Pas un, mais plusieurs défis colossaux se pointent de plus en plus à l’horizon pour le directeur général des Sénateurs d’Ottawa, Pierre Dorion, au cours des prochaines semaines et surtout d’ici la date limite des transactions.

Si le statut d’Erik Karlsson a suscité l’attention de plusieurs au sein de la LNH à pareille date la saison dernière, il n’en est rien à comparer des négociations à venir pour Mark Stone, Matt Duchene et Ryan Dzingel ; trois joueurs autonomes sans restriction à la fin de la présente saison.

Trois dossiers jugés de haute importance, considérant le statut de ces joueurs et d’un ensemble de facteurs qui pourraient en dire davantage sur le plan de redressement de cette franchise pour les années à venir.

Le fait de penser un seul instant que Dorion est en position de force serait illusoire dans le contexte actuel, considérant la fragilité du marché actuel des Sénateurs et de tout ce qui l’entoure.

Un cadre financier des plus restrictifs, un propriétaire qui ne fait pas l’unanimité, la possibilité de voir certains de ses protégés développer le goût d’aller voir ailleurs ou tout simplement de profiter de cette autonomie complète pour explorer le marché.

Voilà tous des éléments qui tendent à prouver que le tout ne sera pas nécessairement une partie de plaisir dans les mois à venir, là où il risque d’y avoir des moments de forte chaleur.

En contrepartie, une question demeure : quelles seront les priorités organisationnelles des Sénateurs et celles de Stone, Duchene et Dzingel? Les trois joueurs se retrouvent inévitablement en position favorable lors de la présente négociation.

Un point de vue qui me pousse à croire qu’il serait utopique de penser au retour éventuel de ces trois attaquants au sein de la formation ottavienne à l’automne prochain.

Si pour Dorion « se concentrer sur ce qu’il peut contrôler » et « se préoccuper uniquement de ce qui se passe dans sa propre cour » sera le principal argumentaire, un fait demeure, en faisant preuve de lucidité, les Sénateurs devront payer davantage, soit en dollars et/ou en années pour répondre aux exigences potentielles des principaux concernés, surtout pour Stone et Duchene. Sinon, il faudra se préparer à faire des mini-deuils comme en février dernier avec Karlsson.

Mark StoneMark Stone : malgré un patin sous la moyenne

De carrure imposante, mais pas aussi rapide et agile que Duchene, Stone doit demeurer la priorité numéro un de la formation ottavienne dans la prochaine ronde de négociations, même si son style va un peu à l’encontre de la nouvelle Ligue nationale basée sur la vitesse et le haut niveau d’habiletés.

Choix tardif en 2010 (6e ronde, 178e au total), l’ailier droit de 26 ans représente le cœur et l’âme du vestiaire actuel, malgré un patin sous la moyenne des standards d’aujourd’hui.

Sa force de caractère, sa combativité, sa résilience, son leadership démontré par ses actions, toutes ces qualités combinées à plusieurs autres éléments intangibles de la « game » doivent être prises en considération. Stone présente un profil qui demeure une rareté pour les équipes de la LNH.

Reconnu pour posséder une qualité de tir au-dessus de la moyenne et pour avoir un des meilleurs bâtons en défensive pour soustraire la rondelle à l’adversaire, Stone possède des qualités non négligeables.

Les expressions « se salir le nez » et « se pointer dans la peinture bleue du gardien adverse » collent assez bien à la peau du principal concerné. Or, le fait de ne pas être en mesure d’en arriver à une entente à long terme pourrait représenter un sérieux constat d’échec à l’interne.

Cette situation fera couler beaucoup d’encre, surtout lorsqu’on se dit que dans un modèle d’affaires comme celui de la LNH présentement, ce type de joueur se doit d’être repêché et développer au sein même de l’organisation, question de culture organisationnelle.

Duchene est de plus en plus prêt à effectuer un retour au jeu. Sans rien enlever au fait que comme athlète professionnel, le Canadien de 27 ans représente une rareté à sa façon.

