Les nouvelles se font de plus en plus alarmantes en lien avec la propagation du virulent coronavirus (COVID-19). D’abord une affaire purement chinoise, voilà que le risque de pandémie mondiale est hautement probable selon les responsables de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

 

La Corée du Sud, l’Iran et l’Italie, entre autres, sont des pays durement touchés par ce virus pour lequel il n’existe pas de vaccins connus. Et je ne vous parle pas du Japon qui peine à résoudre l’épidémie qui a éclaté sur un bateau de croisière mis en quarantaine dans un de ses ports et sur lequel se trouvaient plusieurs Canadiens.

 

L’avocat montréalais Richard Pound, membre éminent du Comité international olympique (CIO) depuis 1976, a jeté un pavé dans la marre olympique mardi en déclarant à un journaliste de l’agence Associated Press que le Japon, qui accueillera les Jeux olympiques en juillet prochain, devra prendre une décision avant la fin du mois de mai sur l’annulation pure et simple des compétitions de Tokyo. Même si le gouvernement japonais a refusé de confirmer les propos de monsieur Pound, ce dernier a raison selon moi.

 

Plusieurs se demandent s’il est nécessaire d’en venir là. Pourquoi ne pas simplement reporter les Jeux à l’année prochaine comme on vient de le faire avec les Championnats du monde d’athlétisme en salle de Nankin,  en Chine. Après tout, le Japon a investi plus de 20 milliards de dollars américains pour ériger les nombreuses infrastructures servant à accueillir les 12 000 athlètes du monde entier, les dizaines de milliers d’accompagnateurs, les 20 000 journalistes et la centaine de milliers de visiteurs étrangers. Ce serait dommage de tout perdre cela non?

 

Je vais laisser à d’autres experts le soin d’analyser les pertes financières que représenterait l’annulation des Jeux olympiques ou la faisabilité d’un report. Logistiquement, ce serait pénible. Mais sportivement parlant, je peux vous dire que c’est impossible de déplacer le plus gros rassemblement d’athlètes de la planète. Mieux vaut l’annuler et l’annoncer aux athlètes le plus rapidement possible.

 

Ceux qui se qualifient pour les Jeux olympiques sont les meilleurs au monde dans leurs disciplines. Ce sont des machines, qui sont suivies et appuyées par des batteries d’entraîneurs, de nutritionnistes et d’experts qui les conseillent pour les aider à être à leur meilleur à un moment très précis de leur vie. Depuis deux ou trois ans, ces athlètes se préparent pour arriver au sommet de leur forme à Tokyo le 24 juillet prochain.  Rien n’est laissé à l’improviste.

 

Déjà, plusieurs athlètes doivent composer avec l’annulation ou le report de compétitions préolympiques qui devaient leur servir à obtenir le standard de sélection de la part de leurs comités nationaux.  Ces annulations nuisent grandement à leurs préparations.

 

Il serait donc absolument inconcevable, même si cela est hautement improbable, d’annoncer que les Jeux olympiques de Tokyo sont reportés en 2021, le temps de laisser le COVID-19 être jugulé par la médecine.

 

Déplacer les jeux dans une autre ville serait tout aussi problématique. On n’improvise pas une compétition d’une telle envergure. Ce sont des années de préparations. Oubliez cela.

 

Oubliez également l’idée d’interdire la participation des athlètes originaires de pays où des cas de coronavirus ont été détectés. Ce serait absolument antisportif. Quel serait le mérite d’un médaillé d’or sachant qu’on a interdit la participation à son principal rival?

 

Au regard des différents éléments cités,  et à moins d’une régression spectaculaire de la propagation du virus, il m’apparaît de plus en plus probable que le Japon et le CIO n’auront d’autres choix que d’annoncer l’annulation  des Jeux olympiques de Tokyo 2020. Ce ne sera pas une première. Les Jeux ne se sont pas tenus en 1916, 1940 et 1944 en raison de la guerre.

 

Dans le cas du coronavirus, existe-t-il un pire scénario de propagation qu’un immense rassemblement olympique ou des dizaines de milliers de personnes de partout sur la planète se réunissent pendant deux semaines dans une même ville asiatique avant de se disperser et d’essaimer ailleurs dans le monde?  Probablement pas!

 

Ça ne retient pas encore pleinement l’attention, mais de nombreuses compétitions ont déjà été annulées en Asie et en Europe. Cela ira certainement en augmentant  au cours des prochaines semaines. Il y a fort à parier que les Jeux de Tokyo le soient aussi.

 

Pour le bien des athlètes, pour le bien de tous.