COLLABORATION SPÉCIALE

La saison 2021-2022 est maintenant chose du passé et malheureusement, pour une 5e campagne consécutive, les Sénateurs d’Ottawa n’auront pas l’opportunité de jouer du hockey de séries, là où le jeu devient davantage un enjeu et où les émotions sont à leur comble.

L’édition 2021-2022 de la formation ottavienne aura laissé l’impression d’une saison mi-figue mi-raisin. Ç’aura été une année parsemée d’embûches à plusieurs niveaux, notamment avec la forte présence du virus de la COVID-19, les blessures, le calendrier compressé lors des deux derniers mois d’activités, et les hauts et les bas de plusieurs joueurs.

Plusieurs de ces facteurs ont été hors du contrôle de D.J. Smith et auront eu un effet direct sur la tenue des Sens. Dans l’exercice de ses fonctions, Smith a l’objectif de maximiser le plein potentiel et la progression de sa formation en cours de saison, mais disons qu’il n’a pas eu beaucoup de chance de son côté.  

L’édition de cette année n’aura pas été nécessairement différente de la saison précédente en lien avec l’absence de résultats en début de saison, avec un départ style canard boiteux qui aura rapidement placé l’équipe dans une position précaire. Ce sérieux recul dès le départ aura placé les Sénateurs dans une position difficile, avec beaucoup de retard sur leurs principaux rivaux. Disons qu’il est très difficile de compétitionner pour une place en séries éliminatoires avec une fiche inférieure à ,500 au 1er décembre.

Dans l’Association de l’Est cette saison, les huit formations ont atteint le plateau des 100 points et plus pour accéder aux séries. Il était déjà trop tard pour la formation ottavienne.

Au final, six des neuf moins bonnes formations de la LNH se sont tout retrouvées dans l’Est, avec plusieurs équipes qui auront sous-performées. Un cadre de référence qui ne devrait pas devenir coutume. Si l’on regarde les dernières saisons, le plateau des 96 points +/-, a souvent servi de baromètre pour accéder aux séries éliminatoires.

Or, dans la colonne des éléments positifs chez les Sénateurs d’Ottawa, la dernière campagne aura permis de valider et de colliger le fait que le noyau du futur est bel et bien en selle avec la forte présence de jeunes talentueux (Thomas Chabot, Brady Tkachuk, Josh Norris, Tim Stützle, Drake Batherson, etc.). Ces derniers sont en pleine ascension grâce à leur haut niveau d’habiletés et d’audace dans le désir de faire la différence et de redonner du lustre à une franchise qui en a grandement besoin.

Le grand pas de recul des dernières années était tout simplement nécessaire pour tenter de redresser la barque. Aujourd’hui, on commence tranquillement à voir lumière au bout du tunnel, et il faut se rappeler que les transactions du passé auront permis d’obtenir deux joueurs de centre de premier plan : Norris (il sera cependant agent libre sans compensation cet été) et Stützle (choix de 1re ronde, 3e au total lors de la séance de sélection de 2020).

Deux jeunes surdoués qui ne craignent pas de marier l’eau et le feu dans la ligne de centre, qui en fin de compte donneront plusieurs saisons intéressantes dans cette position si névralgique. Un facteur non-négligeable dans la game d’aujourd’hui.

Dans la colonne des éléments positifs à retenir de la saison 2021-2022 :

