BELLEVILLE – Un vieil adage dit qu’on n’a qu’une chance de faire une bonne première impression. Avec le recul, Logan Brown réalise qu’il avait peut-être manqué son coup avec Guy Boucher.

 

Brown et Boucher sont arrivés au même moment dans l’organisation des Sénateurs. Boucher a été embauché comme entraîneur-chef le 8 mai 2016. Brown a été sélectionné au onzième rang du repêchage un mois et demi plus tard.

 

« Je ne dirais pas qu’on ne s’entendait pas, réfléchit Brown trois ans plus tard. Mais voilà, j’avais 18 ans et je n’avais aucune idée de ce qu’était un camp de la LNH. J’arrivais du junior et je n’avais pas les habitudes de travail d’un joueur professionnel. J’ignorais à quel point l’écart était grand entre les deux ligues et peut-être que je me pensais un peu meilleur que je l’étais. »

 

Peu importe à qui la faute, la progression de Brown s’est faite à petites enjambées depuis cette première leçon de modestie. Le jeune gaillard a disputé deux autres saisons complètes dans la Ligue junior de l’Ontario et une autre dans la Ligue américaine, obtenant ici et là six matchs d’essai dans la LNH. Au cours de cette période, quatre joueurs repêchés après lui – Maxime Lajoie, Alex Formenton, Drake Batherson et Brady Tkachuk -  ont passé plus de temps que lui avec le grand club.

 

Mais cette année, Brown est arrivé au camp des recrues des Sénateurs en se disant que cette fois-ci serait la bonne. D’abord, parce qu’il est convaincu d’avoir atteint le niveau de maturité nécessaire pour écarter la compétition. « Je suis un joueur différent, mais aussi une personne différente », clame-t-il en repensant au chemin parcouru depuis trois ans.

 

Ensuite parce que, comme le reste de ses coéquipiers, il se retrouve en vitrine devant un tout nouvel entraîneur. Boucher, qu’il n’a jamais su convaincre, a été congédié en mars dernier. Son successeur, D.J. Smith, aura une première occasion d’observer en personne les jeunes qui aspirent à un poste à Ottawa en fin de semaine lors du tournoi des recrues qui opposera les espoirs des Sens à ceux du Canadien et des Jets de Winnipeg.

 

Pour Brown, il s’agit d’une chance en or, sa deuxième de faire une bonne première impression.

 

« Je ne sais pas quelles seraient mes chances avec l’ancien groupe d’entraîneurs, mais je vois ça comme un nouveau départ. [Smith] me verra pour la première fois et c’est important d’attirer son attention pour les bonnes raisons. »

 

La vérité, c’est que Brown jouira peut-être même d’un préjugé favorable auprès du nouveau pilote des Sens. D.J. Smith est un natif de Windsor. Il a aussi été à l’emploi des Spitfires, le club junior de la ville, pendant six saisons avant que Brown ne joigne lui-même l’organisation en 2014. Les bases de leur relation ont été jetées à cette époque et chacun espère pouvoir la relancer sur de bonnes assises cet automne.

 

« Il m’a dit qu’il me voyait jouer depuis que j’ai 16 ans, qu’il me connaît bien et qu’il sait ce que je peux apporter à une équipe. Il m’a simplement dit d’arriver ici prêt à faire ma marque. C’est pour ça que je suis ici, pour ouvrir des yeux. »

 

Des éloges en début de camp

 

Troy Mann est probablement celui qui voit le plus clair lorsqu’il est question de Logan Brown. L’entraîneur-chef des Senators de Belleville a dirigé l’attaquant de 21 ans pendant les 56 parties qu’a duré sa saison recrue dans la Ligue américaine l’an dernier. À ses yeux, les résultats issus de cette expérience formatrice le placent aujourd’hui aux portes de la Ligue nationale.

 

« Je crois qu’il est très près du but. L’année dernière, il y a de grandes  portions du calendrier où Batherson était clairement notre meilleur joueur. Mais je dois aussi dire qu’il y a certaines semaines où Logan Brown et Nick Paul étaient le moteur de cette équipe. Je crois qu’il a réalisé d’énormes progrès », note Mann, précisant que les statistiques de son protégé (14-28-42) auraient été plus impressionnantes s’il n’avait pas manqué six semaines en raison d’une blessure à un genou.

 

Mann avait les 28 invités des Sénateurs à sa charge depuis à peine 48 heures quand il a rencontré les médias vendredi matin, mais déjà, il avait eu le temps d’établir une hiérarchie au sein du groupe. Et Brown y occupait une place fort avantageuse.

 

« Depuis deux jours, [Erik] Brannstrom, Batherson et Brown sont à un autre niveau que tous les autres. En tout cas, c’est ce que moi j’observe depuis ma position d’entraîneur. Il y a quelques gars qui ne sont pas loin derrière, par exemple Formenton et [Max] Veronneau, mais à mes yeux ces trois gars-là sortent du lot. J’ai hâte de voir ce qu’ils pourront faire en fin de semaine. Il y a un tout nouveau staff à impressionner. »

 

« Pour moi, il n’y a pas de doute que je suis plus près que jamais de mon but, dit Brown avec confiance. Les Sénateurs sont en reconstruction et ils ont besoin que les jeunes prennent leur place, qu’ils fassent partie du processus. Je ne vise rien de moins cette année. »​