Des Sénateurs chancelants et peu convaincants

COLLABORATION SPÉCIALE

Plusieurs partisans auraient espéré voir la formation des Sénateurs d'Ottawa profiter de ce dernier séjour de trois parties à domicile – avant de quitter pour la côte ouest américaine – performer, compétitionner et signer quelques victoires, question de reprendre confiance et se replacer au classement. Malheureusement, ce n'est pas ce qui est arrivé.

L'Action de grâce américaine (quatrième jeudi de novembre) a souvent servi de baromètre au fil des années sur les possibilités ou non d'accéder aux séries éliminatoires pour les équipes de la LNH. À ce chapitre, ça n'augure pas bien pour Ottawa, qui croupit au bas-fond du classement de la division Atlantique.

Les trois dernières parties des Sens devant leurs partisans ont laissé place à un goût très amer, rempli de déception et de frustration. Plus important encore, on semble avoir très peu d'indicateurs pour nous prouver que la situation risque de s'améliorer à court terme.

Une confiance fragilisée au plus haut point et bien sentie dans les commentaires d'après-match, ce qui laisse place à un certain niveau de découragement bien présent.

Concrètement, Ottawa ne compte que sur une seule victoire à domicile durant la dernière semaine en trois sorties, une victoire signée face aux Sabres de Buffalo par la marque de 4-1, et ce, malgré plusieurs pénalités d'indiscipline chez les Sens.

Ce scénario nous donne l'impression d'un déjà vu des quatre dernières années, sauf que cette fois-ci le mot « reconstruction » ne fait pas partie des pensées des partisans et de la haute direction.

Les lents départs sont chose courante pour Ottawa lors des dernières saisons, comme en témoignent leurs fiches des 17 premiers matchs en 2019-2020 (6-10-1), en 2020-2021 (4-12-1), en 2021-2022 (4-12-1) et en 2022-2023 (6-10-1). Voilà des chiffres qui parlent d'eux-mêmes dans une saison 2022-2023 où les attentes étaient de loin supérieures au constat actuel.

En fait, le seul souhait en lever de rideau était de voir la formation ottavienne rivaliser, afin de se donner cette chance de s'accrocher à la possibilité d'accéder à la danse du printemps après cinq années d'absence. Et on s'est déjà mis dans le trouble!

L'historique des dernières années au sein de la Ligue nationale de hockey a toujours commandé une récolte de plus ou moins 96-98 points pour espérer faire partie des équipes repêchées. Pour arriver à ce calcul d'ici la fin de la saison, la troupe de D.J. Smith aurait besoin approximativement d'une récolte de 42 victoires en 65 parties pour continuer de croire en ses possibilités.

Certains observateurs de la scène avanceront que les Blues de St. Louis de 2018-2019, qui ont remporté la Coupe, ont été l'exception qui ne confirme pas la règle, en réussissant une mission quasi-impossible après une première moitié désastreuse, mais bon.

Pourtant, les Sénateurs avaient entamé la saison sur les chapeaux de roue, avec une fiche de 4-0 et une production offensive à en faire frémir avec ses 22 buts marqués contre seulement 11 accordés. Il semble que cela ait représenté le pire ennemi de l'édition actuelle.

Sans banaliser les blessures à certains joueurs de premier niveau affectant la charte de profondeur, disons que les mêmes erreurs, l'absence de ce sentiment d'urgence, et le jeu collectif brouillon dans certaines phases de jeu (comme le repli défensif) démontrent assez clairement l'état de la situation. Et cela interpelle au plus haut point.

L'imputabilité de ce constat d'échec appartient à tous et chacun, autant au niveau joueurs que des entraîneurs et dirigeants dans ce spin des plus négatifs dans lequel se retrouvent actuellement les Sénateurs.

On voit des Sénateurs chancelants et peu convaincants depuis le 27 octobre dernier en raison de ce manque de constance et de régularité. Le pire dans tout ça, c'est qu'ils ont disputé 11 de leurs 17 premières parties à domicile.

