OTTAWA - Au-delà la défaite de 3-1 encaissée aux mains des Penguins de Pittsburgh, les Sénateurs ont gagné un trio. Un trio qui, si l’on se fie aux poussées qu’il a effectuées et aux occasions de marquer qu’il a multipliées à son premier match, donnera plus que sa part de dividendes.

 

« La chimie a été instantanée », a d’ailleurs insisté Matt Duchene lorsqu’on lui a demandé de qualifier sa première sortie en compagnie de Bobby Ryan.

 

À son premier match devant ses nouveaux partisans, Duchene a été fumant face aux Penguins. Au cours de la seule première période, le nouveau centre des Sens a obtenu cinq des dix tirs de son équipe. Son trio – Bobby Ryan a été blanchi, mais Ryan Dzingel a obtenu deux tirs – a cadré 7 des 22 tirs des Sens. Ce trio a aussi décoché 13 des 48 tirs des Sénateurs au cours du match.

 

« Le trio de Duchene a été sensationnel en première période. Il était le meilleur sur la patinoire. Ils ont tout fait sauf marquer. Comme le reste de l’équipe, ce trio a perdu de son intensité en deuxième et n’a pas été en mesure de reprendre son énergie en troisième. Mais on a vu en première exactement ce qu’on espérait. On a vu un trio qui nous permettra de compter sur deux premiers trios », a indiqué l’entraîneur-chef Guy Boucher.

 

Avec ses cinq tirs cadrés au premier tiers, Duchene a sérieusement mis le gardien Matt Murray à l’épreuve. Il est même passé à un cheveu de faufiler la rondelle entre son bras gauche et le poteau pour permettre à Ottawa de marquer le premier but de la rencontre. Murray a toutefois réalisé un de ses 21 arrêts.

 

« J’avais Malkin à mes côtés et je n’étais pas en mesure d’avoir le plein contrôle de la rondelle. J’ai quand même décoché un tir, mais j’aurais voulu soulever la rondelle dans la lucarne au lieu de tenter de la passer le long de son bras. C’est dommage de ne pas avoir marqué sur ce jeu. C’est dommage aussi d’avoir perdu. Mais je crois que nous avons généré plus d’une dizaine de très bonnes occasions de marquer. Il faut bâtir là-dessus », a souligné le nouveau venu dans le camp des Sens.

 

Duchene disputait un premier match dans l’uniforme des Sens au Centre Canadian Tire. Quant à Bobby Ryan, il effectuait un retour au jeu après une absence de huit parties. Bien qu’il soit toujours en quête d’un premier but cette saison, Ryan s’est signalé à quelques occasions. Il a aussi transporté la rondelle à plusieurs occasions en sorties de zone. Une surprise considérant que Duchene est plus rapide et plus agile que le gros ailier.

 

« Nous concentrons nos énergies sur les jeux orchestrés entre les cercles de mises en jeu et la zone ennemie. Ailleurs sur la patinoire, les joueurs sont plus libres de leurs actions, mais ils doivent se supporter. Il y aura certainement de l’adaptation, mais je n’ai pas de problème à voir un gars comme Ryan transporter la rondelle », a nuancé Guy Boucher.

 

Bien que Mike Hoffman ait effectué quelques présences en compagnie de Duchene et Ryan en fin de match avant que les Penguins ne marquent dans un filet désert pour sceller l’issue de la rencontre, c’est Ryan Dzingel qui a surtout patiné au sein de ce « deuxième » trio. Il s’est d’ailleurs signalé avec quelques bons jeux. Dzingel a lui aussi été victime d’un très bel arrêt réussi par Matt Murray sur un tir dangereux décoché de l’enclave où Matt Duchene a rejoint son nouveau coéquipier.

 

Après trois rencontres, Duchene est toujours en quête d’un premier point avec sa nouvelle équipe. Mais si l’on se fie à sa performance de jeudi, il devrait être en mesure de satisfaire rapidement les attentes des partisans.

