONTRÉAL – La séquence vidéo a fait le tour du milieu nord-américain du hockey. Un magnifique but, inscrit par une recrue québécoise, en prolongation, pour offrir le championnat du Frozen Four à l’Université Clarkson. Voici le conte de fées d’Élizabeth Giguère.

Dimanche, l’athlète de 20 ans a déclenché un volcan de joie chez les partisans des Golden Knights qui ont célébré avec autant de ferveur qu’on peut mettre en scène dans les films américains à gros budget. Depuis cette fin dramatique, le téléphone de Giguère surchauffe.

Aussi sympathique que talentueuse, elle a tout de même accordé plusieurs entrevues lundi alors qu’elle n’était pas encore descendue du nuage sur lequel elle flotte.

Giguère joue les héros au Frozen Four!

« Je ne le réalise pas encore. Je suis tellement contente et fière d’avoir accompli ça avec cette équipe », a mentionné Giguère avec un sourire impossible à éliminer de sa voix.

Ce but, elle s’en souviendra toute sa vie. Elle a subtilisé la rondelle à une adversaire à la ligne bleue. En déséquilibre, elle a presque chuté quelques enjambées plus tard. Un peu par magie, elle a repris son élan pour accomplir une feinte magistrale.

« Avant d’avoir revu l’extrait sur internet, je ne me souvenais même pas que j’avais failli tomber. Avec toutes les émotions, et ça s’est tellement passé vite, on dirait que j’ai tout oublié. J’ai tout essayé et c’était juste "wow" quand la rondelle s’est retrouvée dans le but », a expliqué l’athlète originaire de Québec.

Giguère a eu la chance de vivre le fascinant privilège qui survient parfois dans le monde du sport : le temps ralentit par lui-même si bien qu’on apprécie encore plus le moment.

« Oui! Ça s’est tellement passé au ralenti que je me demandais après si ça venait d’arriver pour vrai », a raconté la droitière.

Pour ajouter une couche de suspense à l’histoire, sachez que Clarkson avait également remporté ses deux matchs précédents en prolongation.

Élizabeth Giguère« C’est exceptionnel de pouvoir gagner les trois fois, mais on savait qu’on pouvait y arriver. Oui, c’était stressant, mais on avait tous les éléments pour savourer la victoire », a indiqué celle qui s’est établie comme l’une des meilleures recrues au pays.

D’ailleurs, lors du match précédent, Giguère avait orchestré le but gagnant à l’aide d’une passe soulevée. Sur Twitter, elle a tenu à donner le crédit à celui qui lui a appris plusieurs trucs : son cousin, Guillaume Asselin, qui a déjà participé à un camp du Canadien.

Grâce au résultat en finale, les Knights ont goûté aux grands honneurs pour une deuxième année de suite et pour une troisième fois en cinq ans.

« C’est vraiment gros pour notre programme et notre université. On savait que ce serait difficile de conserver notre titre, mais on avait le talent pour y parvenir », a assuré l’ancienne capitaine pour le Cégep de Limoulou.

C’est justement en fréquentant cette institution que Giguère a eu la piqûre pour le hockey universitaire américain.

« C’est là que j’ai commencé à plus regarder la NCAA parce que j’avais des amies à ce niveau. L’an passé, quand elles ont gagné, je me disais "wow, j’aimerais tellement vivre ça l’an prochain avec elles" », s’est rappelée la talentueuse attaquante.

Non seulement son rêve s’est réalisé, mais elle a joué un rôle prépondérant. Comme scénario, ce n’est pas banal pour une recrue de compter le but décisif de la finale du Frozen Four en prolongation.

« Je dois avouer que je ne pense pas tant à mon but, c’est d’avoir gagné en équipe qui me reste en tête. Notre gardienne (Shea Tiley) a été extraordinaire, elle a été choisie la joueur par excellence du tournoi. Elle nous a sauvées du début à la fin. J’étais juste trop contente pour une recrue d’être là », a témoigné Giguère.

Une année à l’écart de l’équipe canadienne

À la lumière de ses résultats avec Clarkson, la réflexion logique est de se demander pourquoi Giguère ne faisait pas partie de l’équipe canadienne.

Dans un article de Radio-Canada, Hockey Canada a avoué qu’elle avait été exclue du processus cette année car elle a échoué à un des tests physiques (le test Léger ou bip test) exigé par les dirigeants du programme canadien.

Giguère ne conserve pas de rancœur envers cette décision.  

« Non, j’ai profité de mon année, je me suis concentrée sur mon jeu pour progresser. L’an prochain, ce sera une nouvelle année et on verra ce qui se passera. Ça ne me dérange pas tant, c’était une année olympique et je savais que je ne les ferais pas. Ce n’est pas plus grave que ça », a mentionné celle qui s’exprime avant tout sur la patinoire.

On peut présumer que Giguère investira tous les efforts nécessaires pour ne pas rater l’aventure des JO de 2022 et que Hockey Canada pourrait difficilement se passer de son talent.