Duchene est un centre de premier niveau et possède un esprit de compétition hors du commun, malgré certaines critiques à son endroit sur la pensée individualiste, tout comme plusieurs autres se trouvant dans la même situation.

Acquis à fort prix dans cette méga transaction à trois équipes en novembre 2017, Duchene, à défaut d’être dans l’erreur, pourrait avoir le sentiment et le désir de voir ce que le marché pourrait lui offrir. Une curiosité toujours existante quant au statut de joueur autonome sans restriction.

Quoi que l’on en dise ou en pense, des choix importants, qui ne seront pas nécessairement de tout repos pour la haute direction des Sénateurs, se pointent à l’horizon.

Un contexte qui, par rapport à la précédente saison, pourrait éventuellement forcer la main du directeur général à prendre les décisions qui s’imposent par elles-mêmes. Il pourrait être forcé de céder certains de ses actifs d’ici la fin du mois de février prochain en retour de jeunes espoirs et de choix au repêchage vu la phase de reconstruction actuelle.

Voici ma liste de priorités. D’abord, Mark Stone, car c’est un joueur de caractère. Ensuite, Matt Duchene, n’oublions pas que trouver un joueur de centre numéro un n’est pas chose facile à faire sur le marché, à moins de le développer de l’interne. Puis, Ryan Dzingel. Même si sa vitesse est un outil important, il faut dire que c’est un peu plus facile de trouver ce profil sur le marché des joueurs autonome que Stone et Duchene.

Des Sénateurs allergiques aux patinoires adverses

Si certaines facettes du jeu ont été améliorées par rapport à la campagne 2017-2018, comme le rendement à domicile, l’avantage numérique, le travail en infériorité numérique — surtout au cours des 12 dernières parties — le piètre rendement sur les patinoires adverses depuis octobre 2017 dérange au plus haut point.

Cela a de quoi créer fort possiblement des ulcères d’estomac pour Guy Boucher et ses adjoints avec cette fiche combinée de 16-35-6 au cours des deux dernières saisons.

Sans aller dans les détails de cette période d’insuccès, une réalité demeure : on ne semble pas avoir trouvé la solution idéale pour se sortir de ce bourbier qui traîne en longueur.

Concrètement, c’est une fiche de 4-11-1 à l’étranger depuis le début de la saison avec une moyenne de 2,93 buts marqués par partie et de 4,75 au niveau des buts alloués. De plus, les Sénateurs occupent le dernier tiers du circuit au chapitre du rendement des unités spéciales loin de leur domicile. Tout cela inquiète au plus haut point.

Il s’agit là d’une question d’imputabilité qui se doit d’être partagée à travers l’ensemble des principaux acteurs (haute direction, joueurs et entraîneurs).

Considérant que le standard moyen sur les patinoires adverses se situe davantage au niveau de la barre de ,500, le fait de remédier à cette situation représentera fort possiblement le plus gros défi de l’édition actuelle.

Clin d’œil de la semaine : Claude Julien

Claude Julien n’est pas nécessairement l’homme qui recherche le plus l’attention de l’extérieur au niveau des statistiques personnelles, mais le fait d’avoir signé une 600victoire à titre d’entraîneur-chef derrière le banc d’une formation de la LNH mérite une attention particulière.

Congédié à quelques occasions et fort possiblement pour les mêmes raisons qu’il avait été embauché — à part cette injustice de la part de Lou Lamoriello chez les Devils du New Jersey — l’entraîneur de carrière impressionne par sa grande capacité d’adaptation à la nouvelle LNH.

Autant dans la gestion des hockeyeurs de la nouvelle génération que par les ajustements apportés à son cahier de jeu, Julien a trouvé une façon de répondre aux nouvelles exigences du circuit.

En laissant un peu plus de place à la créativité et aux habilités des athlètes d’aujourd’hui, le vétéran entraîneur a su tirer le maximum de ses joueurs.

Un gros bravo pour ce bel accomplissement M. Julien!