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RÉSULTATS

Sénateurs : on peut déjà anticiper le bilan

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COLLABORATION SPÉCIALE

Déception, frustration et remise en question seront à l'ordre du jour à la suite de cette impossibilité de satisfaire la haute direction et les partisans, et ce, malgré de gros changements apportés à l'édition actuelle lors de l'entre-saison. Au final, les Sénateurs n'auront pas réussi à briser cette fâcheuse séquence et se qualifier pour les séries éliminatoires pour la première fois depuis 2016.

Tôt ou tard, l'équipe devra trouver une façon d'y participer et de faire vivre cette frénésie au jeune noyau, qui se doit d'y goûter si les Sénateurs espèrent devenir une équipe aspirante aux grands honneurs dans les années futures. C'est dans ces parties sans lendemain que les jeunes seront en mesure de faire leurs dents.

À la fin de cette saison, les Sénateurs devront faire face à la musique à la suite de cet autre constat d'échec. Pourtant, en début de saison, on sentait un vent de renouveau et d'enthousiasme souffler dans la capitale nationale, malgré quelques interrogations à la position de défenseur et par rapport à un potentiel manque de profondeur.

Le début de saison aussi difficile que les deux précédentes, avec un faux départ, a eu pour effet de compliquer la tâche des Sens. Le mois de novembre aura couté très cher à la formation de Smith, avec un cumulatif de 4-9-1, soit une récolte de neuf points sur une possibilité de 28. Cela a placé la formation ottavienne dans une position très vulnérable au sein du classement dans l'Association de l'Est. 

C'est peut-être un cliché, mais combien de fois avons-nous entendu que les points mis en banque en début de saison sont aussi importants que ceux accumulés à la fin l'année, surtout lorsqu'on prend en compte les fameux impondérables (blessures, passages à vide, etc.)? Malheureusement, cette absence de solution a placé les Sénateurs dans une situation d'urgence, et en fin de compte ils n'auront pas su surmonter cette situation, et ce, malgré une fiche de 29-20-4 du mois de décembre au mois de mars.

Ce petit soubresaut aura permis de s'accrocher à un mince espoir de traverser ce test d'adversité du moment, mais au final la fiche de 6-8-3 depuis le 11 mars dernier représentait le signal du « trop peu, trop tard » dans cette autre exclusion des séries éliminatoires.

À moins de quelques jours de la fin de ce long marathon de 82 parties, on pourra dire que la dernière campagne aura été parsemée de blessures, de manque de constance (surtout devant le filet, avec l'utilisation de sept différents gardiens de but) et d'un rendement sur les patinoires adverses très médiocre (25e dans la LNH).

On pourra aussi pointer du doigt le manque de productivité en situation de cinq contre cinq (26e LNH), attribuable entre autres à un manque d'apport des trios de profondeur. La ligne bleue plus ou moins active et créative en offensive (28e rang du circuit) – à moins que l'on exige une certaine retenue au niveau du coaching, – est aussi un facteur à souligner. Il s'agit d'un rendement très lamentable. Puis, le fait que certains éléments au sein du top-6 se sont trop souvent limités à du travail en périphérie, en refusant de payer le prix dans la zone payante pour les retours de lancers, a aussi fait mal à la formation ottavienne.

Il ne faudrait pas non plus oublier que les Sénateurs ont représenté l'une des trois formations les plus pénalisées de la LNH, et ce, malgré le fait qu'elle ne représente pas nécessairement la formation la plus physique du circuit Bettman.

Je trouve intéressant de tenter de tracer un comparatif entre les Sénateurs et le Wild du Minnesota, et ce, même si le Wild représente une formation un peu plus vieillissante (moyenne de 29,3) que les Sens (moyenne de 27,3).

Oui, la formation de Dean Evason occupe peut-être le 30e rang de la LNH au niveau des buts marqués en situation de cinq contre cinq, mais en contrepartie elle occupe le troisième rang dans la colonne des buts alloués à cinq contre cinq, grâce à une culture de l'intérieur bien présente et un plan de match appliqué à la lettre. À titre comparatif, les Sénateurs se retrouvent au 21e rang dans ce même département. 

Evason exige une rigueur et tient ses joueurs à carreau. Il y a très peu de place à l'improvisation dans l'engagement dans les deux sens de la patinoire. On voit un collectif bien présent dans les rôles et les responsabilités de chacun et un style de jeu appliqué de façon méthodique qui permet aujourd'hui à cette franchise du Midwest américain de retrouver ses lettres de noblesse.

