Entouré de vastes terres agricoles et de multiples puits de pétrole, Jean-François Houle s’acclimate tranquillement aux paysages arides qui décorent maintenant sa vie, mais il s’habitue surtout à ses nouvelles fonctions dans la ECHL.

Le 23 juillet, l’ancien entraîneur-chef de l’Armada de Blainville-Boisbriand n’a pas craint de faire un grand saut – de plus de 4600 kilomètres – pour accepter l’offre des Condors de Bakersfield et déménager en Californie pour prendre les commandes de cette organisation qui est la propriété des Oilers d’Edmonton.

Houle n’aura peut-être plus à se soucier de déneiger sa voiture avant de vaquer à ses tâches d’entraîneur sauf qu’il devra assimiler sans tarder les nombreux chapeaux dont il hérite.

« Tout a déboulé assez rapidement depuis la nomination, je travaille déjà sur le processus de recrutement parce que le travail d’entraîneur dans la ECHL comporte aussi des tâches à ce niveau », a confirmé Houle dans un entretien éclairant avec le RDS.ca.

« Les enfants ont commencé l’école lundi donc tout est arrivé vite. Je vais me familiariser avec les nouveaux règlements parce que c’est un environnement complètement différent du hockey junior; ce sera un bel apprentissage! », a ajouté celui qui est épaulé par les Oilers pour recruter les éléments désirés.

À ce sujet, l’entraîneur québécois de 39 ans n’a pas tardé à puiser dans ses contacts en embauchant Jonathan Narbonne qu’il a dirigé avec l’Armada. Cette entente sera officielle prochainement, mais il ne sera pas le seul visage familier qu’il côtoiera dans le vestiaire du Rabobank Arena.

« On a aussi signé Gabriel Verpaelst qui jouait avec le Drakkar de Baie-Comeau et on pourrait mettre la main sur d’autres Québécois », a-t-il confié.

Jean-François Houle et Éric VeilleuxDepuis son ascension au poste d’entraîneur-chef dans la LHJMQ avec les MAINEiacs de Lewiston durant la saison 2009-2010, Houle a su retenir l’attention – de façon positive - pour le boulot qu’il a accompli. Ainsi, il aurait pu choisir de parfaire ses connaissances dans la LHJMQ en attendant une offre de la Ligue américaine de hockey ou même de la LNH comme certains de ses homologues (notamment Patrick Roy, André Tourigny, Mario Duhamel et Éric Veilleux), mais il a préféré choisir une autre voie.

« Tous les chemins mènent à Rome et je n’ai pas peur des nouveaux défis donc j’ai décidé de sauter sur l’occasion », a d’abord répondu Houle avec ouverture d’esprit.

« J’aurais pu attendre pendant deux ans, mais aussi durant huit ou même dix ans. J’aime continuer à apprendre et les instructeurs peuvent effectuer des choix différents pour arriver à leur destination. J’ai décidé d’opter pour celui-ci en demeurant entraîneur-chef alors que d’autres préfèrent un saut dans la LAH comme adjoint », a-t-il poursuivi en faisant allusion au poste dont Veilleux (photo) a hérité avec les Admirals de Norfolk.

En allant s’établir à moins de deux heures au nord-ouest de Los Angeles, Houle baignera dans un environnement professionnel, ce qu’il avait hâte d’apprivoiser comme dirigeant. 

« C’est un bel apprentissage de pouvoir être entraîneur dans différentes ligues. J’ai été adjoint dans la NCAA (à l’Université Clarkson) pendant sept ans avant mon passage dans le junior. Je voulais me donner l’occasion d’apprendre du côté professionnel où je vais diriger des joueurs plus vieux de 24, 25 ans et même 28 ou 29 ans ce qui s’avère très différent des jeunes de 16 ans », a relevé celui qui a disputé plus de 200 matchs comme joueur dans la ECHL.

« Ça représente aussi une belle occasion de découvrir la réalité d’un plafond salarial. J’apprends à jouer avec les chiffres et procéder à des transactions pour respecter cette limite », a-t-il continué.

Une relation privilégiée avec les Oilers

En plus de cette transition enrichissante, Houle vient d’entrer dans la famille des Oilers d’Edmonton : un atout considérable pour gravir les prochains échelons.