-    La progression de certains jeunes éléments de la franchise qui cheminent présentement à vitesse grand V en raison de leur grande confiance.
-    Respect du plan stratégique dans l’utilisation des plus jeunes dans un processus d’essais et erreurs.
-    Le fait d’avoir résisté à la tentation de faire graduer certains jeunes défenseurs de façon prématurée dans la cour des grands. On a ainsi évité de fragiliser leur confiance respective, car à la position de défenseur l’essai-erreur est moins pardonnable.
-    Le leadership renouvelé qui prend de plus en plus de place autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du vestiaire, avec un vent d’enthousiasme dans le travail et l’effort et avec une présence plus accrue dans la communauté.
-    La prestation d’Anton Forsberg, qui contre toute attente a signé 22 des 33 victoires des Sénateurs en 44 départs, lui qui à la base se voulait tout simplement une police d’assurance. Il aura été l’un des joueurs les plus utiles à sa formation depuis la mi-décembre.
-    Sur le plan individuel, l’assurance démontrée par le défenseur Artem Zub. Il a terminé la saison avec un différentiel de plus -1, ce qui est assez remarquable considérant les minutes jouées.
-    La progression intéressante du défenseur Erik Brannstrom, particulièrement avec son jeu sans la rondelle, lui qui a été plus efficace dans son jeu de positionnement. Il reste à régler sa contribution offensive, mais ça viendra.
-    La présence de meilleurs résultats sur les patinoires adversaires avec une fiche de 18-20-3 dont une fin de saison de 8-3-0, ce qui semble pointer vers de meilleurs jours et une plus grande présence d’identité.
-    La première vague en avantage numérique a été digne des meilleures formations du circuit.
-    Le collectif en infériorité numérique aura su se positionner dans le premier tiers de la LNH, avec un taux d’efficacité de 80,9 %.

Dans la colonne des éléments moins intéressants pour la saison 2021-2022 :

-    La grande difficulté d’obtenir des résultats positifs à domicile (15-22-4) et de cette quête d’identité devant leurs propres partisans.
-    La colonne des buts alloués à l’adversaire par partie qui s’est située dans le dernier tiers du circuit avec une moyenne de 3,26.
-    Malgré quelques pistes intéressantes, la recherche de profondeur à toutes positions confondues, un élément crucial dans la game d’aujourd’hui.
-    L’absence d’une deuxième vague en avantage numérique pour soustraire une certaine chaleur de la première unité.
-    L’absence de contribution offensive en provenance du champ-arrière, un élément requis dans la nouvelle Ligue nationale. Bien que certains espoirs se pointent à l’horizon, les Sénateurs ont terminé dans le dernier tiers du circuit à ce chapitre.
-    Le facteur blessure et les performances sportives de Matt Murray et Colin White.
-    La distraction entourant la négociation contractuelle de début de saison avec le clan Tkachuk.
-    La non-participation en séries éliminatoires pour une 5e saison consécutive, ce qui prive plusieurs joueurs du noyau actuel d’emmagasiner de l’expérience et du vécu dans des parties sans lendemain.

Chez les hauts dirigeants des Sens, le moyen terme annonce de jours meilleurs, en raison de la forte présence de jeunes espoirs prometteurs et d’une banque de choix toujours aussi intéressante.

Or, il faudra résister à la tentation de dévier du processus de relance, dans le développement et le cheminement de ces jeunes hockeyeurs.

Après avoir adopté une position concrète dans les dernières années, tout en assumant les responsabilités et les conséquences de cette position, il ne serait toutefois pas surprenant de voir le directeur général des Sénateurs d’Ottawa, Pierre Dorion, faire l’acquisition, soit via transaction ou le marché des joueurs autonomes, d’un attaquant de caractère top-6, qui est également un bon coéquipier. Le but étant de trouver un peu de complémentarité et de répartition au niveau de la charte de profondeur sur le top 12 de la formation pour les prochaines saisons.

En corrélation avec cette phase de reconstruction entamée au printemps 2018, les choix organisationnels et l’établissement de cette culture doivent primer dans le processus décisionnel des prochaines semaines.

Suite à la fin de ce long marathon de 82 matchs, qui aura donné droit à beaucoup de hauts et de bas, les prochaines actions ne doivent laisser aucun doute au niveau du livrable pour la prochaine saison.

Bref, nous devrions en connaître davantage au niveau des intentions de l’équipe ottavienne au cours des prochains mois dans un marché où la patience des partisans a été fortement sollicitée au cours des dernières saisons, eux qui espèrent bientôt avoir une formation compétitive à encourager dans un avenir rapproché.