 

Parlant des partisans, ils ont réservé un accueil réservé au nouveau venu lorsqu’il a été présenté à l’écran géant à son retour au banc après sa première présence. « Ottawa a toujours été une destination plaisante à mes yeux. Je me sens bien à Ottawa. Je me sens bien accueilli et j’ai toujours aimé jouer dans cet amphithéâtre. Même si je viens de compléter mon premier match et que je ne suis pas encore tout à fait installé, je me sens déjà chez moi », a conclu Duchene.

 

Avec Zack Smith qui devrait bientôt reprendre sa place au sein du premier trio en compagnie de Derick Brassard et Mark Stone, le trio de Duchene qui inspire confiance et des troisième et quatrième trios efficaces, les Sénateurs sont à prendre en considération pour terminer au sein des trois premières places de la division Atlantique et ainsi garantir leur place en séries. Ils devraient faire la lutte à Toronto pour le deuxième rang, car il semble peu probable que le Lightning de Tampa Bay soit menacé tout en haut du classement de la division.

 

Mes observations sur le duel Pittsburgh-Ottawa :

  1. Matt Murray reprend confiance
  2. Les jambes entre Ottawa et Stockholm
  3. Une leçon des Coyotes

Chiffre du match : 21 – Les Penguins disputaient jeudi leur 21e partie de la saison. Ils forment le club qui a été le plus occupé de la LNH jusqu’ici. Pis encore, ils ont disputé 14 de ces 21 rencontres sur la route. Ce qui peut expliquer en partie le lent début de saison des champions en titre de la coupe Stanley qui présentent une fiche de 11-7-3. Inversement, ils évolueront dans le confort de leur domicile 9 fois lors des 11 prochains matchs et 12 fois lors de leurs 17 prochaines rencontres. Ce séjour à domicile devrait contribuer à leur remontée au classement…

 

Matt Murray reprend confiance

 

Comme Carey Price à Montréal, Henrik Lundqvist à New York et quelques autres gardiens autour de la LNH, Matt Murray n’a pas connu un fort début de saison. Avec une moyenne de près de trois buts accordés par match et une efficacité qui dépasse à peine le seuil de la respectabilité qu’est 90 %, le jeune gardien des Penguins n’était pas l’ombre du gardien qui a soulevé la coupe Stanley au terme des deux dernières saisons.

 

ContentId(3.1254113):Encore un arrêt miraculeux de Matt Murray!
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À Ottawa jeudi, il semblait avoir retrouvé tous ses moyens.

 

Murray a d’ailleurs réalisé un arrêt qui devrait lui permettre de rivaliser avec Sergei Bobrovsky des Blue Jackets de Columbus pour l’arrêt le plus spectaculaire de la semaine, peut-être du mois et qui sait peut-être de l’année. Comme Bobrovsky l’a fait mardi, au Centre Bell, aux dépens de Jacob De La Rose, Murray a plongé sur sa gauche et étendu sa mitaine pour voler un but à Mike Hoffman qui a beaucoup plus de talent de marqueur que le centre du Canadien.

 

« J’étais convaincu qu’Ottawa marquait sur le jeu tant le filet était ouvert. L’arrêt de Matt a été le point tournant de la partie, car si Ottawa avait pris les devants sur ce jeu, ils auraient pu s’offrir le momentum », a indiqué Sidney Crosby.

 

Heureux de l’arrêt réalisé, le gardien des Penguins a toutefois admis qu’il avait compliqué sa tâche par sa faute, sa très grande faute. « Je me suis compromis vers le gars (Stone) qui avait la rondelle. J’ai voulu couper la passe. J’ai manqué la rondelle et j’ai réalisé que Hoffman était de l’autre côté et attendait la passe pour décocher un tir sur réception. J’étais en déséquilibre et j’ai fait un geste de désespoir en espérant toucher la rondelle », a témoigné le gardien.

