Aujourd’hui, j’ai envie de vous répéter une expression à laquelle j’ai fait référence lors d’une précédente chronique : « Pour réussir, le talent est nécessaire, mais l’attitude est essentielle. »

Si les Capitals de Washington ont surpris la planète hockey en remportant les grands honneurs cette saison, cela est fort possiblement en raison de cet arrimage entre les mots « talent » et « attitude ».  

Il s’agit d’un état de pensée, d’un engagement dans l’acceptation des rôles et des responsabilités. Il s’agit de l’art d’oublier sa petite personne pour en arriver à la réalisation d’un but commun dans un sport dit collectif.

Sans comparer le Canadien de Montréal et les Sénateurs d’Ottawa aux Capitals de Washington, cette semaine, les deux formations ont procédé à une transaction « majeure ». Ainsi, deux athlètes professionnels aux habilités offensives similaires sont partis.

Alex GalchenyukAlex Galchenyuk, reconnu pour sa vision, sa créativité et ses qualités de passeur est passé du Canadien aux Coyotes de l’Arizona. De l’autre côté, Mike Hoffman, davantage reconnu pour sa vitesse et surtout pour la rapidité et la qualité de son tir, a été brièvement échangé à San Jose, avant d’aboutir avec les Panthers de la Floride.

Pourtant, ces deux joueurs n’avaient tout simplement plus leur place au sein de leur vestiaire respectif. Les mots « attitude » et « leadership » étaient fortement remis en question dans leur cas, alors que le mot « imputabilité » ne semblait pas faire partie de leur dictionnaire.

Dans le dossier du vétéran Hoffman, bien au-delà de la controverse de la semaine dernière entourant la conjointe de son coéquipier Erik Karlsson et sa conjointe, et sans connaître tous les tenants et les aboutissants de cette histoire, le principal intéressé était déjà au cœur de plusieurs rumeurs entourant son départ.

Celui que plusieurs ont surnommé « culture killer » était déjà appelé à voir ailleurs, en raison de cette étiquette qui lui colle à la peau depuis belle lurette.

Hoffman se voyait davantage dans la solution que dans le problème. Tout cela, combiné à une éthique de travail très questionnable voire même une indifférence totale, a fait en sorte qu’il n’était pas dans les bonnes grâces de la haute direction.

L’athlète de 28 ans a traîné une aura négative chez les Sénateurs, ce qui avait un effet d’entraînement sur quelques-uns de ses coéquipiers (maintenant anciens coéquipiers).

Or, dans un cas comme dans l’autre, l’absence d’un leadership fort au sein du vestiaire a fort possiblement représenté le plus grand talon d’Achille dans ce constat d’échec.
 
Même son de cloche à Montréal, dans le dossier d’Alex Galchenyuk.

Certes, il est vrai qu’à ce jour Marc Bergevin et Pierre Dorion, comme directeurs généraux, ne sont pas nécessairement les grands gagnants des marchés qu’ils ont conclus à court terme, surtout en raison du retour sur l’investissement.

Sur la feuille de pointage, pas besoin d’être devin pour reconnaître la contribution offensive que pourront apporter Galchenyuk et Hoffman à leur nouvelle terre d’accueil.

En contrepartie, on ne peut reprocher aux deux DG d’être sortis des sentiers battus, question d’essayer de changer une dynamique de groupe plus que questionnable dans leur marché respectif, là où le statu quo n’était plus une option.

Encore très loin de l’objectif visé, le fait de choisir le passage difficile et de vivre avec la critique du moment, d’aller là où certains autres ne vont pas, prouve tout de même que ces deux hauts dirigeants sont toujours à la recherche de solutions dans des moments où la pression est plus qu’omniprésente.

Chose certaine, j’ai le sentiment que ce n’est pas Claude Julien et encore moins Guy Boucher qui vont se plaindre de l’épine que l’on vient de leur enlever sous le pied.

Pierre DorionPierre Dorion a-t-il raté la cible le 28 février dernier?

Dorion était malheureusement peinturé dans le coin au niveau de la gestion de crise qui affligeait la formation ottavienne depuis quelques semaines.

Malgré tout cela, il est tout de même à se demander s’il n’a pas raté la cible lors de la dernière date limite des transactions le 28 février dernier.

Sans connaître l’offre et la demande du marché de février dernier, Hoffman représentait déjà depuis un certain temps une problématique assez importante dans l’environnement immédiat des Sénateurs. Certes, assez pour détecter un malaise à l’intérieur des bureaux des hommes de hockey. On sentait qu’on ne voulait pas nourrir la bête médiatique.

Ce qui est d’usage dans un certain sens, question de ne pas transposer sur la place publique les problèmes de l’intérieur.

Si Hoffman n’a pas changé d’adresse à la date limite, était-ce parce que le prix exigé à ce moment était hors norme, certains directeurs généraux trop gourmands ou avait-on toujours l’espoir de trouver une solution au problème à l’intérieur des quatre murs du Centre Canadien Tire?

Seuls Dorion et sa garde rapprochée connaissent la réponse, mais chose certaine les Sénateurs n’ont pas été en mesure de maximiser la réelle valeur de celui qui se dit bien heureux de vivre ce nouveau départ avec les Panthers de la Floride.

Barry TrotzBarry Trotz : le mot respect va dans les deux sens!

Par respect pour la profession, il est vrai que je pourrais manquer d’objectivité dans l’analyse du départ de Barry Trotz derrière le banc des Capitals de Washington après la conquête de la dernière Coupe Stanley.

Mais un fait demeure, laisser son entraîneur diriger sur sa dernière année contractuelle a toujours été interprété dans le milieu comme un vote de « non confiance », lire le baiser de la mort.

En gérant le dossier de cette façon au cours de la dernière campagne, il était on ne peut plus clair que Trotz ne représentait plus l’homme de confiance du directeur général Brian MacLellan et/ou du propriétaire Ted Leonsis.

Cela rend encore plus extraordinaire le travail de cet entraîneur de carrière; un des rares qui a réussi à former un certain partenariat avec son joueur d’exception Alexander Ovechkin. Ensemble ils auront réussi à faire abstraction de cette situation hors du commun.

Une forme de respect qui, malheureusement, n’a pas semblé aller dans les deux sens. Force est de constater que certains des hauts dirigeants de l’organisation des Capitals ont peut-être sous-estimé les capacités de l’homme derrière le costume d’entraîneur.

Honnête envers lui-même, cet homme de hockey de plusieurs années d’expérience au sein du circuit Bettman a adopté une position qui lui rend honneur tout en assumant les conséquences de son choix.

Je pense qu’il ne restera pas très longtemps sur le marché des joueurs autonomes – ou plutôt le marché des entraîneurs autonomes.