OTTAWA – Guy Boucher se frottait les mains de satisfaction jeudi matin, à quelques heures du match que les Sénateurs disputeront face aux Golden Knights de Vegas.

Craig Anderson, qui avait cédé sa place à Mike McKenna pour les cinq dernières minutes du match de mardi contre les Devils du New Jersey, sera en mesure de retourner devant son filet pour un cinquième match de suite. Bobby Ryan, qui avait lui aussi quitté la rencontre par mesure préventive, sera à son poste sur un deuxième trio complété par Chris Tierney et Mikkel Boedker.

Mais la meilleure nouvelle dans le clan des Sénateurs a été la confirmation du retour au jeu de Brady Tkachuk. Victime d’une déchirure ligamentaire à une jambe à la mi-octobre, l’attaquant recrue réintégrera la formation avec une avance d’une dizaine de jours sur le pronostic initial.

Tkachuk connaissait un début de carrière du tonnerre avant d’être frappé par la malchance. Il avait marqué ses deux premiers buts dans la Ligue nationale à son deuxième match, contre Philadelphie, et inscrit celui de la victoire cinq jours plus tard contre Dallas. Il avait amassé six points en quatre parties avant de tomber au combat. Malgré ses 19 ans, son retour fera un bien immense à un groupe en quête de positif.

« Premièrement, c’est un jeune que tout le monde aime côtoyer, a commenté Boucher après l’entraînement matinal des siens. Les joueurs ne sont pas des numéros, ils sont avant tout des êtres humains, et ce qu’il apporte depuis son arrivée ne se calcule pas. Il sourit toujours, démontre une excellente attitude et son éthique de travail est inégalée. Ça signifie beaucoup pour nous. »

« Mais bien sûr que sur la glace, ses qualités sont indéniables, a enchaîné l’entraîneur. Il est gros et il est habile. Surtout, il apporte quelque chose qu’on n’a pas en quantité industrielle, c’est-à-dire un peu de chien et de robustesse. Ce qu’il fait de mieux, c’est aller au filet. Dans ce secteur, c’est notre meilleur, alors son retour fait une grande différence. »

Avant qu’il ne tombe au combat, Tkachuk était sur le point d’obtenir une promotion et de former un trio avec Tierney et Mark Stone. Boucher n’a plus l’intention de mettre ce plan à exécution, du moins pas pour l’instant. Le coach s’est dit satisfait du travail de son top-6 – les membres de son premier trio ont amassé dix points il y a deux jours – et n’entend pas le démanteler pour faire une place à sa recrue.

« Avant de se blesser, il jouait de façon formidable et récoltait une tonne de points, mais ce n’est pas ce à quoi je m’attends ce soir, pour être honnête. Je prévois qu’il aura besoin de quelques matchs pour retrouver sa vitesse de croisière. Il faut comprendre que même pour un vétéran, c’est toujours plus difficile de manquer de l’action en début de saison, parce que le calibre de jeu à l’échelle de la ligue progresse très rapidement à ce moment-là. C’est difficile pour les gars qui reviennent d’une absence de se remettre à niveau, alors on ne mettra pas trop de pression sur Brady. »

« Mon état d’esprit, c’est que je veux être encore meilleur que je l’étais avant de me blesser, a clamé Tkachuk au terme de l’entraînement matinal. Je sais que la première période sera difficile, j’aurai besoin d’un peu de temps pour retrouver mes jambes, mais ce n’est pas une excuse. À chaque présence je vais essayer de faire un jeu, de provoquer quelque chose. »

Boucher a également confirmé que Mark Borowiecki était remis de la blessure au haut du corps qui l’avait empêché d’affronter les Devils mardi. Les Sénateurs affronteront les Golden Knights avec une formation composée de 11 attaquants et 7 défenseurs, mais Boucher n’a pas voulu dévoiler l’identité du joueur d’avant qui écoperait.

Jack Rodewald, qui a joué son premier match de la saison dans la Ligue nationale mardi, a été cédé aux Senators de Belleville dans la Ligue américaine.

Chabot c. Karlsson : le verdict de Ryan

Ryan a ajouté son grain de sel jeudi à la conversation qui circule depuis quelques jours dans l’entourage des Sénateurs. Le vétéran de 31 ans, qui en est à sa sixième saison à Ottawa, ne croit pas que les comparaisons entre Thomas Chabot et Erik Karlsson soient valides.

« J’imagine que c’est quelque chose qui collera à la peau de Thomas tant et aussi longtemps qu’il sera ici, mais à mes yeux, ce sont deux joueurs qui ne pourraient être plus différents. Karlsson se fiait beaucoup à son instinct. Il s’emparait de la rondelle et explosait vers l’avant dès qu’il voyait une opportunité. Quand il voulait changer le cours d’un match, il tentait de le faire en se fiant à sa vitesse. Chabby est plus méthodique. Je crois qu’il voit un peu mieux le jeu se développer devant lui et il joue les pourcentages. Les comparaisons seront toujours là, mais pour moi elles ne tiennent pas la route. »

Chabot domine tous les défenseurs du circuit Bettman avec 20 points en 15 matchs. Il en a récolté trois, mardi, dans une victoire de 7-3 contre les Devils. Mais pour Ryan, les moments les plus magiques ne se résument pas à ceux qui font scintiller la lumière rouge derrière le gardien adverse.

« Son sang-froid avec la rondelle est incroyable en ce moment. Il est capable de se débarrasser d’un adversaire en poursuite avec un simple regard. Les attaquants adverses hésitent à lui mettre de la pression parce qu’ils savent qu’ils risquent de se faire contourner en un clin d’œil. Le jeu le plus impressionnant qu’il a fait mardi s’est produit à la ligne bleue, quand il s’est débarrassé d’un joueur avec un simple mouvement des hanches, alors qu’il devait manœuvrer dans environ trois pieds carrés. »

L’humour, remède de tous les maux

Lentement, mais sûrement, la vie reprend son cours normal dans le vestiaire des Sénateurs.

Jeudi matin, un journaliste a posé une question à Ryan en lien avec la récente contre-performance des Sens à Las Vegas, où l’équipe a accordé 53 tirs au but dans une défaite en prolongation aux mains des Golden Knights.

« Je sais qu’on ne devrait pas parler de ce qui est arrivé à Vegas, mais... », a lancé le scribe, pas peu fier de son amorce.  

« Qu’est-ce qui s’est passé à Vegas? », a interrompu Ryan, complètement confus.

« Eh bien, ça doit rester à Vegas... », a tenté d’expliquer le journaliste avant de se rendre à l’évidence que sa blague était tombée à l’eau. « Vous avez donné beaucoup de lancers, Bobby. C’est tout! »

« Oh! Je me demandais où on s’en allait avec ça, a éclaté Ryan. Je me disais : "Mmmm, il me semble que le Uber était en Arizona..." ».