MONTRÉAL – Pour une troisième saison d’affilée, Maxime Fortunus a choisi de poursuivre sa carrière en Allemagne pendant que sa femme et ses trois enfants demeurent au Québec. Un sacrifice qui n’a rien de facile, mais qui pourrait l’aider dans la carrière d’entraîneur qu’il reluque. 

Grand amoureux du hockey, Fortunus a complété son parcours junior en 2003-2004. Par la suite, il a entamé sa carrière professionnelle et il s’est arrêté à Houston, en Louisiane, à Winnipeg, à Dallas, en Iowa et au Massachusetts. 

Père depuis 13 ans, il a vécu ce parcours sans se séparer de sa famille. Au moment de quitter la Ligue américaine de hockey pour le continent européen auprès des Pingouins de Fischtown, en Allemagne, un choix déchirant a surgi. 

« Ce fut de gros questionnements au début, surtout pour mon plus vieux. On s’était toujours dit que, peu importe la ville où on irait, on serait toujours ensemble », a exposé le père d’un garçon de 13 ans, d’une fille de 8 ans et d’un fils de 6 ans. 

« On regardait les écoles et il n’y avait pas vraiment de volet international à proximité. En plus, on venait juste de revenir au Québec. On a été aux États-Unis pendant plusieurs années et les enfants sont allés à l’école là-bas. Mais, en revenant au Québec, ils ont rapidement aimé ça. On a un peu donné le choix aux enfants parce que, pour moi, ça passe par eux.  Voulez-vous aller à l’école allemande? C’était moins une avenue pour eux », a décrit Fortunus, un athlète fort sympathique et volubile.  

« C’est difficile, je ne te le cacherai pas. Mais je me considère quand même chanceux de pouvoir travailler et disons que ma femme est assez occupée à la maison », a-t-il ajouté en conversation avec le RDS.ca. 

À 37 ans, Fortunus se pose plus de questions quant à son avenir. On sent qu’il serait prêt à plonger vers le métier d’entraîneur si une porte s’ouvrait pour lui. 

« Trois ans en Europe sans ma famille, ça commence à être long aussi. Les enfants, ça grandit vite, on le sait. On verra ce qui se présentera dans le coaching ou pour des écoles de hockey. J’ai pensé à des projets spécifiques pour les défenseurs pour pouvoir partager mon vécu », a expliqué Fortunus qui a disputé neuf matchs dans la LNH et plus de 1000 parties professionnelles. 

Heureusement, la réalité du hockey européen accorde une plus grande latitude pour la famille. Ainsi, à sa première année en Allemagne, sa femme et ses enfants sont venus habiter avec lui pendant plus de deux mois. Le calendrier lui permet également de retourner au Québec une à deux fois pendant la saison. C’était sans compter sur la pandémie toutefois...

« Cette année, c’est un peu plus long. Je suis parti en septembre, le début de la saison a été repoussée (en décembre) et on essaie encore de voir les possibilités avec les frontières fermées », a-t-il convenu. 

Une chance que ce contexte ne s’est pas présenté à sa première saison en Allemagne. 

Maxime Fortunus avec les Pingouins de Fischtown« C’est sûr que c’était un gros changement, les deux premiers mois ont été assez difficiles. L’aspect société, c’est complètement différent. La vision des gens n’est pas la même du tout. Pour moi, ce fut un gros choc et c’était aussi la première fois que je venais en Europe. Je me lançais un peu dans le vide et je me suis habitué petit à petit », a reconnu Fortunus. 

Un bel exemple pour ses enfants

Cette adaptation a été réussie notamment parce qu’il évolue avec une organisation accueillante. Une collaboration s’est installée avec les entraîneurs Thomas Popiesch et Martin Jiranek (né au Canada). 

« J’ai une bonne relation avec les entraîneurs et ils me demandent beaucoup de conseils pour savoir comment je vois les choses. J’essaie de leur poser plusieurs questions, je veux savoir comment ils voient le jeu, comment ils se préparent, comment ils gèrent le vestiaire. Ça me donne des informations sur des approches différentes et je pourrai m’inspirer de tout ça », a cerné Fortunus qui se considère tout de même comme un joueur au style nord-américain.   

Son bagage est vaste, personne ne pourrait dire le contraire. Cependant, il sait que ça ne lui garantit pas une place derrière un banc. 

« Le coaching, c’est tellement une question d’opportunités, les postes doivent s’ouvrir et tu dois connaître des gens aussi. Mais le hockey m’a donné beaucoup, j’ai fait ça toute ma vie et j’aime redonner », a noté Fortunus dont la passion se ressent aisément à l'image de son cousin Patrice Bernier. 

Il a déjà commencé à le faire auprès de son fils de 13 ans et cette expérience devait être plus que spéciale après avoir manqué de précieux moments à ses côtés. 

Maxime Fortunus« J’ai eu la chance de coacher mon plus vieux durant les tournois en été. Je ne suis pas avec mes enfants pendant la saison, mais, au moins, je peux aller sur la glace avec lui », a raconté le patineur originaire de La Prairie. 

Il est trop tôt pour prédire quand il effectuera ses débuts à temps plein comme entraîneur. D’ici là, il s’assure d’exercer une influence positive avec sa troupe allemande. Pour le premier match de MagentaSport Cup, un tournoi avec huit des quatorze équipes du circuit allemand qui sert de test en vue de la saison régulière, il a posé un geste qui a été très bien reçu. 

« J’y pensais et je sais que le mouvement Black Lives Matter n’est pas aussi gros en Allemagne qu’en Amérique du Nord, mais j’avais ça en tête. Il fallait que je le fasse pour démontrer du support à la cause et exposer que ça se passe partout dans le monde. Le matin, je suis allé voir les dirigeants, l’entraîneur et les joueurs pour dire que j’avais l’intention de mettre un genou au sol. Les gars étaient vraiment excités de pouvoir me soutenir dans ça et c’était génial d’avoir le support de mon équipe », a témoigné Fortunus dont l'équipe a remporté ses trois premiers matchs dans cette compétition.   

« Ce n’était pas une grosse surprise parce que nos dirigeants ont vraiment de très belles valeurs, c’est la chose qu’ils recherchent en premier chez leurs joueurs. Il y a des dirigeants qui pensent aux points avant sans évaluer l’attitude. Je le dis souvent aux dirigeants, il faut regarder comment les gars se comportent avec leurs coéquipiers, la société et leur famille », a conclu Fortunus qui donne ainsi un bel exemple à ses enfants même si ça se passe à des milliers de kilomètres.