Dans un business où l'on ne pardonne pas facilement, disons que le prochain voyage qui les verra se frotter à San Jose, Vegas, Anaheim et Los Angeles devrait s'avérer un périple des plus déterminants, car tôt ou tard il y aura reddition de comptes pour certains.

Devils : à titre de comparatif

Que dire des Devils du New Jersey en ce moment? Quelle équipe! Forte d'une 12^e victoire consécutive, la troupe de Lindy Ruff impressionne au plus haut point, elle qui présente une fiche de 8-1 sur les patinoires adverses cette saison. À titre de comparatif, cette même formation des Devils avait récolté 10 points de moins au classement général que les Sénateurs lors de la saison 2021-2022.

Les Devils affichent une identité renouvelée, une culture bien présente qui aura exigé patience et détermination pour arriver là où ils en sont actuellement. Ils ont accepté de souffrir pour en arriver ici, même s'il faut être prudent, car la saison est encore jeune.

Cette formation a compris que la nouvelle Ligue nationale exigeait de plus en plus l'élément vitesse (mains, pieds, prise de décision dans l'action).

Que ce soit par des choix judicieux lors des dernières séances de sélection dans la quête de profils bien ciblés, ou par de bonnes transactions de la part du directeur général Tom Fitzgerald méticuleusement et consciencieusement planifiées, les Devils ont respecté leur plan. Ils ont réussi à rafistoler leur ligne bleue, entre autres, là où l'équilibre demeure un secret bien gardé dans les succès actuels.

Or, le plus impressionnant selon moi c'est le jeu collectif, alors que le « buy in » de tous et chacun semble bien présent dans un système de jeu simple et efficace misant sur un échec-avant soutenu par l'élément vitesse et l'utilisation du bâton, question de réduire temps et espace aux défenseurs adverses.

Loin de la culture du passé, les Devils d'aujourd'hui demeurent une formation plaisante à voir jouer en raison de cette identité clairement renouvelée.

Encore loin de la coupe aux lèvres, plusieurs indicateurs demeurent des plus positifs au sein de cette organisation qui en avait grandement besoin dans un marché qui semble de plus en excité à encourager les siens.

J'ai bien aimé entendre les « Sorry Lindy », alors que certains amateurs auraient aimé le voir congédié après les deux rendez-vous ratés de début de saison. Comme quoi ça peut changer vite dans le monde du sport!

Séquence difficile pour Anton Forsberg

Anton Forsberg connaît une séquence difficile, qui a commencé le 2 novembre dernier, alors qu'il a été retiré du match face à la formation des Golden Knights de Vegas avec cinq buts alloués sur 19 tirs après 30 minutes de jeu. Le Suédois, qui a connu une saison positive l'an dernier avec une fiche de 20-17-4, une moyenne de 2,82 et un taux d'efficacité de ,917, a été retiré de nouveau samedi dernier face aux Devils du New Jersey après avoir alloué trois buts sur 18 tirs après seulement 23 minutes de jeu.

Anton Forsberg

Il n'est pas le seul responsable, mais il est évident que présentement le cerbère de la formation ottavienne nage en pleine difficulté à la suite de ses derniers départs. On parle ici de certaines sélections d'arrêts très douteuses et d'un mauvais contrôle des retours de lancer, ce qui lui a coûté les 2^e et 3^e filets du dernier match face aux Devils, et ce qui a forcé la main de l'entraîneur pour faire entrer Cam Talbot dans le match.

Dans une réalité où l'on voulait établir une certaine compétition à l'interne entre Forsberg et Talbot, disons que les statistiques du Suédois, avec une moyenne de 3,51 et un taux d'efficacité de ,901, devront rapidement être revues et corrigées de sa part s'il veut obtenir des départs au cours des prochaines semaines.

Est-ce que cette idée de compétition à l'interne a tendance à soulever des insécurités ou force des attentes plus élevées à son endroit?

Malheureusement, seul le principal concerné connaît la réponse à cette question, mais chose certaine, son manque de constance, à l'image de sa formation, coûte cher présentement.

Bonne semaine de hockey!