OTTAWA – Lundi soir, Mike Condon a atteint le plateau des 100 matchs dans la LNH. Maintenant qu’il possède ce bagage d’expérience, il peut en parler plus ouvertement : son arrivée dans ce circuit n’a pas été de tout repos à Montréal, dans la marmite que peut devenir le marché du Canadien.

 

L’Américain de 27 ans ne représente pas l’athlète classique. La plupart du temps, ses réflexions vont plus loin que celles de ses partenaires de vestiaire et elles sont toujours exprimées avec respect.

 

En prévision de l’affrontement avec le Tricolore, Condon s’est ouvert sur l’expérience frappante qu’il a vécue en accédant à la LNH via le microscope montréalais.

Avant d’aller plus loin, il importe de rappeler que Condon s’était retrouvé dans l’exigeante position de gardien numéro un en 2015-2016 à la suite d’une blessure subie par Carey Price. Pour ce gardien recrue jamais repêché qui était passé par la ECHL, le saut ne pouvait ne pouvait guère être plus imposant.

 

Au fil de la saison, Condon avait perdu une partie de sa personnalité. Le rouquin originaire du Massachusetts n’était plus aussi volubile et affable. On pouvait sentir que quelque chose le tracassait.

 

Comme un confrère lui faisait remarquer lundi matin, il y a un monde de différence entre Montréal et Ottawa. À preuve, ce journaliste a vu Condon magasiner tout à fait incognito dans un magasin grande surface l’autre jour.

 

« Je pense que c’était avant tout une question de maturité parce que tout était ma première fois à Montréal. Ma première partie, ma première saison... Bref, j’apprenais sur le tas. Tu as toutes ces histoires qui font surface par rapport à l’actualité de l’équipe. Tu essaies de ne pas trop y porter attention, mais le petit hamster dans ta tête, il n’arrête pas de tourner », a confié Condon qui avait effacé ses comptes sur les réseaux sociaux dans ce sens.

 

Après avoir bûché pendant si longtemps sur sa technique et ses qualités physiques, Condon a senti le besoin de travailler sur l’aspect psychologique.

 

« Durant les deux dernières années, j’ai fait beaucoup de travail mental pour mieux gérer ça et me concentrer uniquement sur les choses importantes. Je suis certain que je serais plus capable de composer avec une telle réalité maintenant.

 

« C’est un endroit difficile pour un gardien inexpérimenté, mais c’est également l’une des plus belles choses de ma vie, ce fut une expérience très utile », a élaboré Condon. 

 

« Tu finis par ne plus regarder la télévision et tu ne peux pas trop sortir, ça peut devenir difficile pour les joueurs », a admis celui qui s’est réfugié sur le web pour regarder une panoplie de séries.

 

Au final, Condon essaie de retenir ce qui a garni « positivement » son baluchon.

 

« Quand tu te retrouves dans le plus gros marché, ça donne le ton, ça te donne une idée de la réalité de la LNH. Les leçons apprises là-bas n’ont pas de prix », a convenu celui qui a finalement eu la chance d’affronter son ancien club, lundi soir, en venant en relève à Craig Anderson.  

 

Condon n’a donc pas été emporté le tourbillon de Montréal. Il s’est plutôt ressaisi à Ottawa où il œuvre en tant que substitut à Anderson.

 

Certes, ils ont été plusieurs à douter de lui et ils sont encore nombreux à le faire. Cela dit, l’ancien étudiant de Princeton a franchi lundi soir le plateau des 100 matchs dans la LNH. Quand il repense à tout son parcours, il ne peut que reconnaître que ce sera un moment précieux à ses yeux.  

 

« Je n’aurais jamais pensé en obtenir un seul, donc 100, c’est plus qu’incroyable ! », a-t-il lancé en riant.

 

« Oui, ce sera spécial, je crois que c’est un beau plateau. Avec la perspective sur ma carrière, j’approche chaque match comme une bénédiction. C’est un gros nombre pour un gardien pas repêché, j’en suis vraiment fier », a exprimé le sympathique cerbère.

 

Aucun match préparatoire, aucun problème

 

Si Condon se sent plus à l’aise maintenant grâce à son expérience, son coéquipier Derick Brassard est également redevenu lui-même.

 

Le dynamique joueur de centre a retrouvé tout son aplomb après avoir surmonté une saison d’adaptation à sa nouvelle formation en 2016-2017. Son compteur affiche déjà six buts et cinq aides en douze parties, un rythme de production deux fois plus élevé que l’an passé.

 

Pourtant, les points d’interrogation étaient difficiles à effacer en prévision de cette campagne. Durant la saison morte, Brassard avait subi une opération à l’épaule droite qui a nécessité plusieurs mois de convalescence. Par conséquent, il n’a participé à aucun match du calendrier préparatoire des Sens.

 

« Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, je n’ai pas vraiment patiné cet été. Pendant le dernier mois avant la saison, j’ai vraiment mis les bouchées-doubles, je m’entraînais souvent deux fois par jour pour essayer de jouer le premier match. Je n’étais pas sensé le faire, mais je suis content d’y être parvenu. On me donne l’occasion de contribuer et je me sens beaucoup plus confortable que l’an passé », a déclaré Brassard qui était entouré par plusieurs journalistes.

 

Puisque la recette a fonctionné, Brassard en a profité pour lancer cette blague.

 

« Je vais essayer de négocier la même chose l’an prochain ! », a rigolé le gaucher en parlant de l’étape qui n’est pas toujours la plus plaisante.

 

Condon, Brassard et leurs coéquipiers ne ressentiraient pas autant de plaisir en ce début de saison sans la contribution des acteurs de soutien. En effet, les Sénateurs ont déjà eu à composer avec l’absence de plusieurs joueurs clés. 

 

« On a une relève incroyable qui s’en vient, ça regarde vraiment bien pour notre équipe », a soulevé Brassard qui a constaté une confiance plus solide de sa troupe. 

 

« C’est sûr à 100%, quand tu franchis deux rondes et que tu te rends au septième match contre les champions, ça donne de la confiance. Les gars savent encore plus qu’on a une bonne équipe », a jugé le choix de première ronde (6e au total) des Blue Jackets de Columbus en 2006.