 

En plus de réaliser plusieurs arrêts solides – il aurait dû obtenir la première étoile du match et non la deuxième, mais bon… –, Murray a aussi eu la vie sauve une fois encore devant Mike Hoffman qui a tiré directement sur le poteau à la droite du gardien des Penquins qui n’avait rien vu…

 

Forts de leur victoire aux dépens des Sénateurs jeudi, les Penguins se réveillent ce matin avec un différentiel collectif de moins-15. Le Canadien de Montréal (moins-17), les Sabres de Buffalo (moins-21) et les Coyotes de l’Arizona (moins-32) sont les seuls clubs affichant de pires différentiels que Pittsburgh.

 

Les jambes entre Ottawa et Stockholm

 

Après le voyage de son équipe en Suède et en dépit des deux jours de congé offerts aux joueurs à leur retour à Ottawa, les Sénateurs ont semblé manquer d’énergie en cours de partie.

 

« Si vous m’aviez demandé de parier sur un scénario, j’aurais misé sur le fait que nous aurions amorcé la partie un peu sur les talons pour ensuite retrouver notre rythme en cours de match. C’est exactement le contraire qui est arrivé. Nous avons été les meilleurs en première période. Leur gardien nous a privés d’une avance d’un ou deux buts. En deuxième, nous n’étions plus en mesure de rivaliser avec Pittsburgh. En troisième, on s’est battu, mais pas assez pour combler notre recul », a expliqué Guy Boucher après la partie.

 

La LNH surveillera de près les performances des Sénateurs d’Ottawa et de l’Avalanche du Colorado au cours des prochains jours. Au-delà des victoires et défaites, la LNH contactera les dirigeants des deux clubs pour dresser un bilan des conséquences d’un voyage en cours de saison. Parce qu’elle entend répéter ce scénario l’an prochain et au cours des saisons à venir, la LNH tient à déterminer les paramètres qui permettront de minimiser les impacts de ces voyages sur les joueurs afin de ne pas miner les chances de victoires des clubs qui iront effectuer des séjours en Europe.

 

Ce n’est pas tant la durée de l’envolée qui soit un problème. Les équipes voyagent dans des avions luxueux et confortables ne comptant que des sièges de première classe.

 

C’est plutôt le décalage horaire qui peut entraîner des ennuis chez certains joueurs. Dans un monde idéal, les équipes soutiennent que les athlètes ont besoin d’une journée pour se remettre d’une heure de décalage. À leur retour à Ottawa, les joueurs des Sens ont obtenu deux jours de congé. Est-ce que ce manque à gagner en matière de repos peut à lui seul expliquer le fait que les Sénateurs n’aient pu suivre le rythme imposé par les Penguins en deuxième et troisième périodes?

 

Ce n’est peut-être pas la seule raison. Mais cela vaut la peine qu’on s’y attarde. Surtout si la Ligue décide de multiplier les escales européennes pour l’une ou l’autre de ses 31 équipes.

 

Une leçon des Coyotes

 

Quelques heures avant le match opposant ses Sénateurs aux Penguins, Guy Boucher était heureux de croiser un adversaire aussi solide que les champions de la coupe Stanley. « C’est une bonne chose, car les gars savent déjà qu’ils doivent prendre leurs adversaires au sérieux. J’aime mieux croiser un club de tête. C’est plus facile pour moi de les mettre en garde sur les risques associés à un mauvais début de rencontre. Contre un autre adversaire, ç’aurait peut-être été plus difficile de les convaincre. »

 

Si l’entraîneur-chef des Sénateurs n’a jamais identifié d’adversaire moins solide qui aurait pu compliquer son travail de préparation, Guy Boucher pourra dire merci aux Coyotes de l’Arizona – ou au Canadien de Montréal, c’est selon – pour avoir facilité la préparation du match de samedi.

 

En battant le Canadien au Centre Bell jeudi, les Coyotes ne deviennent pas du coup des prétendants à la coupe Stanley. Ça non! Mais Boucher pourra faire prendre conscience à ses joueurs que bien qu’ils soient derniers, et de loin, au classement général, leurs prochains adversaires au Centre Canadian Tire peuvent gagner. Même en temps réglementaire. Ce qu’ils n’avaient pas encore fait cette saison avant leur escale au Centre Bell jeudi.