« Dans le hockey, c’est important de connaître des gens partout et je n’avais jamais été entraîneur dans l’Ouest. Je ne connaissais pas les gens des Oilers et je suis maintenant familier avec eux », a convenu Houle dont l’intérêt était réciproque quand l’organisation albertaine s’est manifestée.

Fait particulier, les Condors sont l’unique équipe de la ECHL qui appartient à une organisation de la LNH et ce lien ravit Houle. C’est ainsi qu’il a déjà passé beaucoup d’heures en compagnie de Kelly Buchberger, le directeur du personnel des joueurs des Oilers et leur ancien capitaine, qui a vanté le Québécois pour son leadership et sa capacité à développer les jeunes hockeyeurs.

« C’est super, il faisait partie du processus d’embauche et il a beaucoup d’expérience comme adjoint dans la LNH. On a soupé quelques fois ensemble et nous avons beaucoup jasé du travail à exécuter comme entraîneur », a exprimé celui qui n’aurait jamais quitté le Québec sans sa femme et ses enfants.

« La famille, c’est beaucoup trop important, elle doit me suivre où je vais. Ma femme et mes enfants m’accompagnent dans cette aventure. »

Pas une façon de s’éloigner de Joël Bouchard

Ce n’est pas un secret pour personne, Joël Bouchard déplace beaucoup d’air. D’ailleurs, certains observateurs pourraient croire que Houle a quitté le bateau de l’Armada pour laisser la voie libre à celui qui enfile plusieurs chapeaux au sein de l’organisation, mais Houle a démenti cette hypothèse.

« Non, ce fut un bon mariage entre nous deux. De l’extérieur, les gens remarquent que Joël prend beaucoup de place, mais nous sommes devenus de bons amis et nous avions une bonne relation de travail. J’ai adoré travailler avec lui et nous prenions les décisions ensemble. Je ne pouvais pas demander mieux en tant que jeune entraîneur dans la LHJMQ », a-t-il assuré. Jean-François Houle

Une fois de plus, l’Armada formera une équipe peu expérimentée, mais Houle ne s’est pas expatrié aux États-Unis par manque de désir de naviguer aux commandes d’un autre virage jeunesse.

« La jeunesse ne me faisait pas peur parce que j’étais habitué à cela et on a su prouver à tout le monde que nous pouvions gagner quand même. En plus, ce sont de bons jeunes et Joël saura continuer son travail pour les encadrer. Je suis persuadé qu’ils vont encore surprendre bien des gens cette année », a-t-il tranché.

Houle se montre aussi confiant à propos de sa nouvelle bande qui avait été éliminée au troisième tour éliminatoire la saison dernière. Le camp d’entraînement de son club se mettra en branle après une rencontre avec tous les entraîneurs de l’organisation des Oilers, le camp des recrues de l’équipe et celui dans la Ligue américaine. Même s’il dispose de quelques semaines pour établir son plan, Houle sait déjà comment il motivera ses troupes.

« Il y a les histoires inspirantes de (David) Desharnais, (Alex) Burrows et compagnie. Ce n’est pas toujours facile un parcours au hockey et, dans la ECHL, les joueurs ont souvent besoin d’une motivation car ils ont été parfois rétrogradés ou ils n’ont pas eu la chance qu’ils pensaient obtenir. Ils peuvent aussi devoir ajouter un petit quelque chose dans leur répertoire pour monter au prochain niveau et on va essayer de les aider à acquérir cela », a fait valoir Houle qui compare son nouveau domicile de 8000 sièges à l’aréna des Mooseheads de Halifax.

Preuve que le père d’une fille et d’un garçon se retrouve dans un milieu différent du Québec, les Condors sont parvenus à attirer plusieurs amateurs à la présentation de l’entraîneur en leur offrant des hot-dogs et des boissons.

« C’est une ligue qui fait beaucoup de promotions pour inciter les gens à venir aux matchs et notre équipe a gagné le prix quelques années de suite pour les meilleures initiatives. C’est tout de même une ville dans laquelle le hockey est assez important », a conclu Houle avec le sourire dans la voix.