Minnesota joue du hockey structuré avec un engagement systématique, mais sans dénaturer qui que ce soit. Il faut aussi souligner le brio de leur duo de gardiens, Marc-André Fleury et l'ancien porte-couleurs des Sénateurs Filip Gustavsson (20-9-6; 2,03 et ,932) – qui, je crois, n'aurait pas été en mesure de produire ces mêmes résultats à court terme avec la formation ottavienne, même si plusieurs observateurs pensent le contraire. Ça porte à réflexion!

Certains points positifs malgré tout

Il n'y a pas eu que du négatif cependant. Je m'en voudrais de ne pas souligner le travail incroyable et la présence plus que positive du vétéran Claude Giroux, qui a d'ailleurs atteint le prestigieux cap des 1000 points lundi soir face aux Hurricanes de la Caroline. Le Franco-Ontarien, par ses expériences du passé et par son aura a représenté une valeur ajoutée inestimable dans cet environnement en lien avec son niveau de compétitivité et sa ténacité dans l'action hors du commun. Au moment d'écrire ses lignes, il a quand même récolté 78 points en 81 matchs, tout ça à 35 ans! Il s'agit là d'une acquisition clé de Pierre Dorion.

Toujours sur le plan individuel, le cheminement et la progression de certains jeunes protégés auront retenu l'attention :

-    Tim Stützle, qui au-delà des statistiques individuelles, a progressé de plus en plus dans la gestion de sa game.
-    Brady Tkachuk a impressionné par son niveau de compétitivité, sa fougue, et ses qualités de leader.
-    Jake Sanderson qui en était à sa première saison dans la LNH a démontré un calme olympien, et une qualité de jeu incroyable, autant défensivement qu'offensivement, avec de grosses minutes déjà.
-    Shane Pinto, qui avec quelques hauts et bas, dépendamment dans quelle chaise il a été utilisé, a démontré les signes d'un potentiel joueur de centre de troisième trio très alléchant.
-    Erik Brannstrom a su relever son jeu d'un cran (14 points à ses 28 dernières parties), et ce, à plusieurs niveaux pour pallier aux blessures de certains vétérans défenseurs (Chabot, Chychrun, Hamonic).
 
Puis, comme équipe, certains départements auront fait belle figure lors de la saison 2022-2023. On pense notamment au redressement des unités spéciales. L'avantage numérique a été exceptionnel en première moitié de saison avant que plusieurs équipes réalisent qu'elles devaient demeurer disciplinées. Il y a aussi le travail accompli en infériorité numérique, surtout sur les patinoires adverses (premier tiers de la LNH). Considérant l'instabilité devant le filet, là où techniquement ton meilleur joueur se doit d'être à la position de gardien, c'est quand même un bel exploit.

Puis, il ne faudra pas ignorer le rendement à domicile de 24-14-3 qui demeure des plus respectables, contrairement à celui sur les patinoires adverses.

Un vent de changement à l'horizon? 

Cette question demeure et demeurera tant et aussi longtemps que l'on n'assistera pas à l'arrivée de nouveaux propriétaires. Une réalité qui la plupart du temps a tendance à apporter un vent de renouveau, et une nouvelle direction revampée dans un contexte de nouvelles orientations, vision, mission et valeurs.   

Dans ce contexte, est-ce que la fin approche pour certains hommes de hockey dans l'organigramme actuel des Sénateurs? La question se pose.

Dans la situation actuelle, plus tôt que tard, le statut du directeur général Pierre Dorion devra être clarifié. On se devra de faire vite, surtout en raison de l'agenda des prochains mois en vue du prochain repêchage, du marché des joueurs autonomes, des transactions et des renouvellements, ou non, de certains joueurs autonomes sans compensation à la fin de la présente saison.

Mais, encore plus important, même s'il demeure toujours bien intentionné, est-ce que la fin de D.J. Smith a sonné à Ottawa? Il ne faut pas oublier que le principal concerné a dû œuvrer longtemps dans ce contexte de reconstruction. Or, cette année les attentes étaient plus élevées et il faut avouer que Smith, tout comme plusieurs autres entraîneurs dans le circuit, sera remis en question. Or, ma vraie question par rapport à Smith est : peut-il faire grandir davantage les jeunes espoirs de l'organisation dans le but de rendre collectivement les Sénateurs meilleurs?

Est-ce que Smith est le seul et unique responsable de cette autre exclusion de la danse du printemps? La réponse est non, mais dans ce business du sport la plupart du temps on pointe dans la direction de l'entraîneur pour expliquer les déboires. 

Bref, voilà quelques questions auxquelles devront répondre les hautes instances des Sénateurs et ainsi procéder à certaines grosses décisions, là où la reddition de compte fait tout simplement partie du processus d'évaluation dans l'atteinte de jours meilleurs.