Après avoir fait table rase lors de la précédente saison, pour un ensemble de facteurs, le vrai travail ne fait que débuter pour le directeur général des Sénateurs d’Ottawa, Pierre Dorion, et sa garde rapprochée à l’aube d’une saison de transition.

Alors que j’entame ma 20e année à la couverture de cette franchise à titre d’analyste, je peux dire que le virage organisationnel ne ment pas lorsqu’on regarde la forte présence de jeunes espoirs qui tenteront tous de se tailler un poste avec l’édition actuelle ou celle des années futures. Du jamais vu de mon côté!

Le deuxième étage devra certainement faire preuve d'une grande clairvoyance et de sagesse dans le respect du cheminement et du développement de chacun de ces athlètes qui, en raison de cette génération d’aujourd’hui, ont tendance à s’éloigner du moment présent et de vouloir devancer les échéanciers le plus rapidement possible.

« Apprendre à marcher avant de courir » devra servir de référence pour ceux qui auront à trancher dans le processus décisionnel visant ultimement à redonner du lustre à cette organisation qui doit regagner la confiance de l’amateur de la capitale nationale.

Il ne faudrait toutefois pas passer sous silence le talent et le niveau d’habiletés de plusieurs de ces jeunes qui salivent à l’idée de faire le saut dans la grande ligue et de saisir l’opportunité du moment en raison de plusieurs ouvertures au sein de l’édition actuelle.

Les décisions des prochaines semaines devront être davantage reliées et basées sur le moyen et le long terme pour la forte majorité de ces jeunes, question de les positionner dans les meilleures conditions possible.

Oui, l’acceptation de certains essais-erreurs lors de certaines soirées fait partie du processus d’apprentissage, mais pas au-delà de faire abstraction à l’élément confiance qui représente un des facteurs non négligeables pour évoluer de façon permanente dans le meilleur circuit de hockey au monde.

Pour un grand nombre de ces jeunes athlètes acquis par le biais du repêchage ou de transactions au cours des dernières saisons, comme Erik Brannstrom (20 ans), Max Lajoie (21 ans), Drake Batherson (21 ans), Logan Brown (21 ans), Alex Formenton (20 ans), Josh Norris (20 ans), Vitaly Abramov (21 ans), Filip Gustavsson (21 ans), et j’en passe, le but sera de se retrouver la bonne chaise.

Une chaise qui doit leur permettre de s’exprimer en lien avec leur dominante comme athlète professionnel, et non dans un rôle qui n’est pas nécessairement celui pour lequel ils ont été repêchés.

Le genre de situation en exemple qui pourrait, sur le court terme, servir dans le dossier du jeune quart-arrière Brannstrom, acquis des Golden Knights de Vegas l’année dernière dans la transaction impliquant Mark Stone.

Un exemple concret parmi tant d’autres sur lesquels devront se pencher les décideurs des Sénateurs. La gestion de ce diamant à l’état brut sera importante. Est-ce qu’on favorise l'idée de « qualité-minute » dans un rôle plus important dans la Ligue américaine ou est-ce qu’on lui donne un rôle moindre dans la grande équipe dans un circuit qui ne sert pas nécessairement de laboratoire.

Tout cela, alors que les Sénateurs sont désespérément à la recherche d’indicateurs positifs sur le futur organisationnel, à la quête d’une ou de plusieurs étoiles montantes, question d’oublier le départ d’Erik Karlsson à la ligne bleue.

Une sérieuse réflexion à travers laquelle la direction actuelle devra passer, afin d’inévitablement se libérer du regard des autres. Indépendamment du jugement extérieur et sans nécessairement rechercher l’approbation de tous, ce dossier devra être bien géré. Un dossier parmi tant d’autres qui susciteront fort possiblement plusieurs débats à l’interne dans les meilleurs intérêts de certains jeunes quant à leur futur.

Un pas de côté pour certains sur le court terme, mais qui pourrait rapporter son lot de bénéfice sur le moyen et le long terme!

D.J.Smith : Toute comparaison serait boiteuse!

D.J. Smith

Si le processus des derniers jours en est un de grande importance pour la haute direction et pour le personnel de recrutement, il sera aussi très révélateur pour le nouvel entraineur-chef des Sens, D.J. Smith.

Ce dernier en sera à ses premiers pas derrière le banc d’une formation de la LNH dans le rôle de premier, lui qui tentera de ne pas trop se soucier du moyen et du long terme afin de se concentrer davantage sur le moment présent.

Le camp n’est vieux que de quelques jours, mais voilà déjà que les combinaisons de trios à l’offensive et de duos en défensive nous démontrent assez clairement les intentions du début de saison de celui qui aura la responsabilité de redonner espoir aux partisans des Sénateurs.

Successeur de Guy Boucher, qui aura passé près de trois saisons derrière le banc des Sens, toute comparaison entre Smith et son prédécesseur serait inutile et boiteuse en ce moment, car tenter de mesurer l’approche de la « game » de l’un comparativement à l’autre serait impossible.

À la lueur des derniers entrainements, et à l’approche des matchs du calendrier préparatoires, Smith semble vouloir inculquer un système davantage axé sur la réduction du temps et de l’espace autant en situation d’échec avant en zone offensive que sur le travail en repli défensif. Cela exige une très grande pression sur le porteur du disque et un travail en unité de cinq dans les trois zones.

Un système qui a tendance à vouloir faire provoquer les erreurs des adversaires avec une approche plus agressive, au lieu de simplement attendre l’erreur et tenter la contre-attaque.

D’une façon ou d’une autre, peu importe le style de jeu pratiqué, le nerf de la guerre représentera toujours le fameux « buy in » de l’intérieur du vestiaire et qui la plupart du temps a un lien direct avec les effectifs en place.

Entretemps, un des défis avec lequel le nouvel entraineur-chef des Sénateurs d’Ottawa aura à composer à court terme est l’étiquette Mike Babcock à laquelle Smith est collé, car il a agi à titre d’entraineur-adjoint à ce dernier au cours des dernières saisons.

Autant je suis convaincu qu’il y a eu beaucoup de bon à retenir de cette association des dernières années, autant il sera important pour D.J. Smith de mettre sa propre empreinte sur cette formation ottavienne à l’occasion de cette première opportunité qui se présente devant lui. Il est le maître à bord de sa propre formation.

Après tout, il est un des 31 privilégiés à avoir la chance de diriger dans le circuit Bettman, une opportunité qui se présente rarement chez les hommes de hockey, et les deuxièmes chances sont encore plus rares.