Dans ma dernière chronique, qui était titrée : « Identité disparue et leadership questionnable », nous sommes revenus sur le constat d’échec de l’une des saisons les plus difficiles des Sénateurs d’Ottawa depuis leur retour au sein de la LNH.

 

Lundi, lors du bilan de fin de saison de l’équipe, nous avons eu l’occasion d’en apprendre un peu plus sur ce que le personnel d’entraîneurs et les joueurs en pensaient.

 

Évitant de casser du sucre sur qui que ce soit sur le plan individuel – ce qui est normal dans les circonstances – l’entraîneur-chef des Sénateurs, Guy Boucher, du bout des lèvres, aura tout de même pris soin de partager quelques bribes d’informations qui méritent une attention particulière. Il a aussi accepté de prendre une bonne partie du blâme pour les insuccès de la dernière campagne.

 

En tenant certaines situations pour acquises, en faisant confiance, tout en acceptant de donner davantage de latitude sur l’aspect offensif du jeu, que ce soit par une plus grande participation des défenseurs à l’attaque et d’espace à la créativité dès l’ouverture du camp d’entrainement de septembre dernier, Boucher aura peut-être été trop permissif.

 

Inconsciemment, la formation ottavienne reconnue pour sa structure, sa rigueur, son acharnement face à l’adversité en 2016-2017 s’est tout simplement offert un cadeau empoisonné en lever de rideau. Une situation qui est par la suite devenue irrécupérable au fur et à mesure que la saison a progressé.

 

Les Sénateurs auront connu un début de saison intéressant (8-3-5), mais la façon dont ils y sont arrivés était questionnable à plusieurs niveaux et cela aura fini par les rattraper. En effet, lors des 16 premières rencontres du calendrier régulier, la moyenne des buts alloués par partie se situait à 3,30 vis-à-vis une moyenne de 3,70 buts marqués.

 

Voilà des signes avant-coureurs d’une équipe, qui au lieu de bâtir sur les acquis de la précédente saison, se sera tout simplement laissée piéger par un certain délestage dans l’implication et l’engagement collectif sur les 200 pieds de la patinoire, tout ça à force de travailler au pic et à la pelle,

 

Dans la tête de plusieurs observateurs, cette cassure avec le succès du passé aura représenté le début de la fin dans ce constat d’échec de la dernière campagne. Un partenariat entre les joueurs et les entraîneurs qui n’aura duré que le temps des roses par rapport à l’adhésion du message et à la vision de Guy Boucher.

 

 

Les Sénateurs auront connu leurs moments les plus brouillons de la saison entre le 16 novembre 2017 et le 12 décembre 2017, avec une fiche combinée médiocre de 1-10-2, une moyenne de buts alloués de 3,70 par partie et une attaque anémique qui affichait un rendement de 1,50 but marqué par match. 

 

Il s’agit au final d’une question d’attitude. La carte du mental aura fait grandement défaut, plus que tout autre aspect. Malgré une certaine tentative de refermer les écoutilles en cours de route, il était déjà trop tard pour Guy Boucher et son personnel hockey. Il était impossible de redresser la barque, qui était clairement à la dérive.

 

Boucher et son directeur général, Pierre Dorion, ne peuvent se soustraire de leurs obligations face à ce recul de 31 points par rapport à la saison 2016-2017 et surtout cette non-participation aux séries éliminatoires.

 

Question de respect envers le processus d’évaluation, rien ne garantit à ce jour le retour de Boucher derrière le banc de la formation ottavienne pour la prochaine saison, lui qui pourrait en être à sa dernière année contractuelle d’une entente de trois ans la saison prochaine.

 

Lorsqu’on a engagé l’entraîneur québécois, aujourd’hui âgé de 46 ans, on lui avait donné la responsabilité première de maximiser le potentiel des joueurs qu’ils avaient sous la main.

 

Maintenant, nous sommes en attente de clarifications sur les orientations et les intentions de l’organisation pour l’an prochain. Cela ne devrait pas nécessairement trop tarder de la part de la haute direction.

 

Geoff Molson : La mèche est de plus en plus courte

 

L’implication plus qu’omniprésente de Geoff Molson sur la tribune lors du bilan de saison du club de hockey canadien, interpelle au plus haut point.

 

En utilisant le mot « inacceptable » à quelques occasions, M. Molson a témoigné assez clairement de la frustration qui l’habite et nous a fait comprendre qu’il avait la mèche de plus en plus courte dans l’art de définir l’acceptable et le non acceptable.

 

Nul doute aujourd’hui que le directeur général, Marc Bergevin, doit se sentir de plus en plus fragilisé dans son poste, lui qui techniquement est l’architecte des éditions des dernières années.

 

Une présence bien sentie du président de la Sainte-Flanelle qui donne de plus en plus l’impression que la fin de la création est belle et bien terminée et que la croyance aveugle en son homme de hockey est de plus en plus remise en question.

 

Cette preuve de lucidité et d’éveil de Geoff Molson témoigne assez clairement de la chaleur qui sévit présentement dans l’environnement du Canadien de Montréal, mais qui se veut des plus salutaires dans cette sérieuse phase de remise en question.

 

Poser ce regard critique envers sa propre organisation est nécessaire. Il faut à tout prix se demander ce qui pourrait être fait pour retrouver crédibilité et noblesse au sein du meilleur circuit de hockey au monde. Ce n’est pas un défaut, au contraire.

 

En prenant cette décision de profiter de la tribune pour livrer son message, il ne faut pas penser que le propriétaire du CH a voulu prêter ombrage à son directeur général. Il a simplement voulu prendre davantage de leadership avec l’état actuel des choses au sein du Tricolore.

 

Pascal Vincent, entraîneur de l’année

 

Bravo et encore bravo à Pascal Vincent, lui qui a pris la décision il y a quelques années de s’exiler avec sa famille pour exercer le métier d’entraîneur, tant au niveau de la LNH que de la Ligue américaine de hockey (LAH).

 

Associé à l’organisation des Jets de Winnipeg depuis les sept dernières années, Vincent, qui est à la barre du Moose du Manitoba, est le récipiendaire de l’entraîneur de l’année. Il mérite un grand respect et reconnaissance du milieu du hockey québécois.

 

Homme de hockey intelligent, calme et posé, cet entraîneur de carrière s’est permis d’aller voir ailleurs et sortir de son milieu pour fort possiblement voir autre chose. Il s’en est ensuite inspiré question d’élargir ses horizons et ses connaissances.

 

En se fixant l’objectif d’atteindre les plus hauts niveaux, en cultivant la différence de son nouveau milieu, il ne serait pas étonnant de voir quelqu’un donner l’opportunité à Vincent de s’amener dans la cour des grands à titre d’entraîneur-chef.

 

Une reconnaissance qui sera bien méritée pour celui qui n’a qu’une idée en tête, soit celle d’obtenir un jour cette chance de diriger sa propre équipe au sein de la LNH.