Le piètre rendement du Canadien devant ses partisans a finalement eu raison de Jacques Martin. Les instructeurs sont toujours condamnés à gagner. C'est malheureux, car en voilà un autre qui paye la note pour les insuccès de ses joueurs.

On connaissait les difficultés du Canadien à demeurer constant depuis le début de la saison, surtout à la maison. La fiche de l'équipe au Centre Bell (cinq victoires en 17 matchs avant l'affrontement face aux Devils, samedi) est l'une des principales raisons de ce changement. Normalement, une équipe qui connaît du succès à domicile se doit de gagner environ sept matchs sur dix. Cette saison, ce n'est vraiment pas le cas.

C'est toujours plus facile vue de l'extérieur de dire que j'aurais fait les choses différemment. Je préfère dire qu'il ne faut pas oublier que le Canadien n'a pas été épargné par les blessures. On ne peut pas se permettre de perdre un joueur comme Andrei Markov, de ne pas le remplacer pendant une longue période de temps et de croire que le succès viendra quand même. Jacques Martin devait composer avec les munitions dont il disposait. Son équipe n'était plus prête à faire feu, principalement en raison d'un avantage numérique qui tire de la patte depuis belle lurette.

Évidemment, à force de manquer des joueurs, on en surtaxe beaucoup d'autres. Certains doivent combler des trous en évoluant à une position qui n'est pas naturelle pour eux. Et quand ça dure trop longtemps, ça finit par faire mal. Le directeur général veut gagner. Le propriétaire aussi, surtout que ce dernier veut faire des profits. On te force la main de temps en temps. Et finalement, on te met à la porte.

Peu importe que l'on connaisse bien ou non la personne qui nous congédie, c'est toujours difficile d'apprendre une telle nouvelle. Lorsqu'il s'agit de la fin d'une relation à long terme, ce n'est jamais facile non plus pour la personne qui annonce le congédiement. Je ne peux pas dire quelle sera la relation future entre Jacques Martin et Pierre Gauthier. De mon côté, celle que j'entretiens avec Bob Gainey est aujourd'hui extrêmement difficile en raison des circonstances qui ont mené à mon congédiement.

Maintenant que Pierre Gauthier et la direction du Canadien ont tourné la page, les joueurs devront en faire autant sur la patinoire. Lorsqu'on remplace un instructeur, on espère toujours assister à un regain de vie immédiat de l'équipe. Certains joueurs se sentent mal d'avoir coûté le poste à leur entraîneur. D'autres se disent qu'ils auront enfin la chance d'obtenir un peu plus de temps de glace. Ils veulent aussitôt montrer au successeur qu'ils méritent de jouer davantage. Cette combinaison de facteurs fait en sorte que l'émotion sera un peu plus haute et l'effort sera mieux soutenu lors des prochains matchs. Reste à voir si les joueurs auront le coeur à l'ouvrage pour maintenir la cadence.

Propos recueillis par Thierry Bourdeau