On ne se le cachera pas, les Sénateurs d’Ottawa sont moins imposants physiquement, moins robustes, mais plus habiles sur patin et avec la rondelle. Ils sont également dotés d’un sens du jeu au-dessus de la moyenne, en plus d’être nourris par une envie de se porter à l’attaque.

 

Si nous avions à chercher un dénominateur commun entre les performances offertes par les Sénateurs et le Canadien de Montréal lors de la première semaine du calendrier régulier de la LNH,  je crois que celui-ci se trouverait au niveau de l’apport des unités défensives dans l’aspect offensif du jeu.

 

La mobilité, le jeu transition et le rôle respectif de chaque défenseur à supporter l’attaque ont été quelques-uns des éléments clés des deux équipes, que ce soit sur une deuxième vague (rôle de quatrième attaquant) ou tout simplement l’habileté à placer des rondelles au filet.

 

Il y a quelques années, dans le « hockey d’autrefois », la forte majorité des brigades défensives étaient davantage composées d’un ou deux défenseurs offensifs, trois ou quatre de type plus défensif ou stabilisateur et d’un 6e et/ou 7e en position d’éteindre les feux potentiels. Or, aujourd’hui, la « culture » de la game en défense s’adapte à la même vitesse qu’en attaque.

 

Ce jeune début de saison nous a donné droit à plusieurs matchs à haut pointage et cela est dû à un ensemble de facteurs, que ce soit les structures de jeu en période de rodage, le fait que certains gardiens de but sont encore à la recherche de leurs repères, et probablement en raison du renouveau dans la conceptualisation des unités défensives.

 

Or, chose certaine, des formations actuelles et aspirantes aux grands honneurs, celles qui se démarquent des autres ont compris la réalité d’aujourd’hui et ont su faire preuve de vision plus rapidement que certaines autres, surtout en matière de confection de la charte de profondeur.

 

« Quantité versus qualité » est la plus grande différence observée au cours des dernières saisons. On priorise davantage les qualités et les défauts de ce profil de défenseurs à caractère offensif, qui se veulent être une rareté lorsqu’on en recherche un excellent. Pour cela, il faut savoir bien repêcher et développer au sein même de l’organisation.

 

Le fait d’être un défenseur offensif exige une grande confiance en soi et une habileté à prendre certains risques dans le feu de l’action. Il faut aussi savoir défier la règle des pourcentages au niveau du facteur réussite dans la gestion de la rondelle, entre autres.

 

Même si la saison n’est vieille que de quelques parties, tant Guy Boucher que son homologue Claude Julien sont aux prises avec le mot « adaptation ». Cette nouvelle réalité tend à démontrer que cela a fait grandement partie de leur longue réflexion durant les derniers mois d’été, eux qui étaient à la recherche de solutions. Voilà un signe de maturité et de sagesse de la part de ces entraîneurs de carrière.

 

Les équipes de premier niveau n’hésitent pas à avoir trois ou quatre défenseurs offensifs au sein de leur groupe des six, question de maximiser la vitesse de leurs attaquants par la bande. Pour produire, ces derniers ont grandement besoin de défenseurs ayant une grande capacité de relancer le jeu rapidement avant que les structures défensives adverses n’aient la chance de prendre le dessus.

 

Voilà un exemple frappant auquel sont confrontés les Maple Leafs de Toronto et les Oilers d’Edmonton. Ces deux formations sont bourrées de talent en attaque, mais elles comptent sur une brigade défensive toujours aussi suspecte dans les qualités requises pour les exigences du jeu d’aujourd’hui et fort possiblement de demain. Tout ça, en plus de devoir composer avec des gardiens de but qui présentent certaines difficultés en début de campagne.

 

Si le Canadien a souffert grandement de cette absence de relance au sein de sa brigade défensive composée à forte majorité de défenseurs « défensif et stabilisateur », le remaniement des derniers mois explique en bonne partie la vitesse du jeu que semble vouloir exploiter la formation montréalaise cette saison. Cela donne une qualité de jeu beaucoup plus intéressante et a pour effet de maximiser le potentiel des attaquants chez le CH actuellement.

 

Idem chez Guy Boucher et ses Sénateurs. L’entraîneur québécois semble donner plus de flexibilité en autorisant ses défenseurs aux habilités requises à prendre l’initiative du jeu. Ce ne sont certainement pas les Thomas Chabot, Maxime Lajoie et compagnie qui vont se plaindre de cette nouvelle approche chez les Sénateurs, et ce, malgré le départ de l’un des meilleurs de la profession, Erik Karlsson.

 

N’oublions pas que les initiatives de supporter davantage l’attaque sur une deuxième vague en entrée de territoire et de faire preuve d’une plus grande audace en territoire ennemi représentent déjà deux éléments d’un chaînon important dans les résultats actuels.

 

Pas parfaits, mais intéressants

 

La progression et la performance sportive étaient au centre des priorités cette année à Ottawa. Loin de partir en peur, il n’en demeure pas moins que les Sénateurs ont démontré du jeu intéressant depuis le début de la saison régulière, et ce, malgré la défaite de 6-3 face aux Bruins de Boston, lundi après-midi.

 

Loin d’être parfaits, il n’en demeure pas moins que les Sénateurs ont démontré un niveau de compétitivité intéressant et il semble qu’à l’intérieur des quatre murs du vestiaire, on a compris qu’il s’agit d’un « work in progress ».

Ryan Dzingel

 

Les vétérans de cette formation démontrent qu’ils sont prêts à tracer le chemin pour les plus jeunes en ayant un effet d’entrainement sein et positif, par une adhérence au plan de relance de la formation ottavienne, et ce, même s’il est encore tôt dans la saison et que les feuilles ne font que commencer à changer de couleurs. Certes, il risque d’y avoir autant de hauts que de bas dans cette phase de reconstruction.

 

Jusqu’ici, on constate, de l’extérieur, que l’ambiance est bonne et qu’elle est bien servie par une attitude des plus exemplaires de la part des joueurs, qui semblent être acheteurs du message.

 

Sur le plan individuel, celui qui retient davantage l’attention en ces premiers jours d’activité est le jeune défenseur Thomas Chabot. Le jeune homme a l’air plus confiant en ses moyens, se donnant une plus grande liberté dans ses actions, tout en jouant de grosses minutes.

 

Rappelons qu’il y a un an jour pour jour, le natif de la Beauce se retrouvait avec la formation des Senators de Belleville dans la Ligue américaine. Bref, il impressionne.

 

Plus fort physiquement, Chabot est un jeune défenseur qui semble développer de plus en plus son autorité personnelle dans la place qu’il veut bien prendre au sein de l’organisation.

 

Le fait de prendre un peu de liberté, comme il le fait actuellement, est une chose, mais le fait de l’accomplir sur une base quotidienne représentera le principal défi de celui qui a été un choix de première ronde en 2015 (18e au total). Or, avec ce qu’il démontre jusqu’ici, il démontre qu’il possède les aptitudes nécessaires pour devenir le défenseur numéro un de cette franchise pour les années futures.