Quelques jours après la signature de mon contrat avec les Flyers de Philadelphie, je suis encore ému et excité par le défi qui m'attend.

Quelques équipes se sont montrées intéressées par mes services à l'ouverture du marché des joueurs autonomes, le premier juillet dernier. J'ai opté pour les Flyers parce que c'est une équipe solide, que je crois en mesure de gagner. Quand tu pars d'une organisation comme les Penguins, tu essaies de trouver un autre endroit où tu sais qu'on prendra aussi bien soin de toi.

Par la force des choses, je connais bien l'organisation des Flyers tellement nous avons disputé de parties contre cette équipe. Il y a une très grande rivalité entre les deux équipes et je suis persuadé que mon départ pour Philadelphie n'a pas fait l'affaire de tous les partisans des Penguins. Mais en toute honnêteté, je pense que c'est Jaromir Jagr qui a été le plus critiqué dans les journaux de Pittsburgh parce qu'il ne s'est pas joint aux Penguins.

Nous avons discuté avec quatre ou cinq équipes et les choses se sont déroulées très rapidement. Des formations nous ont aussi dit qu'elles rappelleraient plus tard. Nous, on voulait que ça se fasse vite. Pour ceux que ça intéresse, le Canadien n'a pas contacté mon agent.

Je reçois beaucoup de messages des partisans des Penguins sur mon site internet et la réaction à l'annonce de mon départ est partagée. La moitié des gens comprennent la décision et ils m'appuient. Certains me disent que je serai le seul joueur des Flyers qu'ils vont encourager. Il y a d'autres partisans qui sont tristes parce que je vais poursuivre ma carrière dans l'uniforme de l'ennemi de la Pennsylvanie. Mais, je comprends leur réaction compte tenu de la rivalité qui existe entre les deux clubs.

Quand je suis devenu joueur autonome, une de mes priorités était de joindre une organisation solide. J'aurais pu obtenir de meilleures conditions ailleurs, mais j'estimais que c'est à Philadelphie que j'avais le plus de chance de gagner. Le deuxième aspect en importance était la longueur du contrat. Avec mon agent, on voulait un contrat d'un minimum de quatre saisons. Finalement, j'ai conclu une entente de cinq ans et j'en suis très heureux. Ça me donnera le temps nécessaire pour m'établir et démontrer mon leadership.

J'ai su environ deux jours avant la tenue du repêchage que mon association avec les Penguins était sur le point de se terminer. Dans le fond, c'est au moment où ils m'ont envoyé un courriel pour me faire part de leur offre dite finale que j'ai compris que c'était terminé. La proposition n'avait pas beaucoup de sens à nos yeux et je peux vous dire qu'elle était loin de ce que les Flyers m'ont finalement donné. C'est à partir de ce moment que j'ai su que mon avenir passerait par une autre équipe. Je me souviens d'être allé au lit en soirée en m'imaginant porter un autre uniforme. Compte tenu de tous les superbes moments que j'ai vécus dans l'uniforme des Penguins, je trouvais ça difficile. J'ai passé six saisons dans l'uniforme des Penguins, j'ai donné mon coeur à cette équipe et c'est avec elle que j'ai gagné la coupe Stanley. Quand je fais le bilan de mes six années à Pittsburgh, je ne vois que des points positifs.

On va voir quelle sera la réaction des partisans des Penguins lors de la première visite des Flyers à Pittsburgh le 29 décembre. Je ne sais pas comment je serai accueilli, mais il n'y a personne qui peut enlever toute l'énergie que j'ai donnée et tout ce que nous avons réalisé comme équipe. Me retrouver du côté adverse à Pittsburgh, ce sera étrange. Et de jouer contre mes anciens coéquipiers aussi, mais il arrivera ce qui arrivera. Je n'ai pas l'intention de m'en faire avec cet aspect en juillet.

J'ai parlé à presque tous mes anciens coéquipiers et aux membres du personnel depuis la signature de mon contrat. Il n'y en a pas un qui m'a taquiné parce que je poursuivrai ma carrière avec les Flyers parce qu'ils comprennent tous la situation. Moi, je voulais joindre une bonne organisation et ça arrive simplement que ce sont les Flyers.

J'ai discuté avec Daniel Brière et Ian Laperrière depuis que je suis sous contrat avec les Flyers. J'ai également discuté avec Claude Giroux, qui a été capitaine avec les Olympiques de Gatineau tout comme moi. Chris Pronger m'a téléphoné aussi. C'est un joueur que je ne connaissais pas. J'ai aussi discuté avec Sean Couturier pour lui souhaiter la bienvenue dans l'organisation même si ironiquement, je n'ai pas encore endossé mon nouvel uniforme.

Je peux dire que les Penguins et les Flyers sont des organisations de grande classe, avec des propriétaires et une équipe de direction solides. Les deux équipes savent pendre soin de leurs joueurs et elles prennent tous les moyens pour gagner. Savoir que tu es entre bonnes mains quand tu changes d'organisation et que cette équipe ne lésinera pas sur les moyens pour gagner, c'est important pour les joueurs.

Mon rôle

Je pense que les Flyers me voient un peu comme un Ian Laperrière. Philadelphie aimait mon expérience et mon leadership. C'est important pour eux d'aller chercher un leader, surtout avec le nombre de nouveaux visages qu'il y aura dans l'équipe cet automne. À 27 ans, ce sera à moi à démontrer mon expérience, ma fougue et mon intensité. Je vais jouer le même rôle que je jouais à Pittsburgh.

La saison estivale va bon train et je suis de retour à l'entraînement, qui se déroule très bien. Je suis en pleine forme. Je vais me rendre à Philadelphie plutôt en août pour patiner avec les gars. Je vais devoir aussi faire des démarches pour vendre ma maison de Pittsburgh et me trouver un endroit où habiter dans ma nouvelle ville.


*propos recueillis par Robert Latendresse