Dans un milieu teinté de demi-vérités, sans pour autant vivre dans le mensonge, mais dans la nuance des propos, disons que les derniers jours auront été fertiles en émotions pour certains et très difficiles pour d’autres dans le paysage des Sénateurs d’Ottawa.

L’exercice ne s’annonçait déjà pas facile à la base, alors que les Sénateurs avaient à négocier avec la présence d’agents libres sans compensation à la fin de la présente saison. Puis, il y a aussi le fait qu’il y a toujours trois côtés à la médaille lors des négociations contractuelles; celui de l’organisation, celui du client et celui de la vérité réelle.

Maximiser la vraie valeur et le retour sur les services de Matt Duchene, Mark Stone et Ryan Dzingel, en raison de leur statut, représentait une situation non gagnante et une tâche colossale dès le départ pour les décideurs des Sénateurs. Il fallait essayer de développer une surenchère potentielle entre certains directeurs généraux du circuit.

Dans le dossier de Matt Duchene, la problématique a toujours été le fameux prix payé pour faire son acquisition de l’Avalanche du Colorado la saison dernière, beaucoup plus que le retour obtenu des Blue Jackets de Columbus.

Faire le choix de procéder à une reconstruction est une chose, mais de penser le faire sans ébranler les colonnes du temple, c’en est une autre. Le fait de voir depuis les dernières années plusieurs joueurs être repêchés, élevés dans l’essai-erreur,  développés au sein même de l’organisation afin de les amener à maturité et les voir par la suite manifester le désir d’aller voir ailleurs est une situation qui interpelle et inquiète au plus haut point.

Les Sénateurs ont lancé la reconstruction

Tout le monde sait que Pierre Dorion est menotté, en quelque sorte, par le propriétaire Eugene Melnyk. C’est une situation connue de tous et personne n’est réellement surpris.

Ce grand désir bien senti de sortir de ce milieu pour aller voir si la couleur du gazon est plus verte chez le voisin défini assez clairement ce problème de fond à Ottawa. Tout cela représente un sérieux bris de confiance tant pour les plus fidèles partisans que pour le marché de la capitale nationale envers les Sénateurs et leur propriétaire.

Dorion a la lourde responsabilité de naviguer dans ces eaux troubles au mieux de ses capacités, dans un environnement très instable et brouillon dans les dernières années. Le risque est maintenant de transposer ce malaise pour les années à venir.

Tout en étant lucide et en faisant preuve d’objectivité, il faut dire que le plan de relance s’annonce long et ardu, mais pas nécessairement en raison d’une absence de jeunes joueurs talentueux qui gravitent autour de l’organisation et dans les rangs inférieurs, mais plutôt au niveau du processus que cela exigera pour amener cette formation à pleine maturité, autant sur le plan individuel que collectif.  

Pendant que plusieurs sont interpelés par les derniers départs et par le prix obtenu, de mon côté, ma plus grosse source d’inquiétude repose sur l’environnement actuel et davantage sur les jeunes Thomas Chabot, Erik Brannstrom, Brady Tkachuk, Colin White, Drake Batherson, etc. Ces derniers auront grandement besoin d’orientation et de soutien, question de les soustraire de façon temporaire au défi que représente le meilleur circuit de hockey au monde.

C’est inquiétant de voir plusieurs bons jeunes espoirs et projets lancés dans la gueule du loup comme on a pu le constater récemment à Ottawa, tout ça, sans compter la fatigue que ces joueurs transportent sur leurs épaules pour une longue saison de 82 parties. Je me demande toujours si cela représente des conditions gagnantes vis-à-vis leur propre développement.

Mark Stone jouait très bien ce rôle de grand frère en raison de son professionnalisme, son éthique de travail et son souci du détail. Malgré son court passage dans la capitale nationale, Duchene était également un modèle pour les plus jeunes.

Dans un milieu où l’adversité te forme ou te détruit, il faut reconnaître que plusieurs auront à faire face à ce défi qui ne s’annonce pas nécessairement facile en l’absence de vécu et d’expérience autour d’eux. La confiance de certains pourrait être rudement mise à l’épreuve dans les prochaines semaines et les prochains mois.

Il ne faut pas non plus prendre pour acquis que les Chabot, White, Tkachuk et compagnie ne seront pas tentés d’emprunter le même chemin que certains de leurs prédécesseurs, comme Karlsson, Stone et autres.

Guy Boucher : Se concentrer sur ce qu’on peut contrôler !Guy Boucher

Guy Boucher n’a d’autre choix, il doit rester concentré sur le moment présent, sans se préoccuper du fait qu’il en est à sa dernière année contractuelle d’une entente de trois ans. Ce sera son principal défi.

Malheureusement, l’entraîneur de carrière ne contrôle pas ces nouvelles orientations organisationnelles et les mesures mises en place dans cette phase de reconstruction annoncée.

Une réalité qui me porte à croire que l’on se prépare, à tort ou à raison, à procéder à un changement de garde derrière le banc à la fin de la présente saison, question de mettre le plan de relance pour les prochaines années entre les mains d’un autre candidat.

« Nous avons tout simplement fait le choix de prendre une autre direction », risque d’être une phrase qu’on pourrait entendre lorsqu’on procèdera à ce changement, qui semble de plus en plus évident en raison de l’absence d’indicateurs contraires. Rien ne nous permet de croire en ce moment que Boucher obtiendra un renouvèlement de contrat.

Lightning de Tampa Bay : Toujours les grands favoris !

Tout en évitant de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, malgré les mouvements de personnel effectués par certaines formations aspirantes aux grands honneurs à la date limite des transactions et malgré la parité au sein de la LNH, il n’en demeure pas moins que le Lightning de Tampa Bay est toujours le grand favori pour soulever la Coupe Stanley.Jon Cooper

Dans ce contexte, il est difficile pour moi de penser que dans une série quatre de sept une formation pourrait prendre avantage de celle de Jon Cooper. La répartition entre l’attaque, la défensive et la position de gardien de but chez le Lightning représente tout simplement le juste équilibre d’une formation à la quête du gros trophée.

Oui, certaines formations autant dans l’Est que dans l’Ouest pourraient donner du fil à retordre à Tampa Bay, mais pas au point de priver cette franchise d’une deuxième conquête de la Coupe Stanley.

Il s’agirait d’ailleurs d’un premier titre pour Cooper, lui qui est à la barre de la formation depuis 2012-2013.

Vegas remporte le derby Mark Stone