Mon bilan de mi-saison du Canadien est négatif. Tout le monde est déçu en partant de la haute direction jusqu'aux partisans de l'équipe. À l'entraînement, on parlait de la meilleure formation depuis 1993, la dernière année où l'équipe a remporté la coupe Stanley. Force est d'admettre qu'on est loin de là et que le club risque l'exclusion des séries éliminatoires.

La blessure à Andrei Markov est peut-être la clé de ce bilan décevant. Markov a été incapable à remplacer. Ce ne sont pas Chris Campoli et Tomas Kaberle qui l'ont remplacé. Dans ce dossier, seule la direction peut dire si elle connaissait la vraie durée de l'absence de Markov, mais ce que je sais aujourd'hui, c'est qu'on ne parle pas encore d'un retour pour les prochains jours.

J'aurais été déçu d'entendre Pierre Gauthier déclarer qu'il était vendeur, mais il est vrai que la prochaine séquence au cours de laquelle le Canadien disputera onze de ses 15 prochains matchs à la maison sera cruciale pour la suite des choses. La mauvaise nouvelle est que le Canadien joue plus mal au Centre Bell que sur la route. Ce n'est rien de rassurant pour personne et l'équipe se doit d'envisager les options d'être vendeur ou acheteur d'ici la date limite des transactions dans la LNH. Gauthier ne peut pas dire ce matin qu'il est vendeur, mais en même temps il ne peut pas dire qu'il est acheteur. Il souhaite que sa formation s'en sorte, mais ça ne regarde pas bien.

On a beau nous raconter n'importe quoi, mais au moment d'écrire ces lignes le Canadien n'est pas des formations qui participeraient aux séries si la saison prenait fin aujourd'hui. Lors de son récent séjour sur la route, l'équipe de Randy Cunneyworth n'a gagné qu'une seule fois en six parties et si ça n'avait pas été de la générosité du gardien des Sénateurs d'Ottawa Craig Anderson, le Canadien aurait pu rentrer à la maison bredouille.

Le patron table sur certaines valeurs pour essayer de conserver un peu d'optimisme. Gauthier peut penser au trio de David Desharnais, Max Pacioretty et d'Erik Cole qui a bien fait quoique le numéro 67 a ralenti depuis quelques matchs. À part dire qu'Alexei Emelin et Raphael Diaz, deux défenseurs qui ont soulevé des doutes lors du camp d'entraînement, sont en progression, il n'y a pas grand-chose à ajouter. Carey Price a été bon et il n'a rien à se reprocher alors que les déceptions sont nombreuses. On peut penser à P.K. Subban, Tomas Plekanec, Michael Cammalleri, Brian Gionta et Scott Gomez. Ce sont beaucoup trop de déceptions par rapport aux quelques agréables surprises.

Je ne suis pas de ceux qui ont lancé la serviette pour le reste de la saison du Canadien, mais je sais que ce sera très difficile de mériter une place dans les séries.

Malheureusement, il semble y avoir trop de joueurs à côté du train comme Cammalleri, Plekanec, Gomez, Gionta et Markov malgré sa blessure. Il faudra en exiger beaucoup des jeunes pour tirer cette formation, mais c'est beaucoup leur demander.

Concept d'équipe

Pierre Gauthier a déploré que le concept d'équipe ne semblait pas présent chez le Canadien cette saison. De mon côté, j'ai toujours pensé que le concept d'équipe partait du capitaine. Le capitaine est l'union entre les joueurs et la direction de l'équipe. Si le capitaine est absent ou qu'il ne fait pas son travail, il n'y aura pas de concept d'équipe. Je crois encore que le capitaine est la clé de la chimie dans une formation.

On ne peut pas encore faire une croix sur le concept d'équipe, car c'est quelque chose qui se travaille et qui peut s'améliorer. Si tu entres dans un vestiaire où règne une ambiance positive, tu vas en ressortir positivement. À l'heure actuelle, il y a trop de joueurs qui pensent individuellement plutôt qu'en équipe, ce qui fait que le Canadien se cherche.

Pour secouer ce vestiaire, je pense qu'il faudrait une transaction majeure, ce qui veut dire que ça doit impliquer des joueurs d'impact.

Lundi matin à l'entraînement, P.K. Subban et Tomas Plekanec ont échangé quelques coups. Personnellement, ça ne me dérange pas ce type de geste surtout quand l'entraîneur exige de l'intensité et des contacts. Chaque fois qu'il se passe des petits incidents du genre, nous les journalistes, on en a fait toute une histoire. Les médias veulent voir du caractère et toutes les fois où il se produit quelque chose, on critique les joueurs.

Ce qui est arrivé entre Plekanec et Subban fait partie du quotidien d'une équipe de hockey. J'ai vécu toute ma vie dans un vestiaire et j'ai vu ce type d'incident très souvent. Il s'est passé tellement peu de choses qu'on ne devrait pas s'en faire. Je le répète, quand l'entraîneur demande de l'émotion et de l'intensité, c'est normal que ce genre de situation se produise. Quand un joueur plein d'émotion comme Subban est impliqué, on se met à le critiquer. À mes yeux, tout est correct.

D'autres jeunes joueurs avant Subban avaient démontré de l'émotion et de la passion. Qu'on pense notamment à Chris Chelios et Shayne Corson, deux joueurs de caractère qui ont quitté le Canadien et gagné ailleurs. Il faut que des gars comme Subban soient bien entourés. P.K. est encore en développement et il faut cesser de lui lancer la pierre si on veut qu'il se développe. Si on ne le laisse pas respirer à Montréal, il va aller respirer ailleurs.

Le nom de Subban est mentionné souvent, mais à mes yeux il est le seul qui démontre de la passion et de l'émotion. Moi, je ne veux pas qu'il mette ces deux aspects de côté et il peut compter sur mon appui pourvu qu'il reste dans les limites de ses capacités et qu'il ne cherche pas à aller trop loin.

Le contrat de Gorges

Josh Gorges est un arrière que le Canadien se devait de garder. Il est stable et il est un bon quatrième défenseur à mes yeux. Quant au nouveau contrat, on trouve toujours qu'il est trop long et trop cher, mais c'est la loi du marché et le Tricolore ne pouvait pas se permettre de perdre Gorges à la fin de la campagne. Il aurait obtenu les mêmes conditions ailleurs, alors le Canadien n'avait pas le choix.

Gorges n'est pas un joueur à problème. Il apporte plutôt du leadership et de la passion. Il répond présent lors de tous les matchs. Il est un guerrier et il fallait le garder.

On ne peut pas s'empêcher de faire un parallèle avec le dossier Markov. Si la direction pensait que le numéro 79 allait être de retour à la fin octobre, c'était une bonne décision de le remettre sous contrat, mais si l'arrière ne joue pas de la saison, il y aura un gros point d'interrogation au-dessus de la tête de celui qui a pris la décision de signer ce contrat.

Dommage pour Cunneyworth

La situation dans laquelle se retrouve Randy Cunneyworth est malheureuse. Il a l'air d'un type bien. J'ai vu son entraînement lundi et c'était un très bon entraînement. Le premier critère à prendre en considération pour diriger dans la LNH est la compétence avant la langue, mais on est à Montréal.

Malgré toutes ses qualités, le pilote du Canadien doit être bilingue. Impossible de diriger le Canadien tout en étant unilingue. C'est la même chose à Toronto où on n'accepterait pas un entraîneur qui ne parle que le français par exemple. Même s'il n'est pas totalement bilingue, l'entraîneur se doit de parler le français à Montréal.

*propos recueillis par Robert Latendresse